Alzheimer, Parkinson et AVC: des oméga-3 en prévention primaire?

Les acides gras oméga-3 pourraient être consommés en prévention primaire de la maladie d’Alzheimer, de la maladie de Parkinson et des accidents vasculaires cérébraux (AVC). C'est ce que laissent entrevoir des études réalisées à Québec.Frédéric Calon, pharmacien, biochimiste et directeur de l'équipe de recherche à l’Université Laval, a résumé le fruit de leurs découvertes lors du 81e congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), à Québec.L'action des oméga-3 pour prévenir l’apparition de la maladie de Parkinson, d’Alzheimer et des AVC reste à établir de façon formelle. Toutefois, les recherches menées dans la Capitale et à travers le monde font croire qu’ils pourraient exercer un rôle protecteur. Ils n’auraient cependant plus d’efficacité une fois les maladies ou les dommages au cerveau apparus.Maladie d’AlzheimerLors de son stage postdoctoral chez le Dr Greg Cole à l’Université UCLA, à Los Angeles, Frédéric Calon a contribué à la découverte d’un effet neuroprotecteur des oméga-3 chez des souris. Depuis ces travaux, les effets bénéfiques des oméga-3 ont été observés chez au moins trois différents modèles transgéniques mimant la maladie d’Alzheimer, incluant les souris 3xTg-AD.De retour à Québec, Frédéric Calon a poursuivi ses recherches dans la même voie et a fait des découvertes intéressantes. Les chercheurs sous sa direction ont récemment démontré qu’une diète riche en lipides totaux et faible en oméga-3 aggrave trois marqueurs essentiels de la neuropathologie d'Alzheimer.Alors que les effets des oméga-3 n'ont pu être confirmés dans les stades avancés, plusieurs études cliniques pilotées par des groupes indépendants suggèrent un effet protecteur des oméga-3 dans les stades précoces ou précliniques de la maladie ou contre le déclin cognitif associé à l’âge, ce qui laisse présager une utilisation en prévention primaire.Les travaux de Frédéric Calon et de son équipe ont confirmé l’effet bénéfique du DHA, un oméga-3 concentré au cerveau, sur la mémoire de souris modélisant l’Alzheimer et mis en évidence son action sur la santé «électrique» des neurones.Maladie de ParkinsonDans le cas de la maladie de Parkinson, qui avait fait l’objet de la thèse de doctorat de Frédéric Calon, les oméga-3 pourraient jouer le même rôle protecteur dans le cadre d’une prévention primaire.Une étude d’observation longitudinale majeure effectuée aux Pays-Bas a révélé qu'une alimentation riche en acides gras polyinsaturés, et plus spécifiquement en oméga-3, était associée à un plus faible risque de développer la maladie de Parkinson. Lors des recherches menées par les équipes des Drs Calon et Cicchetti, des souris ont été exposées à une diète témoin ou enrichie en oméga-3.Dix mois plus tard, un traitement aigu à la neurotoxine MPTP a été effectué. La consommation en oméga-3 a protégé les souris, entre autres, de la perte neuronale dopaminergique et a maintenu les niveaux de dopamine au striatum.Actuellement, les chercheurs québécois poursuivent de nombreux travaux visant à déterminer quel oméga-3 disponible en pharmacie est le plus efficace dans un modèle animal de la maladie de Parkinson et à élucider les mécanismes d'action impliqués.En ce qui concerne les AVC, il semble que les oméga-3 pourraient également avoir un effet préventif sur le plan inflammatoire.Pas d’effets indésirablesMême si l’efficacité des oméga-3 en prévention primaire de ces maladies n’est pas encore démontrée, les avenues semblent prometteuses. Une chose est certaine aux yeux de Frédéric Calon: le cerveau est très friand de ces lipides et il est important d’éviter les carences.C’est la raison pour laquelle il insiste, comme plusieurs autres spécialistes, sur la nécessité de consommer suffisamment d’oméga-3 (surtout sous forme de poisson, comme le saumon, le maquereau et les sardines) ainsi que d'autres sources d’acides gras. À défaut, des gélules contenant du DHA pourront combler les besoins de l’organisme.Selon Frédéric Calon, nos diètes contiennent des oméga-6 en abondance. Un supplément n’est donc pas requis. En revanche, comme l’organisme est incapable de synthétiser des oméga-3, ils doivent forcément provenir de notre alimentation.En l’absence de données précises sur la quantité à prendre pour obtenir l’effet préventif recherché pour les maladies liées au cerveau, il recommande 500 milligrammes à 1 gramme d’oméga-3 à longue chaîne, comme le DHA, par jour. De toute manière, on peut en consommer beaucoup car, dit-il, il n’a jamais été démontré qu’un trop grand nombre d’oméga-3 serait nuisible pour la santé.Il importe aussi d’adopter cette pratique tôt dans sa vie, sans attendre que les premières manifestations des maladies comme le Parkinson et l’Alzheimer apparaissent, sans quoi il serait sans doute trop tard pour bénéficier de leurs bienfaits.

Alzheimer, Parkinson et AVC: des oméga-3 en prévention primaire?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes