Une étude donne aux adeptes du régime cétogène de quoi ruminer

Certains de vos patients suivent un régime cétogène? Une étude de l'Université de la Colombie-Britannique, présentée le 5 mars durant la session scientifique annuelle de l'American Congress of Cardiology, a mis en évidence le risque de maladie cardiovasculaire associé aux régimes alimentaires pauvres en glucides et riches en graisses, connus sous le nom de régime cétogène et défendus par plusieurs médecins au Canada. «Notre étude a révélé que l’adhésion régulière à un régime alimentaire auto-déclaré pauvre en glucides et riche en graisses était associée à une augmentation des niveaux de cholestérol LDL, ou "mauvais" cholestérol, et à un risque plus élevé de maladie cardiaque», a déclaré l'auteure principale, la Dre Iulia Iatan, médecin-chercheuse au Centre for Heart Lung Innovation de l'université, dans un article publié par l'établissement. «À notre connaissance, notre étude est l'une des premières à examiner l'association entre ce type de régime alimentaire et les répercussions cardiovasculaires.» «L'hypercholestérolémie survenant au cours d'un régime pauvre en glucides et riche en graisses ne doit pas être considérée comme bénigne», a conclu la Dre Iatan, qui travaille également au programme Healthy Heart à la clinique de prévention de l'hôpital St. Paul à Vancouver. L'étude, qui définit un régime pauvre en glucides et riche en graisses (LCHF) comme un régime dont les glucides ne représentent pas plus de 25 % des calories quotidiennes totales – un peu plus qu'un régime céto strict – et dont les graisses représentent plus de 45 %, a examiné les données de la UK Biobank, qui contient des informations sur la santé de plus de 500 000 personnes résidant au Royaume-Uni. La biobanque a suivi les participants pendant plus de 10 ans. Ceux-ci ont répondu à un questionnaire sur leur régime alimentaire et ont effectué des analyses de sang pour vérifier leur taux de cholestérol. Après un suivi moyen de 11,8 ans, 9,8 % des participants ayant suivi le régime LCHF ont connu l'un des événements inclus dans le critère d'évaluation composite: angine de poitrine, infarctus du myocarde, maladie coronarienne, accident vasculaire cérébral ischémique, maladie artérielle périphérique ou revascularisation coronarienne/carotidienne. En comparaison, seuls 4,3 % des participants considérés comme suivant un régime standard ont connu l'un de ces événements cardiovasculaires. «Parmi les participants suivant un régime LCHF, nous avons constaté que ceux qui présentaient les taux de cholestérol LDL les plus élevés étaient le plus à risque d'événement cardiovasculaire», a déclaré la Dre Iatan. «Nos résultats suggèrent que les personnes qui envisagent d'opter pour un régime LCHF doivent être conscientes que cela pourrait entraîner une augmentation de leur taux de cholestérol LDL.» Que doivent en retirer les professionnels de la santé? Il est judicieux de surveiller le taux de cholestérol des patients qui suivent un régime pauvre en glucides et riche en graisses, et de prendre en compte les autres facteurs de risque de maladie cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral. Ces facteurs de risque comprennent le diabète, l'hypertension artérielle, l'inactivité physique et le tabagisme. La Dre Iatan précise que les personnes suivant un régime LCHF ne sont pas toutes à risque. «En moyenne, le taux de cholestérol a tendance à augmenter avec ce régime, mais chez certaines personnes, les concentrations de cholestérol peuvent rester les mêmes ou diminuer, en fonction de plusieurs facteurs sous-jacents», a déclaré la Dre Iatan. «Il existe des différences interindividuelles dans la façon dont les gens réagissent à ce régime alimentaire que nous ne comprenons pas encore tout à fait. L'une de nos prochaines étapes consistera à essayer d'identifier des caractéristiques spécifiques ou des marqueurs génétiques qui peuvent prédire comment une personne réagira à ce type de régime.» Un autre aspect notable de l'étude est que les participants n'ont fourni des informations quant à leur régime alimentaire qu'à un seul moment dans le temps. De plus, la nature observationnelle de l'étude ne peut montrer qu'un lien entre le régime et un risque plus élevé d'événements cardiaques majeurs, mais pas établir de relation de cause à effet. Néanmoins, la Dre Iatan estime que ces résultats méritent d'être approfondis dans le cadre d'études prospectives, d'autant plus qu'environ un Américain sur cinq déclare suivre un régime pauvre en glucides, de type céto ou entièrement céto.

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