Troubles cognitifs et démence: 5 conseils pour gérer les enjeux médicamenteux

1. Dressez la liste complète de tous les médicaments en vente libre et d'ordonnance pris par la personne âgéeL'établissement d'une liste complète et précise des médicaments et des schémas posologiques est une première étape importante dans la détermination des problèmes potentiels liés à la médication chez les aînés souffrant (ou risquant de souffrir) de troubles cognitifs légers et de démence. Ces personnes peuvent être en mesure de donner le nom de leurs différents traitements, leurs doses et les raisons de leur utilisation. Il est toutefois impératif d'impliquer un prestataire de soins qui connaît bien l'usage des médicaments de son bénéficiaire lorsqu'on effectue une revue de la médication15. Les personnes âgées considèrent souvent les médicaments en vente libre comme sûrs et peuvent se contenter de donner des informations uniquement sur les médicaments qui leur ont été prescrits16. Il est donc nécessaire de poser des questions détaillées sur les médicaments en vente libre qu’elles prennent, car certains peuvent avoir des effets néfastes sur la cognition - les médicaments anticholinergiques, par exemple - ou les paramètres physiologiques - risque de saignement, hypertension ou aggravation de la fonction rénale avec les anti-inflammatoires non stéroïdiens.2. Déterminez si la personne âgée a la capacité de gérer elle-même son schéma thérapeutique et évaluer l'impact sur l'observance du traitement Les personnes âgées ayant des limitations physiques et sensorielles (une diminution de la force physique ou une déficience visuelle, par exemple) peuvent éprouver des difficultés à ouvrir les pots de pilules ou à lire les étiquettes, ce qui a un impact sur l'observance à leur traitement. En outre, l'oubli est souvent invoqué pour expliquer la non-adhésion aux traitements17. Chez les personnes atteintes de déficience cognitive légère ou de démence, cet oubli peut entraîner non seulement une diminution de l'adhésion, mais aussi une sur-adhésion, car la perte de mémoire à court terme affecte leur capacité à se rappeler qu'elles ont déjà pris leurs médicaments14,17. En outre, la perte de la fonction exécutive nuit à la capacité de séquencer, d'organiser et de planifier les étapes nécessaires à l'administration des médicaments, qu'ils soient pris par voie orale, inhalés, injectés ou appliqués par voie topique14,17. La perte de mémoire à court terme et le déclin de la fonction exécutive nuisent aux capacités fonctionnelles de l'individu à gérer lui-même ses médicaments et peuvent être considérés comme un facteur de diagnostic de la démence. Lors d'un bilan de médication, des outils tels que Domain Specific Limitation in Medication Management Capacity peuvent aider à évaluer la capacité d'une personne âgée à gérer ses médicaments18.3. Examinez la liste complète des médicaments pour y déceler tout produit potentiellement inapproprié susceptible de causer ou de contribuer à des effets cognitifs induitsLa recherche a montré que 46,8% des personnes atteintes de démence peuvent être exposées à des médicaments potentiellement inappropriés, notamment les antidépresseurs et les antihistaminiques anticholinergiques, les benzodiazépines, les relaxants musculaires, les antispasmodiques et les anticonvulsivants, entre autres19. En dehors des médicaments psychotropes, les médicaments cardiovasculaires et les anti-inflammatoires non stéroïdiens ont également un impact sur la cognition. Les effets indésirables de certains médicaments de ces classes pharmacologiques peuvent se manifester sous la forme de symptômes cérébraux, ce qui conduit à un diagnostic erroné de troubles cognitifs légers. Chez d'autres personnes souffrant de troubles cognitifs sous-jacents, ces médicaments peuvent aggraver les symptômes cognitifs. Plusieurs ressources, telles que RxFiles20, répertorient les médicaments spécifiques susceptibles d'affecter la cognition. En outre, des calculateurs en ligne, comme ACB21, sont utiles pour déterminer la charge anticholinergique et le risque pour la cognition.À lire aussi: Maladies cardiométaboliques: la médication associée à une moins bonne alimentation4. Déterminez si les facteurs de risque vasculaire sont correctement traitésL'hypertension, l'hyperlipidémie, le diabète et les maladies cardiovasculaires (les cardiopathies ischémiques et les accidents vasculaires cérébraux, par exemple) contribuent de manière significative aux troubles cognitifs et à la démence7. Un contrôle adéquat de ces facteurs de risque peut réduire le risque d'événements cardiovasculaires, tels que l'infarctus du myocarde et l'accident vasculaire cérébral, et retarder la progression des troubles cognitifs légers vers la démence7. Cependant, des événements hypoglycémiques fréquents et une pression artérielle systolique basse pendant la journée peuvent accélérer la progression de la démence22,23. Il faut donc être conscient des objectifs plus souples recommandés pour l'hémoglobine glyquée (A1C) chez les personnes atteintes de démence (7,1%-8,5%), tandis que les objectifs de pression artérielle systolique ont été ramenés à moins de 140-150 mmHg24, 25, 26.5. Évaluez la sécurité des inhibiteurs de la cholinestéraseLes inhibiteurs de la cholinestérase (donépézil, galantamine, rivastigmine) et la mémantine peuvent être utilisés pour le traitement de certains types de démence. Toutefois, ils sont soit contre-indiqués, soit à utiliser avec prudence chez les personnes souffrant du syndrome du sinus malade, du bloc de branche gauche ou de bradycardie27. En outre, les patients prenant ces médicaments doivent être surveillés en cas de syncope, de chute, de diminution de la fréquence cardiaque, de diminution de l'appétit et de perte de poids, d'augmentation de la fréquence urinaire et de l'incontinence, de la diarrhée et de la rhinorrhée. La bradycardie peut être particulièrement prononcée lorsque les inhibiteurs de la cholinestérase sont utilisés en même temps que des bêtabloquants. Parmi les autres interactions médicamenteuses importantes des inhibiteurs de la cholinestérase, on peut citer l'utilisation concomitante de médicaments anticholinergiques, qui neutralisent directement l'efficacité des agents cholinergiques.En résuméLes pharmaciens sont particulièrement bien placés pour effectuer des bilans de médication chez les personnes atteintes de troubles cognitifs ou de démence. Les cinq conseils donnés dans cet article peuvent faciliter les bilans de médication et aider à identifier les problèmes potentiels liés à la médication chez ces patients.

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