Médecin superviseur radié un an pour des gestes sexuels à l’égard d’une étudiante en médecine

L'inconduite sexuelle d’un ancien médecin superviseur de l’Hôpital St-Mary lui aura coûté très cher aux plans financier et professionnel.En plus d’avoir perdu d’importants revenus, ce qui l’a obligé à faire faillite, le Dr Stephen Daniel Harrison vient de se voir imposer une radiation temporaire de douze mois par le Conseil de discipline du Collège des médecins pour des propos et des gestes sexuels à l’endroit d’une étudiante en médecine de l’Université McGill qu’il avait supervisée durant quelques heures.Les événements qui ont mené à cette suspension se sont produits le soir du 14 avril 2010 dans les murs du Centre hospitalier de St-Mary.L’étudiante de première année, dont le nom ne peut être dévoilé, a expliqué aux enquêteurs qu’elle s’était présentée à l’hôpital en soirée dans le but de remercier l’intimé, qui l’avait supervisée lors de ses premiers contacts avec des patients de St-Mary.Elle s’apprêtait à quitter les lieux vers 22h00 quand le médecin a engagé la conversation avec elle. Ils ont d’abord discuté de médecine et de la vie en général et se sont rendus dans une salle de repos. Puis, selon la plaignante, le Dr Harrison a fait glisser la conversation sur la sexualité. Comme elle se considérait comme une personne ouverte d’esprit, elle a jugé acceptable de parler de ce sujet.Durant leurs discussions, il lui a demandé comment elle réagirait à la vue d’un pénis rasé. Elle lui a répondu qu’il lui en faudrait beaucoup plus pour être choquée. Le médecin lui a ensuite demandé si elle s’avait ce qu’étaient des «Glory Holes» et l’a invitée à visiter ce genre d’endroits et autres clubs.Ne sachant quoi répondre et se trouvant inférieure devant lui, elle a accepté, et devant la tournure que prenaient les discussions, elle a décidé de quitter l’hôpital.Mais avant son départ, le Dr Harrison lui a demandé si elle avait deux minutes à lui accorder, ce à quoi elle a dit oui. Il l’a alors amenée dans une salle d’examens pour patients.Elle a d’abord cru qu’il voulait lui montrer un élément se rapportant à la cardiologie. À grand son désespoir, cependant, a-t-elle indiqué aux enquêteurs, il lui a demandé si elle voulait voir «son pénis rasé».Elle a alors tenté de le raisonner, en lui rappelant qu’il était professeur, qu’ils se trouvaient dans un établissement de santé et qu’elle ne pouvait entretenir ce genre de relations avec lui. Le médecin a insisté en disant que lui seul avait les clefs du local et que personne ne pouvait entrer. Finalement, elle a décidé de le laisser faire par peur des représailles et des conséquences éventuelles qu’elle risquait de subir, du fait qu’il était son superviseur.Il a alors baissé ses pantalons pour exhiber son organe sexuel. Il en voulait toutefois plus. Il a touché les fesses et la poitrine de l’étudiante. Elle a tenté de le repousser, mais il a continué et exigé qu’il touche son sexe, ce qu’elle a fait.Par la suite, il s’est masturbé jusqu’à l’éjaculation et lui a demandé de toucher à son sperme. Il a alors accepté de la laisser partir et elle lui a donné la main avant de quitter la pièce et l’hôpital.Un mois plus tard, elle a reçu de la part du Dr Harrison un courriel lui disant qu’il était content de l’avoir initiée à la médecine (…) et qu’il était heureux de voir qu’elle avait une si belle ouverture d’esprit.Page 1/2Selon le procureur de la plaignante, le médecin était de garde lorsqu’il a acheminé ce message. Elle n’a jamais répondu et plus tard, elle a décidé de porter plainte contre lui auprès du Collège des médecins.Les conséquencesMarié et père de cinq enfants, le Dr Harrison a longtemps nié les faits et nié l’envoi du courriel, puis il a décidé de plaider coupable au chef numéro 1 de la plainte, qui concerne la tenue de propos à caractère sexuel et le fait de s’être adonné à des gestes sexuels envers l’étudiante.Il a quitté l’Hôpital St-Mary de lui-même pour aller pratiquer dans un CHSLD les lundi et mardi, et dans sa propre clinique les mercredi, jeudi et vendredi.Il affirme que son départ de l’hôpital à la suite de cette affaire lui a fait perdre 100 000 $ de revenu annuel et que, comme il doit verser une pension alimentaire de 3400$ par mois, il a dû déclarer faillite, faillite dont il n’est toujours pas libéré aujourd’hui.Tout au long de l’enquête, a rappelé le procureur du syndic, le Dr Harrison a complètement nié les faits et nié être l’auteur du courriel expédié à la victime.Il s’est même présenté à l’audition avec sa femme et ses enfants, ce qui a été perçu comme du chantage émotif et une tentative de manipuler les membres du Conseil de discipline.Il n’a fait comparaître aucun médecin traitant, psychiatre ou psychologue, qui aurait pu expliquer son état d’esprit lors des événements et indiquer quels moyens étaient mis en œuvre pour éviter les risques de récidive dans le futur.Après avoir finalement admis sa culpabilité, il a expliqué avoir mal interprété les intentions de l’étudiante et avoir fait preuve de mauvais jugement.Le médecin «a déshonoré la profession»Le syndic a estimé dans son plaidoyer que par ses agissements, le Dr Harrison avait déshonoré la profession médicale, d’autant que le Conseil de discipline ne cesse de marteler qu’en matière de comportement sexuel déviant, la tolérance zéro doit être appliquée. Même s’il n’avait pas d’antécédent disciplinaire, l’intimé avait perdu les avantages liés à son plaidoyer de culpabilité.Le Conseil de discipline a estimé que les gestes posés par l'intimé sont très graves et inadmissibles pour un médecin de son âge qui accepte de représenter notamment son hôpital, l'université et son Ordre professionnel auprès d'une étudiante en médecine de première année. Le fait que le Dr Harrison se soit servi de son statut pour poser ces gestes a été considéré comme un facteur aggravant, qu'il doit prendre en considération au moment de lui imposer une sanction.Pour ces raisons, le Conseil lui a imposé une radiation provisoire d'un an, une sanction que le Conseil juge lui-même sévère. Le Dr Harrison, déjà en mauvaise posture financière, devra en plus acquitter tous les déboursés, y compris ceux de la publication de la décision rendue contre lui.Page 2/2

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