Possible traitement médicamenteux de l'anorexie, selon une étude de McGill

Une équipe de recherche franco-canadienne affirme avoir découvert le mécanisme neurologique qui sous-tend l'anorexie mentale, ce qui pourrait ouvrir la voie à une nouvelle option thérapeutique.Les chercheurs ont publié leurs conclusions dans Nature Communication et ont étudié des souris mâles présentant un déficit en acétylcholine, associé à une rechute de cocaïne, à l’auto-privation de nourriture et à d'autres comportements habituels persistants.L'acétylcholine est un neurotransmetteur présent dans le striatum et associé au système de récompense du cerveau. Les chercheurs ont remarqué que le donépézil, un inhibiteur de l'acétylcholinestérase, est efficace pour inverser le comportement de privation de nourriture chez ces souris.«Nous avons constaté qu'il inversait complètement le comportement anorexique chez les souris et nous pensons qu'il pourrait potentiellement offrir le premier traitement de l'anorexie mentale basé sur un mécanisme. En fait, nous constatons déjà ses effets sur certains patients atteints de la maladie», souligne l'auteur principal et professeur de psychologie à McGill, le Dr Salah El Mestikawy, dans un communiqué de presse.L'anorexie mentale présente l'un des taux de mortalité les plus élevés de tous les troubles psychiatriques – environ 1% des patients en meurent chaque année en raison d'un mauvais état de santé ou d'un suicide. Au Canada, jusqu'à 4% des femmes sont touchées par ce trouble alimentaire. La pandémie a probablement aggravé la situation, une étude récente ayant montré que les mesures sanitaires étaient liées à une augmentation des hospitalisations pour troubles de l'alimentation chez les jeunes filles.À lire aussi: Nouveau portrait de la santé mentale des jeunes pendant la pandémieÀ l'origine, le donépézil est un médicament agissant contre la maladie d'Alzheimer, mais son efficacité dans le traitement de la démence a fait l'objet d'un examen approfondi. Les chercheurs ont reconnu la nature «controversée» du médicament, mais ont noté que d'autres études ont montré qu'il donnait des résultats prometteurs dans le traitement des comportements répétitifs pathologiques et des compulsions alimentaires dans la maladie d'Alzheimer.«Nous pensons également que d'autres pathologies compulsives telles que les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et les addictions peuvent également être améliorées par le donépézil, c'est pourquoi nous cherchons activement à collaborer avec d'autres psychiatres dans le monde pour explorer ces possibilités», explique le Dr El Mestikawy.Le donépézil est également connu pour ses nombreux effets secondaires, tels que l'hypertension, les crampes, les nausées et les diarrhées, mais les chercheurs affirment que de faibles doses du médicament devraient être privilégiées lors des essais cliniques.Des études sont présentement en cours à Toronto et à Montréal sur 10 patients souffrant d'anorexie sévère et traités avec de faibles doses de donépézil – elles ont donné des résultats prometteurs. Des études en double aveugle contrôlées par placebo devraient débuter cette année à l'Université de Columbia, à l'Université de Denver et à l'Hôpital Sainte-Anne à Paris.

Possible traitement médicamenteux de l'anorexie, selon une étude de McGill

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