Santé psychologique au travail: Comment apprivoiser les forces du stress

C’est par une ovation debout que le Dr Serge Marquis a terminé sa conférence sur la santé psychologique au travail, dans le cadre du Symposium francophone de médecine organisé par l’Association des médecins de langue française du Canada. Spécialiste en santé communautaire et santé au travail, le Dr Marquis a donné quelques outils aux médecins présents pour une gestion efficace du stress.Selon le Dr Marquis, il est impossible de parler de stress sans parler de limites. «La grande difficulté est de maintenir l’équilibre entre le défi et les limites, dit-il. Une des plus grandes sources de stress réside dans le fait que nous voulons tout faire, tout voir, tout savoir, tout le temps, en même temps.» Pour s’arrêter, il faut apprivoiser son «humanitude», c’est-à-dire le fait que nous n’avons pas 200 ans devant nous pour faire tout ce que nous souhaitons. «Consentir à son «humanitude» nous permet de nous reposer, alors que l’absence de consentement se traduit par une fatigue», ajoute-t-il.Vivre, aimer, transmettre et apprendreAfin de mieux gérer le stress, responsable de nombreux problèmes de santé au travail, leDr Marquis propose quatre pistes à prioriser dans la vie quotidienne, tirées de la grille mise au point par l’auteur américain Stephen Covey : vivre, aimer, transmettre et apprendre.Par « vivre », le Dr Marquis souligne l'importance de prendre le temps, chaque jour, de boire, manger, dormir et faire de l’activité physique. « Combien de repas savoure-t-on vraiment au cours de notre existence ? » lance-t-il.Pour illustrer la notion d’aimer, il lance une question : «Combien de parents, quand ils sont avec leurs enfants, sont vraiment avec eux?» Selon lui, le principe s’applique également au travail. «Quand j’entends des gens dire: "Il me reste 18 ans avant ma retraite", j’ai l’impression d’entendre un discours carcéral ! dit-il. Les jeunes entendent sans cesse leurs parents parler du nombre d’années qu’il leur reste avant de sortir d’un milieu dans lequel eux-mêmes ne sont pas encore entrés. Pas étonnant qu’ils décrochent ! » Il est donc essentiel, selon le Dr Marquis, de reconnaître ce que l’on a accompli de bon durant la journée.Transmettre symbolise la notion de se sentir utile dans la société, que ce soit en enseignant ou en s’impliquant, dans des activités de bénévolat par exemple.Apprendre est une autre notion essentielle à l’équilibre. « Quand j’ai le sentiment que je suis en train d’apprendre quelque chose, je sens que la vie vaut la peine d’être vécue », mentionne leDr Marquis.En conclusion, le Dr Marquis tient à rappeler que le stress est une réaction. «On ne sort pas dehors respirer du stress, dit-il. C’est une réaction à l’écart disproportionné entre la perception de la demande et la perception des moyens à notre disposition pour y répondre.» Moins l’écart est grand entre les deux perceptions, moins le stress est élevé. Notre pouvoir réside dans le choix de la réaction la plus appropriée pour répondre à cette demande, ajoute le Dr Marquis. « Certaines personnes ont tendance au catastrophisme, d’autres au déni. Les deux ont tort. »L’essentiel est de maintenir une cohérence entre nos valeurs et nos gestes, l’équilibre entre nos défis quotidiens et nos limites. «Quand vous avez de la difficulté à dire non, à mettre des limites, offrez une solution de rechange, conseille le Dr Marquis. Ne manquez surtout pas le spectacle de la vie !»

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