Le nerf de la guerre dans les établissements de santé

Dans les établissements de santé, les mesures de contrôle des infections et les cordons sanitaires mis en place seront le nerf de la guerre. Soyez vigilants!La pandémie de Covid-19 qui a frappé de plein fouet le Québec a exposé aux grands vents les points faibles du réseau de la santé. Longtemps délaissés au profit des missions hospitalières et de soins primaires, les centres de soins de longue durée n’ont pu résister au puissant affront de la Covid-19.Ils avaient déjà de la difficulté à garder et recruter du personnel. De plus, les installations vétustes de nombreux centres n’étaient tout simplement pas adaptées à une épidémie de cette ampleur.La pénurie et le retrait préventif de bon nombre d’employés, l’absence quasi totale de directions dans de nombreux centres et le manque d’équipements de protection individuelle ont rendu plusieurs établissements complètement perméables à une propagation rapide du virus. Les conséquences ont été désastreuses avec plus de 140 centres aux prises avec des éclosions, des étages complets de personnes infectées et beaucoup trop de morts des suites de la Covid.Comme disait la Dre Miao Jenny Hua, résidente à l’hôpital du Mont Sinaï, des employés et des patients se sont comportés sans le vouloir comme des insectes lors de la pollinisation et ils ont transporté le virus de la Covid de personne en personne, infectant géographiquement plusieurs milieux de vie de patients vulnérables.Les centres de longue durée n’ont pas été les seuls établissements à être affectés par le virus. Le Devoir rapportait le 25 avril que des hôpitaux étaient placés sous haute surveillance à la suite d’éclosions de Covid. On pense que des employés ou des patients asymptomatiques auraient pu partir une chaîne de transmission à l’intérieur des murs de l’hôpital.L’instauration de zones froides et de zones chaudes a permis de mieux séparer les personnes infectées de celles qui ne le sont pas. De plus, avec le recrutement de personnel et l’ajout d’équipements de protection individuelle, le réseau a pu reprendre provisoirement le dessus sur la propagation du virus et briser la chaîne de transmission. Mais le travail est de longue haleine et les efforts demandent une vigilance constante.Comme le rapporte la Dr Hua dans un texte du Health Affairs, les méthodes de contrôle des infections mises en place dans les établissements de santé permettent de contrôler les lieux lorsque bien pensées et implantées.Malgré que les notions de cordons sanitaires datent de Matusalem, elles demeurent d’actualité et toujours nécessaires en temps d’épidémies. Des cordons sanitaires sont installés comme séparation spatiale afin de restreindre les mouvements et protéger employés et patients. Ils sont installés pour isoler les patients suspectés d’avoir la Covid de ceux qui doivent être traités.Pour la Dr Hua, à défaut d’avoir des tests de dépistage pour tous les patients, il faut se rabattre sur une séparation des différentes cohortes selon la géographie des lieux, en assignant des employés à des lieux spécifiques.La direction ne veut pas que des personnes asymptomatiques pollinisent de nombreuses unités de soins en se déplaçant de département en département. Pour ce faire, les mouvements des docteurs, des infirmières et des préposés sont limités au même espace physique de l’hôpital.Pour les salles des hôpitaux assignées à la Covid, les mesures de contrôle de l’infection sont très pointues et rigoureuses avec souvent deux ou trois antichambres de décontamination pour l’entrée et la sortie des employés. Pour pénétrer dans ces salles, il est demandé de se vêtir avec le maximum d’équipements de protection individuelle afin de diminuer les risques de contamination. De plus, des échangeurs ou filtreurs d’air fonctionnels sont utiles pour récupérer rapidement les aérosols.Et pour coordonner le tout, des protocoles de désinfection, de stérilisation et de prévention des infections doivent être révisés, adaptés et mis à jour continuellement par les gestionnaires et les coordonnateurs de département. Souvent ce sont les détails, la rigueur et la vigilance qui font la différence.À l’Hôpital général juif, tous les employés portent visières, masques et gants en tout temps, à la fois dans les zones chaudes et les zones froides, afin de prévenir les bris de protocoles et les patients asymptomatiques. Tout patient est considéré à risque.Les établissements de santé n’ont d’autres choix que d’être proactifs et innover. Ils doivent adapter les mesures de protection des employés et des patients et modifier leurs façons de faire.La situation va changer rapidement lorsque des tests de dépistage efficaces seront disponibles en quantité suffisante dans tous les établissements de santé, mais d'ici là, ces milieux de soins doivent devenir des forteresses capables de contrer les feux qui surviennent à l’intérieur de leur enceinte et de les éteindre sitôt allumés par inadvertance.

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Derrière ce blogue:

Benoit Gareau

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