Santé des médecins: Intergénération - Non à « l’approche tondeuse »

Les Drs Marie Giroux et Jocelyne Faucher, de l’Université de Sherbrooke, ont mis en scène quatre médecins représentant un patriarche, ou traditionaliste, un baby-boomer, et deux médecins des générations X et Y. Leur atelier s’intitulait « Travail intergénérationnel: les aptitudes requises pour durer ». Elles ont montré que « l’approche tondeuse » – tout le monde pareil, ou l’égalité bêtement appliquée – ne fait l’affaire de personne. Leur scénario tournait autour de situations bien concrètes, comme l’établissement de la liste de gardes à Noël ou la répartition des vacances. Après maintes discussions, les médecins se sont aperçus que tous ne souhaitaient pas forcément avoir congé le 25 décembre, alors que chacun avait préjugé du contraire. Et, oh surprise !, il en est aussi que cela ne dérange aucunement de travailler au jour de l’an. Quant à la date de départ de vacances qu’avait annoncée publiquement le médecin nouveau venu, elle était indicative, pas impérative. Il y avait donc place pour de l’accommodement. Mais encore fallait-il s’en parler !Étapes de vieLa stratégie de rétention des médecins consiste à accommoder chacun tout en respectant les engagements professionnels auxquels tous sont liés. De plus, les réalités individuelles évoluent au fil des étapes de la vie. Chacun a donc le devoir d’énoncer clairement, pour lui-même et les autres, ses besoins personnels, puis de les évaluer ensemble selon les priorités de l’équipe. La génération Y, dit-on, excelle en général à exprimer ses besoins. « Mais les Y auraient-ils une vision réductionniste de leur champ de pratique ? Comment expliquer autrement l’appétit des jeunes médecins pour la surspécialisation ? » a demandé un « vieux » docteur. Selon lui, ça devient ingérable quand il n’y a plus personne pour remplir les obligations de base. « Après avoir appris à dire non, les Y devront réapprendre à dire oui. Oui aux tâches de base. » L’un des pièges du recrutement consiste précisément à cacher aux nouveaux venus les obligations de base qui les attendent, pour ne privilégier que les avantages. Une erreur, selon les participants. Voici enfin, dans le désordre, le nom des quatre médecins qui se sont prêtés au jeu des générations : les Drs Marie-Claude Bilodeau, Gabriel Laberge, Nadine Sauvé et Jean Rodrigue.Galerie de portraits dans votre milieuLe traditionaliste C’est le sacrifice de soi au nom de la vocation. Sa femme en sait quelque chose. Coincé dans son statut, il s’est souvent enfermé dans une « identité rétrécie » de médecin. Mais comme le scout, il est toujours prêt.Vous l’entendrez dire : « On me pousse dans le dos pour partir, parce que je prends une place au PREM. »Le baby-boomerLa médecine est pour lui une carrière, pour se réaliser.Vous l’entendrez dire : « Quand je prendrai ma retraite, il faudra trois jeunes médecins pour me remplacer : un pour faire la job et deux pour combler les congés de maternité, la sabbatique ou le burn out. »Quant aux médecins des générations X et Y, ils commencent à faire leurs preuves ou ont déjà acquis une solide expérience. Très nettement d’ailleurs, la génération X travaille pour se démarquer. Aux prises avec les responsabilités familiales, elle est aussi en constante recherche d’équilibre. La génération Y, celle du millénaire, voit la médecine comme une profession en complémentarité avec bien d’autres activités. Et elle n’est plus forcément celle qui a préséance.Pour retourner à l'index du Dossier « Santé des médecins» , cliquez ici

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