Les breuvages sans alcool peuvent aider à rester sobre ou à boire moins, mais ils ne sont pas pour tout le monde

Après plusieurs années de sobriété, Logan Denzer a décidé d'essayer la bière et les cocktails sans alcool, tandis que son entourage continuait de consommer de l'alcool. «Beaucoup de gens se sentent mal à l'aise» lorsque tout le monde boit autour d'eux, explique cette jeune femme de 27 ans originaire de Los Angeles. Elle considère ces boissons comme «une excellente solution».Des millions d'Américains sont du même avis, notamment ceux en voie de sevrage d'une dépendance, ceux qui essaient de réduire leur consommation d'alcool, ainsi qu'un nombre croissant de jeunes adultes choisissant de renoncer complètement à l'alcool.Ces boissons alimentent une industrie en plein essor. Des recherches récentes démontrent que boire moins d'alcool, voire ne plus boire du tout, est bien plus sain. L'alcool est en effet associé à un risque accru de cancers, de blessures et à une multitude d'autres problèmes de santé.Sur le même sujet: Les Québécois repensent leur consommation d’alcool, révèle un portrait des habitudesPourtant, les experts affirment que les boissons non alcoolisées ne conviennent pas à tout le monde, surtout si elles peuvent déclencher des envies d'alcool. Ces boissons dites sans alcool sont en effet censées imiter l'alcool à bien des égards, notamment par leur apparence, leur odeur et leur goût.«Il est important de reconnaître qu'il n'existe probablement pas de solution universelle», souligne Molly Bowdring, chercheuse à l'Université de Stanford. «Même si vos collègues, vos amis ou des membres de votre famille peuvent les consommer sans problème, cela dépend vraiment de votre expérience personnelle.»La consommation «zébrée» contribue à réduire la consommation d'alcoolLes ventes au détail de vins, bières et spiritueux sans alcool ont bondi à 823 millions de dollars américains l'an dernier selon le cabinet d'études de marché NielsenIQ. Plus de neuf consommateurs de boissons sans alcool sur dix achètent également de l'alcool. «Ils ne veulent pas forcément boire pendant la semaine, ou alors ils veulent avoir la liberté de changer de boisson lors d'une occasion particulière», analyse Marcos Salazar, fondateur et directeur général de l'Adult Non-Alcoholic Beverage Association. «Ils peuvent donc alterner entre une boisson alcoolisée, puis une boisson non alcoolisée pour adultes. C'est ce qu'on appelle la consommation “zébrée”… ce qui permet en quelque sorte de prolonger la soirée.»C'est ce que fait Ann Kopp Mitchell, retraitée, qui a récemment testé différentes boissons sans alcool vendues dans la boutique Monday Morning de San Diego. «Si j'ai envie d'un verre de vin au dîner, je ne culpabilise pas. Je peux le savourer. Et si j'ai envie d'un alcool fort pour fêter l'anniversaire de quelqu'un, ou d'une coupe de champagne, je le fais aussi. Mais je n'en prends qu'une, puis je m'arrête et je vais peut-être me tourner vers un verre sans alcool», raconte-t-elle. «C'est une façon de perpétuer cette habitude sociale de boire que j'apprécie.»Alors qu'une bière classique contient environ 5% d'alcool par volume, les boissons sans alcool ne peuvent en contenir que 0,5%, soit à peu près la même quantité qu'une banane mûre. On les choisit parfois pour ne pas être ivre, par exemple avant de faire du sport ou de conduire.Plus de cocktails sans alcool au menu est une bonne tendance santé, mais attention au sucre!Une enquête en ligne menée par la chercheuse Molly Bowdring et ses collègues a révélé que la grande majorité des consommateurs des deux types de boissons affirment que les breuvages sans alcool les aidaient à réduire leur consommation d'alcool.Cela fait de leur popularité croissante une tendance globalement positive, observe le Dr Joseph Lee, PDG de la Fondation Hazelden Betty Ford, une organisation de traitement et de défense des addictions.Ne manquez pas: Santé cardiovasculaire: les boissons sucrées sont vraiment nocives«De plus en plus, lorsque je vais au restaurant, le menu propose des cocktails sans alcool [ou mocktails, ndlr], c'est devenu la norme», remarque Joseph Lee, expert en psychiatrie et en toxicomanie. «En termes de santé publique, c'est une très bonne chose.»Mais il y a un hic: certaines boissons, comme les mocktails à base de soda et de sirops, sont riches en sucre. D'après les recommandations de l'American Heart Association, les femmes devraient limiter leur consommation de sucres ajoutés à environ six cuillères à café par jour, et les hommes à neuf. Or, une canette de soda de 35 cl contient à elle seule dix cuillères à café de sucre.Qui devrait se méfier des boissons sans alcool?La situation est plus floue pour les personnes aux prises avec des problèmes liés à l'alcool.Les boissons sans alcool ont en effet un succès mitigé chez les personnes initiant un traitement pour un trouble lié à la consommation d'alcool et souhaitant réduire ou arrêter leur consommation, alerte Molly Bowdring. «Ces boissons contiennent de nombreux signaux liés à l'alcool. Parce qu'ils sont très similaires à l'alcool, ils pourraient déclencher une envie de spiritueux et inciter à la consommation.»Lorsque Jordan Denzer a arrêté de boire, il y a sept ans, elle et ses amis évitaient de boire des breuvages sans alcool. «Nous y étions plutôt opposés, car nous nous disions: "Ça a le goût de la bière, et on est sobres depuis un an, et on risque d'associer ce goût à celui de l'alcool", explique la jeune femme, prise en charge par la Fondation Hazelden Betty Ford. Avec le temps, nous sommes devenus plus ouverts.»Mais ces boissons ne sont pas pour tout le monde, prévient-elle, «surtout les personnes qui sont en début de sevrage ou en terrain glissant.»Les experts s'accordent à dire que les boissons sans alcool sont plus adaptées aux personnes plus avancées dans leur rétablissement. «Le parcours de chacun est différent, rappelle Molly Bowdring. J'encourage les gens à être conscients de l'impact que peuvent avoir ces boissons sur eux.»C'est l'essentiel, même pour ceux qui ne souffrent pas d'alcoolisme.Vous devriez «évaluer honnêtement, sans jugement, le risque pour votre propre santé, de la même manière que la plupart des gens examinent leurs antécédents familiaux et évaluent leur niveau de risque pour toutes sortes de maladies, du diabète au cancer du sein», résume le Dr Lee. «En fin de compte, il est essentiel de se connaître soi-même.»

Les breuvages sans alcool peuvent aider à rester sobre ou à boire moins, mais ils ne sont pas pour tout le monde

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