Les températures élevées pourraient accroître le risque de déficiences visuelles sévères chez les aînés

Une étude épidémiologique de l’Université de Toronto est la première à suggérer cette corrélation après avoir analysé un échantillon de 1,7 million d’Américains âgés de 65 ans et plus. Les résultats, publiés en mai 2023 dans Ophthalmic Epidemiology, doivent cependant être analysés avec prudence car la causalité entre la température et les déficiences visuelles n’a pas encore été démontrée. L’étude constitue avant tout une mise en regard des données de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique sur 100 ans avec celles de l’enquête démographique nationale American Community Survey pour les années 2012 à 2017. Tous les comtés des États-Unis, soit plus de 3000, ont été analysés. Le croisement des données a révélé que le risque de déficiences visuelles sérieuses augmente avec la température. Cette probabilité est 44% plus élevée dans les comtés où la température moyenne est de 15,5 degrés Celsius, comparée aux comtés les plus froids, où la température atteint une moyenne annuelle inférieure à 10 degrés Celsius. Au-delà de 15,5 degrés Celsius, le risque additionnel augmente plus faiblement. La corrélation perdure malgré les disparités de revenu, d’éducation, d’âge, de genre et d’origine ethnique entre les répondants au sondage. «Toute bonne science doit être répliquée en s’appuyant sur différents ensembles de données et d’autres continents», avertit toutefois Esme Fuller-Thomson, première auteure de l’étude et professeure à la faculté de travail social Factor Inwentash de l’Université de Toronto. Prévenir et s’adapter Des études précédentes avaient déjà établi des liens entre l’exposition à des températures élevées et l’incidence de certains problèmes de vision, comme les conjonctivites et la kératite infectieuse. L’équipe de recherche a émis ses propres hypothèses. L’exposition aux rayonnements ultraviolets, la dégradation de l’acide folique qui en résulte, ainsi que l’impact de la pollution atmosphérique et de la chaleur sur les infections oculaires sont des pistes envisagées. Si un lien de causalité entre la température et les déficiences visuelles était confirmé, ces résultats constitueraient un signal inquiétant étant donné l’augmentation annoncée des températures sous l’effet des changements climatiques, selon Mme Fuller-Thomson. Les projections du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) modélisent une augmentation moyenne de la température terrestre entre 1 à 5,7 degrés Celsius à l’horizon 2100 comparé aux niveaux préindustriels, en fonction de cinq scénarios d’émission de gaz à effet de serre plus ou moins optimistes. «Les problèmes de vue sont très handicapants pour les aînés. Ils peuvent rendre la conduite difficile ou dangereuse, et saper leur capacité à socialiser», insiste Mme Fuller-Thomson. Au Canada, 2,8% des adultes vivaient avec une incapacité visuelle suffisamment sévère pour les limiter dans leurs activités quotidiennes en 2012, d’après l’Enquête canadienne sur l’incapacité. Des gestes préventifs existent pourtant pour diminuer les risques, comme porter un couvre-chef et des lunettes de soleil. «Nous savons que porter des lunettes de soleil aide à se protéger de la cataracte, particulièrement si vous avez des yeux clairs», rappelle Mme Fuller-Thomson. Les médecins peuvent aussi adopter une démarche proactive en réalisant fréquemment des examens de la vue chez les patients aînés, et en les référant aux ophtalmologues.

Les températures élevées pourraient accroître le risque de déficiences visuelles sévères chez les aînés

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