Le Guide alimentaire canadien ne répond pas à certains besoins des aînés

Les besoins nutritionnels d’une personne âgée qui suit à la lettre les instructions du Guide alimentaire canadien (GAC) seront-ils tous comblés? Autrement dit, le Guide prodigue-t-il des conseils adaptés aux 65 ans et plus, une clientèle aux besoins particuliers? «Peut mieux faire», estime le diététiste-nutritionniste Didier Brassard, postdoctorant à l’École de nutrition humaine de l’Université McGill.Pour parvenir à cette conclusion, le chercheur s’est servi d’un outil, nommé le Healthy Eating Food Index (HEFI)-2019, qu’il a développé en collaboration avec Santé Canada afin de mesurer l’adhésion aux recommandations du GAC au sein de la population. À l’aide d’un modèle statistique pointu, il a couplé les résultats du HEFI-2019 aux données issues de la dernière enquête nationale portant sur l’alimentation des Canadiennes et des Canadiens de 65 ans ou plus, qui date de 2015.Son étude, publiée dans le Journal of Nutrition, porte ainsi sur une cohorte de 4000 aînés. Comme attendu par le postdoctorant, elle montre que ceux qui suivent scrupuleusement les recommandations du GAC bénéficient d’apports élevés en fibres, magnésium, vitamine B6 et potassium. En revanche, «nous avons également remarqué chez ces personnes un apport insuffisant en calcium, vitamine D et folate», indique Didier Brassard, ajoutant qu’il s’agit de nutriments importants pour les personnes âgées.Pour autant, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. «Suivre les préceptes du Guide ne peut pas nuire», affirme le chercheur. Toutefois, «il faudrait fournir aux personnes âgées des recommandations supplémentaires qui ciblent les aliments riches en calcium, en vitamine D et en folate», précise la professeure agrégée à l’École de nutrition humaine Stéphanie Chevalier, qui a supervisé les travaux de Didier Brassard.Autrefois axé sur la malnutrition, la dernière mouture du Guide alimentaire canadien, publiée en 2019, est orientée sur la prévention des maladies chroniques et de l’obésité au sein de la population, en général. Elle ne contient donc pas d’instructions spécifiques pour les sous-groupes ayant des besoins nutritionnels spécifiques, comme les aînés, les enfants et les adolescents ou les femmes enceintes. De plus, cette version diffère de la précédente en étant plus souple et plus vague dans ses recommandations - «Choisissez plus souvent les aliments protéinés d’origine végétale», «Utilisez des ingrédients qui contiennent peu ou pas de sodium», etc. Les quantités de portions quotidiennes ont également été remplacées par les proportions des différentes catégories d'aliments à consommer chaque jour.Lire aussi: Manger tôt le matin et le soir préserverait la santé cardiovasculaire«Les gens ne savent pas forcément comment interpréter ces recommandations. Ils ont par exemple besoin de savoir quelle quantité de légumes verts foncés [brocolis, épinards, chou frisé], plus riches en calcium et en folate que les légumes verts [courgettes, endives, poivrons], ils doivent manger», signale Didier Brassard. Il explique également que le Guide recommande les aliments à grains entiers, qui ne sont pas enrichis en folate comme le sont au Canada les grains transformés qui composent le pain blanc ou les pâtes blanches. En outre, le chercheur mentionne que «les produits laitiers, riches en calcium, ont moins de place dans le GAC».Ces lacunes ont été corrigées par l’ajout sur le site web du GAC d’une section «application des lignes directrices» qui fournit des renseignements additionnels et plus précis. «Elles viennent combler un vide», convient le diététiste-nutritionniste qui doute cependant que les personnes âgées puissent les trouver facilement. Par ailleurs, ces compléments d’information ont été rédigés à l’intention des professionnels de la santé. La prochaine étape pour le chercheur consistera à déterminer l’effet du respect des recommandations actuelles sur différents aspects de la santé des 65 ans et plus, entre autres sur leurs fonctions motrices, leur mobilité et leurs capacités cognitives, et quelles modifications apporter à ces lignes directrices pour améliorer les résultats.

Le Guide alimentaire canadien ne répond pas à certains besoins des aînés

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