Prévention de la démence: le rôle de l’alimentation et du liraglutide

Dans le cadre de l’Alzheimer Association international conference, qui se tient du 28 juillet au 1er août à Philadelphie, l’association a dévoilé deux études-clé pour faire avancer la recherche sur la démence. L’une souligne le rôle d’une alimentation saine dans la santé du cerveau, et l’autre concerne le liraglutide, agoniste du GLP-1 bien connu pour ses effets sur le diabète et la perte de poids notamment. Une équipe de chercheurs a en effet suivi plus de 130 000 personnes pendant jusqu’à 43 ans afin d’évaluer le lien entre la viande rouge et la démence. Tous les deux à quatre ans, le régime alimentaire des participants a été évalué en fonction de la fréquence à laquelle ils consommaient une portion de viande rouge transformée (bacon, hot-dogs, saucisses, bologne ou autres sandwichs à la viande transformés), et des noix et légumineuses (beurre d'arachide, noix de Grenoble, lait de soya, haricots, lentilles, tofu ou protéines de soya). Remplacer la viande transformée par des noix réduit le risque de déclin de 20%Les personnes qui consommaient au moins 1/4 d'une portion de viande rouge transformée ou plus par jour (soit 2 portions de bacon, de bologne ou d'autres viandes rouges transformées par semaine) présentaient un risque 14% plus élevé de démence que celles qui consommaient moins de 1/10 d'une portion quotidienne, soit trois portions par mois. Par ailleurs, chaque portion quotidienne supplémentaire de viande rouge transformée a été associée à 1,6 année supplémentaire de vieillissement cognitif global, y compris la langue et la fonction exécutive, et 1,69 année supplémentaire de vieillissement cognitif dans la mémoire verbale. En revanche, remplacer une portion de viande rouge transformée par une portion de noix, de légumineuses ou de tofu chaque jour peut réduire le risque de démence de 20%, et le vieillissement de la cognition globale de 1,37 année. À lire aussi: Profiter des légumineuses sans risques ni inconforts«La consommation de viande rouge transformée pouvait être un facteur de risque important de démence. Les lignes directrices alimentaires pourraient inclure des recommandations limitant cette pratique à la promotion de la santé du cerveau», note Yuhan Li, assistante de recherche à la division Channing de Network Medicine de l'Hôpital Brigham and Women's et auteure principale de l'étude, citée dans un communiqué de l'Association Alzheimer.D’autres travaux démontrent que la viande rouge transformée augmente le risque de cancer, de maladie cardiaque et de diabète. «Elle peut affecter le cerveau parce qu'elle contient des niveaux élevés de substances nocives comme les nitrites (agents de conservation) et le sodium», précise Yuhan Li.«Le liraglutide protège le cerveau comme les statines protègent le cœur»La seconde étude pointe le rôle du liraglutide, un agoniste du GLP-1, pour ralentir le déclin cognitif en protégeant le cerveau. Sous la direction du professeur Paul Edison, professeur de sciences de l'Imperial College London, les chercheurs ont mené un essai randomisé à double insu et contrôlé par placebo sur 204 patients atteints de la maladie d’Alzheimer légère dans 24 cliniques au Royaume-Uni. Chaque patient a reçu une injection sous-cutanée quotidienne pendant un an: une moitié a reçu jusqu'à 1,8 mg de liraglutide, et l'autre moitié a reçu un placebo.D’après leurs observations, le liraglutide a réduit de près de 50% la contraction des parties du cerveau qui contrôlent la mémoire, l'apprentissage, la langue et la prise de décisions par rapport au placebo, et a permis de réduire le déclin cognitif des patients jusqu'à 18% après un an de traitement par rapport au placebo. À lire aussi: Les analogues du GLP-1 pourraient réduire le risque de cancer colorectal«La perte plus lente du volume cérébral suggère que le liraglutide protège le cerveau, tout comme les statines protègent le cœur», observe Paul Edison, cité dans un communiqué de l'association. «Bien que d'autres recherches soient nécessaires, le liraglutide peut fonctionner au moyen de divers mécanismes, comme la réduction de l'inflammation dans le cerveau, la réduction de la résistance à l'insuline et les effets toxiques des biomarqueurs amyloïdes-bêta et tau de la maladie d'Alzheimer, et l'amélioration de la façon dont les cellules nerveuses du cerveau communiquent.» Le fait que les agonistes du GLP-1, comme le liraglutide, soient déjà approuvés pour d’autres conditions comme le diabète et la perte de poids a permis aux chercheurs de s’appuyer sur des recherches antérieures et des utilisations pratiques. Actuellement, trois marques de liraglutide ont été approuvées par Santé Canada pour le diabète (Saxenda, Victoza, Xultophy).

Prévention de la démence: le rôle de l’alimentation et du liraglutide

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