L'hypertension gestationnelle augmente-t-elle le risque de troubles neurologiques futurs?

L'hypertension gestationnelle, la pré-éclampsie et l'éclampsie sont des facteurs de risque établis d'accident vasculaire cérébral et de démence plus tard dans la vie. Toutefois, on ne sait pas si ces complications de la grossesse sont associées à une augmentation du risque de développer de nouveaux troubles neurologiques dans les mois ou les années qui suivent l'accouchement.Pour étudier cette question, des chercheurs suédois ont cherché à savoir si l'hypertension gestationnelle, la pré-éclampsie et l'éclampsie étaient associées à l'apparition de migraines, de céphalées, d'épilepsie, de troubles du sommeil ou de fatigue mentale dans les mois ou les années post-accouchement. L'étude de cohorte, publiée dans le JAMA Neurology, a utilisé les données du registre médical suédois des naissances de 2005 à 2018. Le suivi a été effectué à l'aide du Registre national des patients, qui contient des diagnostics provenant de soins hospitaliers et ambulatoires spécialisés. Le suivi des patientes a débuté 42 jours après l'accouchement et s'est poursuivi jusqu'à 15 ans. À lire aussi: Projet pilote pour la santé des femmes après l'accouchement Le risque a été calculé à l'aide d'une analyse de régression de Cox et exprimé sous la forme d'un rapport de risque ajusté (RRA) avec un intervalle de confiance à 95% (IC 95%). Les chercheurs ont identifié 659 188 femmes enceintes pour la première fois avec une grossesse unique entre 2005 et 2018. Les femmes ayant reçu un diagnostic d'hypertension chronique (n=4271) ou un trouble neurologique avant la grossesse (n=6532) ont été exclues. Le résultat principal était un résultat neurologique composite de migraine, de céphalée, d'épilepsie, de trouble du sommeil ou de fatigue mentale.Les résultats sont les suivants:L'analyse de l'étude a porté sur 648 385 femmes (âge moyen de 28,5 ans au moment de leur première grossesse).Les femmes souffrant d'hypertension gestationnelle (n=11 133), de pré-éclampsie (n=26 797) et d'éclampsie (n=625) présentaient toutes un risque accru de développer de nouveaux troubles neurologiques (composé de migraines, de céphalées, d'épilepsie, de troubles du sommeil et de fatigue mentale) par rapport aux femmes dont la grossesse était normotendue.Après ajustement des facteurs de confusion, un risque accru du résultat composite a été observé pour les femmes souffrant d'hypertension gestationnelle (aHR, 1,27; IC à 95%, 1,12-1,45), les femmes souffrant de prééclampsie (aHR, 1,32; IC à 95%, 1,22-1,42) et les femmes souffrant d'éclampsie (aHR, 1,70; IC à 95%, 1,16-2,50), par rapport aux femmes ayant des grossesses normotendues.Lors de l'examen des résultats neurologiques individuels, les femmes souffrant d'éclampsie présentaient un risque plus de cinq fois supérieur d'épilepsie future (aHR, 5,31; IC à 95%, 2,85-9,89) par rapport aux femmes ayant eu une grossesse normotendue. Les femmes souffrant d'hypertension gestationnelle présentaient un risque accru de migraine (aHR, 1,39; IC à 95%, 1,19-1,63), tout comme les femmes souffrant de prééclampsie (aHR, 1,25; IC à 95%, 1,13-1,38). La prééclampsie a également été associée à un risque accru de céphalées (aHR, 1,51; IC à 95%, 1,33-1,71) et d'épilepsie (aHR, 1,32; IC à 95%, 1,07-1,63).Aucune association n'a été observée entre l'hypertension gestationnelle, la pré-éclampsie et l'éclampsie et les risques accrus de troubles du sommeil ou de fatigue mentale. Toutefois, les auteurs précisent que la prévalence de ces résultats était faible et qu'ils ne peuvent pas exclure qu'une association existante n'ait pas été détectée.Les auteurs concluent que, dans cette étude, les femmes souffrant d'hypertension gestationnelle, de pré-éclampsie et d'éclampsie présentaient un risque accru de 20 à 70% de développer de nouveaux troubles neurologiques (migraines, céphalées, épilepsie) dans les mois ou les années suivant leur premier accouchement. Lorsque l'on examine les résultats neurologiques individuels, l'association la plus forte a été trouvée entre les femmes souffrant d'éclampsie et le développement de l'épilepsie, avec un risque multiplié par cinq par rapport aux femmes ayant eu une grossesse normotendue. À lire aussi: Prééclampsie: nouvelle méthode de prédiction du risque Les auteurs soulignent que la plupart des études sur les conséquences maternelles à long terme de l'hypertension gestationnelle, de la pré-éclampsie et de l'éclampsie se sont concentrées sur les maladies cardiovasculaires ou les complications neurologiques à long terme, telles que les accidents vasculaires cérébraux, la démence et les troubles cognitifs.Les lignes directrices actuelles recommandent que les femmes souffrant d'hypertension gestationnelle et de pré-éclampsie soient suivies après l'accouchement en raison de leur risque accru de maladie cardiovasculaire. Sur la base des résultats de cette étude, les auteurs soulignent toutefois que les prestataires de soins de santé devraient également prêter attention aux symptômes neurologiques persistants ou nouveaux lors des visites de suivi, car cette catégorie de femmes semble être vulnérable au développement de troubles neurologiques futurs.Référence :Friis T, Bergman L, Hesselman S, et coll. Gestational hypertension, preeclampsia, and eclampsia and future neurological disorders. JAMA Neurol 2024; Publié en ligne le 23 décembre 2024. [consulté le 23 décembre 2024].

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