PharmaTrump… À quoi s’attendre?

Note: Le texte a été modifié pour inclure la nomination de Robert F. Kennedy Jr. à titre de secrétaire à la Santé.Depuis le 5 novembre, tout un chacun commente la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine afin de tenter de prévoir l’impact qu’il aura sur les grands dossiers de l’actualité.En ce qui concerne la santé, à quoi ressemblera son deuxième mandat comme président des États-Unis? Essayons de le deviner en se basant sur ce qu’il a accompli lors de son premier mandat, les promesses qu’il a faites lors de la plus récente campagne électorale et les nouveaux joueurs dans son entourage.Trump 1.0 vs 2.0Lors de son premier mandat, Donald Trump a mis en œuvre plusieurs actions afin de tenter de réduire le coût des médicaments. Il a notamment cherché à permettre aux États d'importer des médicaments moins chers depuis le Canada et d’autres pays, initiative qui n’a pas fonctionné. Il a aussi cherché à aligner les prix américains sur ceux des autres pays développés. Il est fort probable qu’il poursuivra en ce sens durant son deuxième mandat.Cependant, sa promesse d’imposer d’importants tarifs sur les importations risque de compromettre une baisse de prix. Les États-Unis sont moins dépendants que le Canada pour leur approvisionnement en médicaments génériques, mais les importations d’ingrédients actifs et de produits finis de la Chine et de l’Inde continuent de représenter une part importante de l’offre. On peut prévoir d’importants investissements en fabrication locale afin de contrer cette dépendance envers ces pays.Sa philosophie de réduction de la taille et du rôle de l’État a eu un certain impact lors de son premier mandat entre 2016 et 2020, mais les efforts en ce sens seront susceptibles d’être encore plus importants lors des quatre prochaines années. L’équilibre entre la rapidité d’approbation des nouveaux médicaments et leur sécurité pourrait notamment être affecté.On se souvient également de la réponse chaotique de l’administration Trump à la pandémie de COVID-19. Le président remettait ouvertement en question les positions du Dr Anthony Fauci et vantait certains traitements farfelus qui ne faisaient l’objet d’aucune étude sérieuse. Il faut quand même souligner l’initiative «Warp Speed» de son administration qui, en injectant des sommes faramineuses, a généré la création de vaccins efficaces en un temps record.Trump avait fait de la crise des opioïdes une priorité nationale, déclarant une urgence de santé publique en 2017. Bien que des mesures aient été prises pour réduire la surprescription d'opioïdes et promouvoir les traitements contre la dépendance, les résultats ont été mitigés. La crise demeure encore aujourd’hui un problème majeur de santé publique. Je pense qu’on peut s’attendre à un effort plus important à ce chapitre durant son deuxième mandat.Trump et ses nouveaux amisContrairement à sa première administration qui s’est révélée particulièrement désordonnée, les experts en politique américaine s’attendent à une meilleure coordination pour ce second mandat. Cela étant dit, Donald Trump est maintenant entouré de personnages encore plus controversés que durant son premier mandat. Ces derniers pourraient avoir un impact notoire sur les politiques mises en place et rendre ce mandat beaucoup plus imprévisible.Bien que le rôle d’Elon Musk ne devrait pas être très important en ce qui concerne la santé, celui de Robert F. Kennedy Jr. est devenu prépondérant avec sa nomination comme secrétaire à la santé. Ceci est assez inquiétant et les observateurs de l’industrie pharmaceutique, et plus particulièrement de la recherche scientifique, sont nerveux. Déjà, les sociétés pharmaceutiques qui développent et commercialisent des vaccins telles que Pfizer, GSK, Sanofi, et Moderna ont toutes vu la valeur de leur titre diminuer de façon importante suite à cette annonce.En effet, ce personnage a déjà émis des opinions assez tordues. Non seulement, il est très sceptique face à l'effacité des vaccins, il a aussi déjà déclaré qu’il éliminerait plusieurs départements à la Food and Drug Administration, dont celui encadrant la nutrition, et qu’il «ferait le ménage» dans d’autres agences comme les National Institutes of Health (NIH). Selon lui, les NIH devraient consacrer plus d’effort envers la médecine alternative préventive et l’approche holistique de la santé… rien de rassurant là-dedans.Il faut donc s’attendre, au mieux, à une certaine confusion sur les orientations et les priorités des grandes agences de santé américaines, et, au pire, à des changements complètement irrationnels en santé publique.Même si mon impression est que la santé ne sera pas une grande priorité de l’administration Trump, il faut malgré tout se préparer à des mouvements brusques et des politiques controversées qui pourraient avoir un impact majeur sur l'industrie pharmaceutique.Rappelons que la base électorale de Donald Trump est souvent en opposition aux institutions, et celles qui gèrent la recherche et la santé n’y font pas exception. Il faut espérer que cette administration prendra malgré tout des décisions basées sur des données probantes et qu’elle poursuivra des politiques de santé publique qui iront dans le sens du plus grand bien de tous.

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Derrière ce blogue:

Bertrand Bolduc

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