Une autre raison d’arrêter: les fumeurs ont des réponses immunitaires innées plus fortes

Les résultats de deux nouvelles études donnent du grain à moudre aux professionnels de la santé qui encouragent leurs patients à arrêter de fumer. La première montre une réponse immunitaire différente chez les fumeurs et les non-fumeurs, qui persiste après l’arrêt du tabac, mais qui finit par s’améliorer. La seconde suggère que l’arrêt du tabac à tout âge est associé à une vie plus longue.Les chercheurs de l’Institut Pasteur, qui est affilié à l’Université Paris Cité, ont utilisé des échantillons de sang total prélevés sur 1000 volontaires en bonne santé pour examiner les réponses immunitaires aux facteurs environnementaux. Ils ont examiné la sécrétion de protéines cytokines lorsque divers agents pathogènes ont été introduits dans les échantillons de sang. Ils ont ainsi mesuré les sécrétions de cytokines après l’introduction de pathogènes suggérant une stimulation immunitaire innée (par exemple, E. coli) et d’autres indiquant une stimulation immunitaire adaptative (par exemple, les anticorps anti-CD3). Le tabagisme a eu un impact tant sur les réponses immunitaires innées que sur les réponses immunitaires adaptatives: elles étaient significativement plus élevées que chez les non-fumeurs. De plus, il existait une forte corrélation entre le nombre d’années de tabagisme et la réponse immunitaire. Ces différences entre les réponses immunitaires des fumeurs et des non-fumeurs étaient similaires à celles observées en fonction de l’âge, du sexe et des variations génétiques.Ces réponses immunitaires plus fortes pourraient suggérer une maladie plus symptomatique et une plus grande sensibilité aux infections, a déclaré lors d’un point de presse l’auteur principal de l’étude, Darragh Duffy.Le message clé, en particulier pour les jeunes, est «qu’il semble y avoir un réel avantage pour l’immunité à long terme de ne jamais commencer à fumer», a signalé la première auteure de l’étude, Violaine Saint-André.Les anciens fumeurs ont montré une augmentation persistante de la réponse immunitaire adaptative, mais pas de la réponse immunitaire innée. Une analyse plus approfondie par les chercheurs a montré que cet effet continu sur la réponse immunitaire adaptative est associé à des mutations de l’ADN dans les gènes impliqués dans les régulateurs du métabolisme, entre autres. Ce constat s’est maintenu lorsque les chercheurs ont étudié différents génotypes.Cependant, même pour les personnes qui fument déjà, il y a des avantages à arrêter de fumer. La réponse immunitaire innée descend à des niveaux similaires à ceux observés chez les non-fumeurs et, avec le temps, la réponse immunitaire adaptative finit elle aussi par diminuer, a indiqué Darragh Duffy.Plus c'est tôt, mieux c'estLes avantages de l’arrêt du tabac sont apparus encore plus clairement dans une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Toronto et de l’Université arctique de Norvège. L’analyse groupée de grandes cohortes aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Norvège a montré que les anciens fumeurs qui avaient arrêté la cigarette depuis au moins 10 ans avaient un risque de décès similaire à ceux n’ayant jamais fumé. Les chercheurs ont conclu que l’arrêt du tabac, quel que soit l’âge, est associé à un risque plus faible de décès global et de maladies vasculaires, respiratoires et néoplasiques, comparé aux personnes qui ont continué à fumer. Le risque de décès diminue dès trois ans après l’arrêt du tabac. Ces anciens fumeurs ont alors un risque de décès 1,3 fois plus élevé que les personnes n’ayant jamais fumé, alors que le risque de décès des fumeurs actuels est trois fois plus élevé. À lire aussi: Sevrage tabagique: les vapoteuses sont-elles efficaces?Les résultats de l’étude suggèrent que le fait d’arrêter de fumer à un plus jeune âge présente plus d’avantages. Les personnes qui ont arrêté de fumer avant leurs 40 ans présentaient un excès de risque de décès inférieur à celui des fumeurs ayant arrêté de fumer à un âge plus avancé.«Arrêter de fumer est incroyablement efficace pour réduire le risque de décès, et les gens peuvent en récolter les fruits très rapidement», a indiqué dans un communiqué de presse l’auteur principal de l’étude, le Dr Prabhat Jha, qui est professeur à l’École de santé publique Dalla Lana et à la Faculté de médecine Temerty de l’Université de Toronto, ainsi que directeur général du Centre for Global Health Research du regroupement d’hôpitaux Unity Health Toronto.«Beaucoup de gens pensent qu’il est trop tard pour arrêter de fumer, surtout à un âge avancé, mais nos résultats vont à l’encontre de cette idée, souligne le Dr Jha. Il n’est jamais trop tard, l’impact est rapide et vous pouvez réduire le risque des principales maladies, ce qui signifie une qualité de vie meilleure et plus longue.»Les professionnels de la santé peuvent encourager le sevrage tabagique chaque fois qu’un patient interagit avec le système de santé, a-t-il affirmé. «Cela peut être fait avec sollicitude, sans jugement ni stigmatisation, en reconnaissant que les cigarettes sont conçues pour créer une forte dépendance.»Les résultats de ces deux études peuvent être consultés dans les revues Nature et NEJM Evidence.

Une autre raison d’arrêter: les fumeurs ont des réponses immunitaires innées plus fortes

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