Sondage: la santé mentale des étudiants en médecine est préoccupante

Plus du tiers des étudiants affirment que leur santé mentale s’est détériorée depuis qu’ils ont commencé leurs études en médecine, selon le sondage auquel 764 étudiants ont répondu du 7 avril au 9 mai derniers. Parmi eux, 15% rapportent avoir eu des idées suicidaires depuis leur entrée en médecine. C'est plus que lors du précédent sondage réalisé en 2020 (12%). Et près du double que chez les Canadiens de 18 à 34 ans (8% dans les dernières années, selon Statistique Canada). «Ce qui m’a le plus surprise, c’est à quel point la situation ne change pas. Il y a tellement d’efforts qui sont faits par les regroupements étudiants et les facultés de médecine, mais pourtant chaque fois qu’on réalise des sondages, les résultats sont toujours alarmants», tonne la nouvelle présidente de la FMEQ depuis le 1er juillet, Victoria Blouin. Selon la jeune femme, qui s’implique dans les associations étudiantes depuis 2018, la santé mentale des étudiants était malmenée bien avant la pandémie. «Le problème est chronique. C’est un problème de culture dans le milieu médical qui affecte bien évidemment les étudiants en médecine, mais aussi les résidents. Il faut un changement de culture pour qu’il y ait des résultats», poursuit-elle. De son côté, l’étudiante Florence Morissette qui a mené ce sondage s’est dite surprise par le nombre de ses collègues étudiants qui ont pensé au suicide même si les chiffres ne sont pas très différents de ceux de 2020. «C’est toujours choquant de voir ces données. On n’imagine pas que les gens autour de nous vivent autant de détresse. Ça ne s'est certainement pas amélioré avec la pandémie», souligne celle qui était déléguée au bien-être à la FMEQ jusqu’au 1er juillet dernier. Contrairement à l’étude de 2020, celle que l’étudiante a menée cette année s'est penchée sur les sources de stress des étudiants. Les participants ont relevé principalement le manque de temps (65%), la charge de travail (61%) et la performance académique (60%). De plus, 62,9% des participants ont indiqué se sentir épuisés par la charge de travail en médecine au moins une fois par semaine, et 13% se sont absentés en raison d’un enjeu de santé mentale. L’externat, encore pire La santé mentale des étudiants à l’externat est pire. En effet, le quart d'entre eux rapportent avoir eu des idées suicidaires depuis leur entrée en médecine. «L’externat est une période marquée par une instabilité chronique associée aux rotations de stage, par des évaluations continuelles et par l’incertitude quant au choix de carrière. Ces facteurs peuvent contribuer à augmenter le stress des externes», indique le sondage. Pour améliorer les conditions de stage, la FMEQ propose notamment un nombre maximal d’heures de stage établi à 10 heures par jour excluant les gardes, et demande à ce qu'il n'y ait pas de garde au moins deux jours avant un examen. «Les conditions de stages sont l’un de nos grands chevaux de bataille, affirme Victoria Blouin. Il faut limiter le nombre d’heures qu’un étudiant passe à l’hôpital par jour pour lui libérer du temps pour ses études, sa vie personnelle et sa planification de carrière.» Un gros paquebot Des facultés de médecine ont déjà agi pour faire diminuer le stress et l’esprit de compétition chez les étudiants, notamment en adoptant le mode d’évaluation «succès ou échec» qui remplace les notes chiffrées ou lettrées. De plus, l’Université McGill a instauré des journées de congé personnel pour permettre aux étudiants plus de flexibilité et d’autonomie. «Les facultés font des efforts, mais ce sont comme de gros paquebots: pour changer de direction, il faut beaucoup de temps et d’énergie», constate Florence Morissette. Selon elle, si les étudiants en médecine sont mieux traités, c’est toute la société qui y gagne. «Des étudiants qui ont de meilleures conditions et qui sont moins épuisés vont possiblement être des médecins plus humains plus tard.» Par ailleurs, plusieurs étudiants sont malheureusement victimes d’intimidation dans leur milieu de stage: 7% des participants rapportent en effet avoir subi de l’intimidation ou du harcèlement par leurs patrons de stage. Pour mettre fin à ces situations, la Fédération propose de sensibiliser les patrons et les étudiants aux situations considérées comme étant de l’intimidation et du harcèlement à chaque début d’année.

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