Sommes-nous prêts à distinguer les rôles de distributeur et de clinicien?

Récemment, au congrès de l’AQPP, un journaliste de renom a mentionné lors d’une conférence que les Québécois ne connaissent pas nos services. Un commentaire qui n’a pas fait l’unanimité considérant le nombre impressionnant d’interventions que nous faisons au quotidien. Je suis cependant d’accord avec cette affirmation. Encore aujourd’hui, à de multiples occasions, d’autres professionnels de la santé sont étonnés lorsque je leur parle de nos nouvelles activités. Pourtant, ces médecins et infirmières ne devraient-ils pas être les plus au fait de nos services? On a donc probablement un bon reflet de ce que pense la population générale. Ce qui contribue à la méconnaissance de nos activités est la réponse à cette fameuse question: «Est-ce que tous les pharmaciens appliquent les nouvelles activités de la Loi 31?» Mon premier réflexe est toujours de répondre oui, avec conviction. Cependant, force est de constater qu’à chaque fois, on réussit à me trouver un exemple malheureux d’une situation où un patient n’a pas eu accès à un service pharmaceutique. Il n’est pas normal qu’une secrétaire médicale ne soit pas à l’aise de référer un patient qui a besoin d’un ajustement d’hypertenseur à son pharmacien, puisqu’elle est incertaine de savoir s’il obtiendra le service. Les réalités d’un pharmacien à l’autre sont différentes, ce qui fait qu’on entend que certains veulent s’impliquer davantage dans les soins de leurs patients tandis que d’autres ont l’impression de se faire «pelleter des problèmes dans leur cour». Le problème de pénurie de personnel est réel, le besoin d’adaptation des pharmacies communautaires l’est aussi. Or, le système ne déborde pas seulement chez les pharmaciens… Alors, qu’est-ce qu’on fait? Peut-être sommes-nous rendus à séparer les rôles de dispensateur et de clinicien. Pourquoi est-ce que lorsqu’un pharmacien refuse d’effectuer un service pharmaceutique, comme une prise en charge ou une prolongation, il est réorienté vers son médecin? L’Ordre nous rappelle souvent que si nous ne sommes pas capables de fournir un service pharmaceutique, le patient doit être orienté vers un collègue. Et si on pouvait faire en sorte que ce collègue soit un autre pharmacien? Les pharmaciens propriétaires se lèveront probablement de leur chaise en lisant ces dernières lignes. La réalité est que certains milieux peuvent encore en prendre et pourraient fournir ce service clinique. Je crois que pour le bien commun de la profession, pour le bien du système qui est mis à mal et surtout pour le bien de nos patients, on est rendus là. Qu’on comprenne bien, le but n’est pas de se voler de la clientèle, mais bien d’utiliser une ressource à son plein potentiel. L’idée n’est pas non plus de transférer les médicaments d’ordonnance à une autre pharmacie. Mais est-ce que je peux suivre un patient qui ne prend pas ses médicaments chez nous? Bien entendu, c’est maintenant possible avec le DSQ. La preuve, c’est déjà ce que font les pharmaciens en clinique externe et en GMF. Est-ce la solution la plus efficiente? Peut-être que non, mais pour un certain temps, le temps que le virage se fasse, c’est une avenue. Je crois même que ça pourrait permettre de prendre le virage plus rapidement. D’ici là, tous les efforts devraient être mis dans la capacité à offrir les services dont la population a besoin. Prioriser les soins pertinents et revoir notre modèle de distribution. Peut-être changer le modèle de distribution aux 30 jours pour se dégager du temps, qui sait...

Soigner ensemble

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Derrière ce blogue:

Karina Savoie

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