Le régime alimentaire «occidental» est mauvais pour l’intestin; comment les autres diètes se comparent-elles?

Une nouvelle étude affirme que le régime alimentaire occidental typique n’est pas de bon augure pour la santé intestinale. Comparé à d’autres régimes, le régime occidental entraîne une «réduction marquée» de la diversité microbienne intestinale, selon une étude publiée dans la revue Nature Reviews Microbiology, qui synthétise les recherches existantes sur l’interaction entre le régime alimentaire d’une personne et son microbiome intestinal.«La perte de diversité microbienne intestinale est concomitante à un régime alimentaire occidental», écrivent ses auteurs. Le microbiote intestinal joue un rôle important dans la régulation du métabolisme, et une réduction de sa diversité est liée à plusieurs troubles métaboliques, notent les chercheurs. Les pays industrialisés ont tendance à adopter un régime alimentaire occidental, tandis que les pays non industrialisés ont tendance à adopter une alimentation diversifiée, à base de plantes complètes, observent les scientifiques. Par conséquent, les non-Occidentaux ont généralement un microbiote intestinal plus riche.«De nombreuses études révèlent systématiquement une plus grande diversité bactérienne et une plus grande richesse microbienne dans les populations non occidentales classiques.»Les «entérosignatures» ou «guildes microbiennes» des populations occidentales sont dominées par des bactéries des genres Bacteroides et Prevotella et de l’embranchement des Firmicutes, selon une recherche citée dans l’étude, qui a caractérisé 5230 métagénomes intestinaux. En revanche, les entérosignatures des populations non occidentales se composent principalement des genres Prevotella et Firmicutes, avec un nombre minime d’espèces Bacteroides.Selon l’étude, la présence de Bacteroides ainsi que la prévalence d’espèces de Blautia et de Ruminococcus (qui sont également associées à un régime alimentaire occidental) sont liées à un risque accru d’inflammation chronique et de troubles métaboliques tels que les maladies inflammatoires de l’intestin.Le régime alimentaire occidental se compose généralement d’aliments ultra-transformés à haute teneur en calories, enrichis en protéines animales, en graisses saturées et en sucres simples, avec des quantités «insuffisantes» de fibres, de fruits et de légumes, selon l’étude.Ce régime est associé à un microbiome intestinal qui produit moins d’acides gras à chaîne courte (AGCC), des métabolites qui «présentent plusieurs avantages pour la santé», notamment la protection de la muqueuse intestinale contre les dommages en augmentant la sécrétion de mucus et en diminuant le pH luminal. Les AGCC ont également des effets anti-inflammatoires et immunomodulateurs qui contribuent à la santé globale de l’intestin et réduisent le risque de maladies gastro-intestinales.Selon l’étude, certains composés de la viande rouge peuvent nuire à la santé d’une personne en raison de leur interaction avec le microbiome intestinal. Par exemple, la choline et la carnitine peuvent être transformées par le microbiome intestinal en triméthylamine. Le foie convertit alors cette dernière en triméthylamine-N-oxyde (TMAO), qui est associé aux maladies chroniques.Les aliments transformés contiennent également de nombreux additifs, conservateurs et émulsifiants qui peuvent interagir directement ou indirectement avec le microbiome intestinal, écrivent les auteurs. Par exemple, le carraghénane, un additif présent dans de nombreux aliments transformés, peut entraîner une inflammation de l’intestin et une perturbation de la couche de mucus, ce qui provoque des changements dans le microbiome intestinal.«Le régime alimentaire occidental est globalement lié à l’augmentation de l’inflammation chronique conduisant à des maladies liées à l’alimentation, y compris l’obésité et de nombreuses autres maladies non transmissibles», affirment les auteurs.Lire aussi: Médicaments et nutrition: un nouvel outil en ligne permet de rechercher les interactions potentiellesL’étude a également examiné comment d’autres types de régimes alimentaires interagissent avec le microbiome intestinal et, par extension, influencent l’état de santé général d’une personne.Les chercheurs précisent qu’il s’agit d’effets généraux et que chaque personne a une «réponse microbienne personnalisée» aux différents régimes.Ils ont également indiqué que la recherche actuelle se concentre essentiellement sur les données provenant d’Europe et d’Amérique du Nord, 70% des données publiées sur le microbiome humain provenant de ces régions, bien qu’elles abritent moins de 15% de la population mondiale totale.«Les pays à faible revenu sont largement sous-représentés et les maladies qui leur sont associées, comme la malnutrition, reçoivent beaucoup moins d’attention», soulignent-ils. Régime méditerranéenCe régime est considéré comme «l’étalon-or» de la médecine préventive, car il peut contribuer à atténuer et à gérer de multiples affections, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, les maladies inflammatoires de l’intestin, le syndrome du côlon irritable, le déclin cognitif et la dépression. Le régime alimentaire influence «la communication entre le microbiome intestinal et le cerveau par diverses voies», indiquent les chercheurs. Il consiste en «une consommation élevée d’aliments végétaux non transformés, d’huile d’olive, de produits laitiers, d’une consommation modérée de volaille et de poisson, et de faibles quantités de viande rouge».Il est associé à une abondance accrue de Faecalibacterium prausnitzii et d’espèces de Roseburia «favorables à la santé». «Ces changements dans le microbiome résultant de l’alimentation sont liés à une production accrue d’acides gras saturés et à une production réduite de sous-produits métaboliques (tels que l’éthanol, les paracrésols et le dioxyde de carbone).»Lire aussi: Le sirop d'érable atténuerait les méfaits d'une alimentation riche en gras et sucreRégime riche en fibresUn régime riche en fibres augmente considérablement la quantité d’espèces «bénéfiques» de Lactobacillus et de Bifidobacterium dans le microbiome intestinal.Il est également lié à une augmentation de la production d’acides gras saturés. Lorsqu’elles atteignent l’intestin, les fibres alimentaires subissent une fermentation par le microbiote intestinal, ce qui entraîne la production d’acides gras saturés tels que l’acétate, le propionate et le butyrate. Cela active les récepteurs couplés aux protéines G (GPCR) 41 et 43, qui déclenchent la sécrétion d’hormones intestinales, y compris celles qui jouent un rôle crucial dans la régulation de l’appétit.«Le métabolisme des fibres alimentaires par le microbiote intestinal entraîne une cascade d’effets bénéfiques sur la santé humaine, notamment une amélioration de la sensibilité à l’insuline et de l’oxydation des acides gras, ainsi qu’une réduction de l’inflammation.»Régime à base de plantesLes régimes à base de plantes sont enrichis en polyphénols, des métabolites secondaires présents dans les fruits, les légumes, les céréales, le vin, le thé et le café.Il a été démontré que les changements apportés au microbiome intestinal par les polyphénols favorisent l’intégrité de la barrière intestinale ainsi que l’homéostasie des poumons et du système nerveux central.De petites quantités de polyphénols (5 à 10%) sont absorbées dans l’intestin grêle, tandis que la majorité des polyphénols (90 à 95%) interagissent avec les microbiomes de l’iléon et du côlon, «où ils favorisent l’abondance des espèces Bifidobacterium, Akkermansia et Lactobacillus, apportant ainsi des propriétés anti-inflammatoires et anti-pathogènes substantielles, ainsi qu’une protection cardiovasculaire».Régime hyperprotéinéUn régime hyperprotéiné est généralement considéré comme un régime dont l’apport en protéines est supérieur à 1,5 gramme par kilogramme de poids corporel. Il est généralement utilisé par les athlètes et prescrit pour la perte de poids chez les personnes souffrant d’obésité.Les différentes protéines complexes ont des niveaux de digestibilité et des compositions en acides aminés variables. Il existe quelques espèces de bactéries impliquées dans le processus de protéolyse, ou de décomposition des protéines, principalement Bacteroides, Bacillus, Clostridium, Phocaeicola, Propionibacterium, Fusobacterium, Lacticaseibacillus et Streptococcus. Ces bactéries sont «enrichies» dans les microbiomes intestinaux des personnes qui suivent un régime riche en protéines. Lire aussi: Connaissez-vous le régime portfolio?Les bactéries protéolytiques utilisent des peptidases, des protéases et des endopeptidases — des enzymes impliquées dans la décomposition des protéines — pour libérer des peptides courts et des acides aminés libres.La plupart des acides aminés sont fermentés en acides gras saturés. Cependant, d’autres acides aminés sont fermentés en composés potentiellement inflammatoires, tels que les indoles et les composés phénoliques, l’ammoniac, les amines, les acides organiques et le sulfure d’hydrogène.Certains de ces composés peuvent être impliqués dans des maladies. Par exemple, les indoles peuvent atteindre le foie et se transformer en sulfate d’indoxyle, un métabolite toxique «délétère» pour les reins et également impliqué dans le dysfonctionnement endothélial.Le sulfure d’hydrogène, quant à lui, est potentiellement «mutagène» et peut contribuer à l’inflammation et augmenter le risque de cancer du côlon.Régime cétogèneLe régime cétogène consiste en une très faible consommation de glucides, ainsi qu’une consommation modérée de protéines et d’aliments riches en graisses. Ce régime implique généralement le respect d’un rapport de 4:1 entre les graisses (mesurées en grammes) et le total combiné des protéines et des glucides.Ce modèle alimentaire reproduit les réactions métaboliques d’une personne à jeun. Cela augmente les niveaux de corps cétoniques, des molécules dérivées des acides gras qui servent de source d’énergie alternative au glucose. Le régime cétogène est utilisé depuis longtemps pour le traitement de l’épilepsie. De nouvelles recherches ont également montré que ce régime est bénéfique pour le traitement d’autres troubles, notamment la maladie d’Alzheimer, l’obésité et le cancer.Des recherches précliniques suggèrent qu’un régime cétogène favorise une «modification substantielle» de la composition du microbiome intestinal, «plus particulièrement» caractérisée par des niveaux accrus d’espèces d’Akkermansia, de Lactobacillus, de Roseburia et de Parabacteroides, et par des niveaux substantiellement réduits d’espèces de Turicibacter, de Desulfovibrio, d’Escherichia et de Shigella. «En raison de la diminution subséquente du microbiote intestinal bénéfique et de la promotion de bactéries intestinales pro-inflammatoires et pathogènes, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les effets à long terme du régime cétogène sur la santé de l’hôte», signalent les chercheurs.

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