Y a-t-il un risque accru de démence lié au traitement hormonal de la ménopause?

Dans le domaine de la santé des femmes, la question de savoir si le traitement hormonal de la ménopause (THM) augmente le risque de démence est un sujet de préoccupation et de débat important. Comprendre les données probantes relatives à ce sujet aidera les pharmaciens à aider les patients à prendre des décisions éclairées.Examinons le cas d'une femme de 52 ans, Mme Kim. Elle se présente à votre pharmacie pour obtenir des conseils sur la gestion de ses symptômes ménopausiques, notamment des bouffées de chaleur fréquentes qui ont un impact négatif sur sa vie au quotidien. Mme Kim est globalement en bonne santé et n'a pas d'antécédents médicaux significatifs, hormis le diagnostic récent de symptômes vasomoteurs de la ménopause (SVM).En tant que pharmacien, vous entamez une conversation avec Mme Kim sur les options disponibles pour soulager ses symptômes vasomoteurs de la ménopause. Vous discutez des modifications du mode de vie, des thérapies non hormonales, ainsi que des avantages et des risques potentiels du THM. Compte tenu de sa bonne santé générale et de la nature gênante de ses symptômes, Mme Kim se dit intéressée par celle-ci; cependant, elle s'inquiète du risque de démence associé à la TMH en se basant sur un article de blogue qu'elle a récemment vu en ligne.À lire aussi: Une étude suggère que les symptômes sévères de la ménopause sont liés à la démenceLa THM pour les symptômes vasomoteursChez les patientes souffrant de bouffées de chaleur modérées à sévères, le THM peut réduire les SVM jusqu'à 90%, tout en améliorant le sommeil et les symptômes liés à l'humeur.1 La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada et la North American Menopause Society recommandent fortement que le rapport bénéfice-risque soit favorable au traitement des SMV gênants par le THM chez les femmes âgées de ≤ 60 ans ou qui sont à moins de 10 ans de l'apparition de la ménopause (définie comme une année d'aménorrhée causée par la diminution de la réserve ovarienne ou à l'apparition de SVM chez les femmes souffrant d'aménorrhée iatrogène) et qui ne présentent pas de contre-indications.1-3 Toutefois, pour les femmes qui entament le traitement plus de 10 ans après le début de la ménopause ou qui sont âgées de plus de 60 ans, le rapport bénéfice-risque est moins favorable en raison des risques absolus plus élevés de maladie coronarienne, de thromboembolie veineuse et de démence.2,3THM et démence: les preuvesPlusieurs études ont tenté de répondre à la question de Mme Kim concernant le risque de démence associé au THM. L'étude WHIMS (Women's Health Initiative Memory Study), publiée en 2003, indique que l'utilisation d'un THM à base d'œstrogènes et de progestatifs chez les femmes âgées de ≥ 65 ans peut augmenter le risque de démence.4 L'utilisation prolongée (> 5 ans) d'un THM combiné à base d'œstrogènes et de progestatifs peut augmenter le risque de développer la maladie d'Alzheimer, selon une base de données d'observation peu fiables.5 Plus récemment, une étude cas témoins emboîtée, publiée en 2023, a fait état d'une association entre le THM et la démence chez des patientes âgées de 55 ans ou moins; toutefois, cette association contraste avec les résultats de trois essais contrôlés randomisés antérieurs qui n'ont pas établi d'association entre le THM et la démence chez des patientes ménopausées précocement.6,7L'étude KEEPS-Cog, par exemple, a suggéré que chez les femmes récemment ménopausées (jusqu'à trois ans après leurs dernières règles), le THM combinant œstrogènes et progestérone n’altérait pas la cognition.8 En outre, l'étude WHIMSY (Women's Heath Initiative Memory Study of Younger Women), qui portait sur des femmes ménopausées âgées de 50 à 55 ans, a révélé que le THM n'affectait pas la fonction cognitive globale.9 De plus, les résultats d'essais contrôlés randomisés montrent que les œstrogènes équins conjugués seuls n'affectent pas la cognition, qu'ils soient pris dans les six ans suivant la ménopause ou plus de 10 ans après la ménopause.10,11Votre recommandationCompte tenu des données probantes actuelles, vous expliquez à Mme Kim que le THM peut apporter un soulagement substantiel des SVM. Vous lui présentez également un résumé à jour des risques, y compris ceux liés à la démence, et indiquez que, compte tenu de son âge et de son état de santé général, les avantages de du THM l'emportent vraisemblablement sur les risques. En engageant ce dialogue ouvert avec Mme Kim, vous lui permettez de prendre une décision éclairée, conforme à ses valeurs et à ses objectifs de santé.À lire aussi : Ménopause: une nouvelle hormonothérapie disponible au Canada RésuméPour les femmes âgées de moins de 65 ans, en particulier celles de moins de 55 ans, il ne semble pas y avoir d'augmentation du risque de démence avec le THM.7 Pour les femmes âgées de plus de 65 ans, l'utilisation continue du THM d’œstrogène et de progestatif peut toutefois augmenter le risque de démence.7 En favorisant une communication ouverte et en restant informés des données probantes actuelles, les pharmaciens peuvent aider à s'assurer que chaque femme reçoive les soins les plus appropriés et les plus sûrs pour leurs symptômes ménopausiques.

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