Le vaccin contre le zona peut-il réellement retarder l'apparition de la démence?

La forme recombinante du vaccin contre le zona pourrait contribuer à retarder la démence, plus que le vaccin vivant.C'est du moins ce qui ressort d'une vaste étude de population dans laquelle les chercheurs ont comparé les données recueillies avant le passage de l'utilisation de vaccins vivants à l'utilisation de vaccins recombinants aux États-Unis. «Le fait de recevoir le vaccin recombinant est associé à une augmentation de 17% du temps sans diagnostic, c’est-à-dire 164 jours supplémentaires vécus sans diagnostic de démence chez les personnes éventuellement touchées», affirment des chercheurs du Royaume-Uni dans une étude publiée dans Nature Medicine.L'étude a été menée parce que certaines études antérieures avaient suggéré que le vaccin vivant pouvait protéger contre la démence. Mais les données étaient limitées. De plus, ces études antérieures avaient tendance à comparer des cohortes vaccinées avec des cohortes non vaccinées, ce qui pourrait entraîner un biais dans la mesure où les personnes qui choisissent de se faire vacciner sont généralement en meilleure santé que celles qui choisissent de ne pas se faire vacciner, indiquent les chercheurs.Pour cette étude, «nous avons utilisé une opportunité naturelle d'expérience créée par la transition rapide de l'utilisation de vaccins vivants à l'utilisation de vaccins recombinants pour comparer le risque de démence entre les différents types de vaccins», décrit l'étude.Dans le cadre de cette étude d'observation, les données des dossiers médicaux électroniques américains ont été analysées pour 208 000 personnes. La moitié, soit 103 837 personnes, ont reçu la première dose du vaccin à virus vivant, Shingrix, entre novembre 2017 et octobre 2020. Ils ont été appariés à 103 837 personnes ayant reçu leur première dose entre octobre 2014 et septembre 2017. L'équipe a ensuite analysé les diagnostics de démence jusqu'à six ans après la vaccination. La durée moyenne du suivi n'est pas précisée dans l'article.«En comparant l'incidence de la démence chez ceux qui ont reçu un vaccin contre le zona juste après par rapport à juste avant ce changement, nous pourrions estimer avec précision l'association entre l'exposition au vaccin recombinant et l'incidence ultérieure du diagnostic de démence », indique le document.Les résultats ont montré que les personnes ayant reçu le vaccin recombinant avaient un risque plus faible de développer une démence au cours des six années de suivi que celles ayant reçu le vaccin vivant. Cela s'est traduit par une augmentation de 17% de la durée pendant laquelle les personnes ont vécu sans diagnostic de démence, soit 164 jours supplémentaires sans diagnostic chez les personnes concernées.«L'association a été observée de manière cohérente dans toutes les sous-catégories de démence, à l'exception de la démence frontotemporale et de la démence à corps de Lewy», spécifie l'étude. À lire aussi: Les vaccins peuvent-ils contribuer à prévenir la maladie d'Alzheimer?Les résultats suggèrent que les femmes bénéficient d'une protection légèrement supérieure, ce qui «mérite d'être approfondi».Aucune différence n'a été observée en ce qui concerne la mortalité toutes causes confondues. L'étude indique également que «les deux vaccins contre le zona ont été associés à un risque plus faible de démence que les vaccins contre la grippe et le vaccin combiné contre la diphtérie, la coqueluche et le tétanos (dcaT)». De manière générale, les deux vaccins contre le zona semblent avoir un effet protecteur, mais l'effet du vaccin recombinant est légèrement plus important. Le mécanisme par lequel le vaccin pourrait offrir une protection contre la démence n'est pas connu, bien que l'on puisse supposer que l'infection par l'herpès elle-même puisse être à l'origine de la démence. La prévention de ces infections pourrait donc réduire le risque.L'un des plus grands spécialistes des maladies infectieuses au Canada n'est pas totalement convaincu. «Je dois dire que je suis un peu sceptique», déclare le Dr Sumon Chakrabarti. «Je pense que le vaccin lui-même est excellent et qu'il présente un avantage clinique très important contre le zona, mais je ne pense pas que cette étude nous permette nécessairement de conclure qu'il prévient la démence», explique-t-il.«Il n'est pas tout à fait clair s'il s'agit réellement d'une réduction de la démence. La conception de l'étude est rétrospective et est sujette à des biais. Par exemple, l'effet pourrait être indirect: les personnes qui n'ont pas été vaccinées sont plus susceptibles de développer un zona, ce qui peut conduire à une consultation médicale au cours de laquelle une démence déjà existante est diagnostiquée», souligne-t-il.Quoi qu'il en soit, l'étude jette les bases pour d'éventuelles recherches futures.

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