Rappel à l’ordre sur les vitamines administrées par intraveineuse

Popularisée par les réseaux sociaux, où des influenceurs et des vedettes du petit écran en font la promotion, la vitaminothérapie IV est offerte par un nombre croissant de cliniques privées au Québec. L’essor de ces perfusions de vitamines, minéraux et autres substances, administrées par des professionnels de la santé, inquiète grandement le Collège des médecins du Québec (CMQ), l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec ainsi que l’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec (ODNQ).Ensemble, ils invitent la population à la vigilance et à la méfiance vis-à-vis des vertus miracles alléguées de la vitaminothérapie (réduction du stress, perte de poids, regain d’énergie, renforcement du système immunitaire, etc.): «Quand c’est trop beau pour être vrai, posez-vous des questions.» Dans un avis conjoint, les quatre ordres appellent également leurs membres à se questionner avant de participer à une telle offre de service.«Comme professionnel de la santé, vous avez l’obligation déontologique d’appuyer vos décisions sur la littérature scientifique. Vous devez justifier ce qui motive la prescription ou l’administration d’un traitement.» Or selon eux, la littérature scientifique n'appuie pas l’usage de la vitaminothérapie IV chez les personnes qui ne présentent pas de carence en vitamines ou en minéraux. «Aucune preuve ne justifie (son) utilisation dans des objectifs tels que diminuer la fatigue, améliorer le fonctionnement du cerveau ou diminuer les douleurs musculosquelettiques.»«Nous décourageons l’utilisation de la vitaminothérapie IV chez les patients qui ne présentent pas de problème de santé diagnostiqué. Nous invitons tous les professionnels impliqués dans de telles offres de services à revoir cette implication à la lumière de leurs obligations déontologiques.»Une supplémentation peut être indiquée en cas de carence objective, «mais (elle) ne l’est pas pour le traitement de symptômes génériques», indique l’avis, qui précise que les besoins de vitaminothérapie sont uniques à chaque patient et nécessitent une évaluation individuelle. «L’ordonnance collective ne doit (donc) pas être utilisée pour ce type de traitement.» Dans le cas où elle serait justifiée, les quatre ordres recommandent de toujours privilégier la voie d’administration «la moins invasive et risquée, notamment la voie orale».L’avis mentionne aussi que la prescription d’une vitaminothérapie par un autre professionnel ne permet pas de déroger à ses propres obligations déontologiques. Un professionnel qui administre une perfusion devrait ainsi se poser les questions suivantes: «À quel besoin de santé répond cette ordonnance? Ai-je les connaissances et compétences requises pour l’administrer? Suis-je en mesure d’assurer la surveillance et le suivi nécessaires?»À lire aussi: La carence en vitamine B12 (quiz)Enfin, les perfusions de vitaminothérapie étant préparées en solutés et n’ayant pas de numéro d’identification d’un médicament (DIN) émis par Santé Canada, tout professionnel doit au préalable «s’informer notamment sur le lieu, le processus de fabrication, le contenu et la qualité du produit. De même, un pharmacien qui participerait à la préparation de tels solutés doit démontrer que ceux-ci répondent réellement aux besoins du patient».En guise de conclusion, le CMQ, l’OPQ, l’OIIQ et l’ODNQ rappellent à leurs membres qu’ils jouissent d’une grande crédibilité auprès du public et que celle ci «s’accompagne de la responsabilité d’exercer (leur) profession avec rigueur et objectivité, de prendre (leurs) décisions en fonction des intérêts de (leurs) patients et ne pas céder aux pressions d’un autre professionnel, de (leur) employeur, d’une entreprise ou de (leurs) patients.»

Rappel à l’ordre sur les vitamines administrées par intraveineuse

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