Une omnipraticienne sanctionnée pour avoir utilisé le DSQ afin de retrouver son amie

Une médecin de famille de St-Eustache, la Dre Elena Claudia Minca, écope d’une radiation temporaire de trois mois pour avoir consulté et utilisé à des fins personnelles des renseignements confidentiels du Dossier Santé Québec (DSQ) d’une amie alors qu’elle n’était pas impliquée dans les soins de celle-ci.La Dre Minca a reconnu les événements qui lui sont reprochés par le syndic, dès le début de l’audience du 11 juillet 2017 à laquelle elle a été conviée, en enregistrant un plaidoyer de culpabilité. Une décision disciplinaire a, par la suite, été rendue par le Conseil de discipline du CMQ, en séance tenante, le 31 août dernier. La période de radiation qui a alors été imposée à l’omnipraticienne sera effective à compter du 14 octobre, à moins que celle-ci ne décide d’interjeter appel.Retrouver son amie disparueSans famille ni ami lorsqu’elle immigre au Canada, Elena Claudia Minca se lie solidement d’amitié avec une dame plus âgée, qui «l’aide et la supporte» dans les premières années suivant son arrivée, soit la période où elle tente de faire reconnaître l’équivalence de son diplôme et effectue sa résidence.Les deux femmes fréquentent alors la communauté religieuse roumaine, où des très forts liens unissent les membres. La Dre Minca va souvent manger chez la dame et lui téléphone régulièrement.Au moment de quitter pour des vacances en Roumanie, en avril 2016, elle apprend que la dame est malade et qu’elle a été amenée à l’hôpital. Durant son séjour dans son pays natal, la Dre Minca s’inquiète de l’état de santé de son amie et tente de la rejoindre, en vain.À son retour au Canada, l'omnipraticienne réussit à contacter le mari de son amie; celui-ci l’informe qu'elle a été amenée en ambulance à un endroit qui lui est inconnu.Afin de résoudre cette mystérieuse «disparition», elle décide de vérifier si des renseignements du DSQ lui permettraient de retrouver son amie. La clé d’accès de la Dre Minca ne fonctionne toutefois pas, ce qui la pousse à emprunter le numéro d’identification de son adjointe.Ainsi, le 10 juin 2016, la médecin de famille de St-Eustache accède aux résultats de tests de laboratoire et d’imagerie de son amie. Elle constate alors que la dame est hospitalisée à l’Hôpital Notre-Dame et s’y rend immédiatement.Confidentialité requiseSur place, l’omnipraticienne questionne le personnel infirmier et apprend que la dame a été amenée à l’hôpital dans un «contexte de violence conjugale». On l’informe que son mari n’est pas autorisé à la contacter et que le lieu où elle se trouve doit demeurer confidentiel afin de la protéger de toutes formes de représailles de la communauté religieuse.Cela surprend la Dre Minca qui a d’ailleurs confié, au conseil de discipline, qu’elle peine à croire que «ce couple qu’elle considère affable et sociable, vive des difficultés de cette nature». «Rien ne laisse présager une telle réalité», selon elle.Lorsque questionnée sur l'état de santé de la dame, l’assistante-infirmière-chef de l’hôpital demande alors à la Dre Minca de ne révéler aucune information, ce à quoi elle s’engage.Toutefois, après sa visite à l’Hôpital Notre-Dame, des personnes de la communauté roumaine et un avocat tentent de rejoindre la dame. Selon le rapport du conseil de discipline du CMQ, tout porte à croire que la Dre Minca «aurait divulgué le lieu où se trouve alors la dame, malgré l’engagement qu’elle prend».Ainsi, elle ouvre «une brèche dans le bouclier mis en place par le système de santé pour protéger la dame de son mari qui l’aurait violentée».

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