Le diagnostic soudain d'un cancer agressif de la prostate reçu par Joe Biden n'est, hélas, que trop courant

Le cabinet de l'ancien président Joe Biden a annoncé dimanche qu'il a reçu un diagnostic de cancer agressif de la prostate et qu'il examinait les options de traitement avec ses médecins.Âgé de 82 ans, Joe Biden présentait des symptômes urinaires croissants et a été examiné la semaine dernière par des médecins qui ont découvert un nodule prostatique. Vendredi, il a reçu un diagnostic de cancer de la prostate avec métastases osseuses, a indiqué son cabinet dans un communiqué.«C'est un scénario très courant», déclare le Dr Matthew Smith du Massachusetts General Brigham Cancer Center. Les hommes peuvent «se sentir tout à fait bien et un diagnostic de cancer de la prostate métastatique peut se présenter par surprise».À lire aussi: Risque de cancer: vaut-il mieux boire du vin rouge ou du vin blanc?Les directives déconseillent le dépistage du cancer de la prostate aux hommes de 70 ans et plus, de sorte que l’ex-président n'a peut-être pas effectué régulièrement des analyses sanguines pour mesurer l'antigène prostatique spécifique (APS), indique le Dr Smith. De plus, si le dosage de l’APS peut aider à détecter certains cancers chez certains hommes, il n'est pas très efficace pour identifier un cancer de la prostate agressif, estime le médecin.Lorsqu'il est détecté à un stade précoce, le cancer de la prostate offre de bonnes chances de survie, mais c’est aussi la deuxième cause de décès par cancer chez les hommes. Selon l'American Cancer Society, environ un homme sur huit se verra diagnostiquer un cancer de la prostate au cours de sa vie.Voici ce qu'il faut savoir sur le cancer de la prostate métastatique.Qu'est-ce que la prostate?La prostate fait partie de l'appareil génital masculin. Elle produit le liquide qui forme le sperme. Elle est située sous la vessie et s'enroule autour de l'urètre, le tuyau qui transporte l'urine et le sperme à travers le pénis.Quelle est la gravité du cancer de Joe Biden?Le cancer de Joe Biden s'est propagé aux os, a indiqué son cabinet. Il est donc plus grave qu'un cancer de la prostate localisé ou à un stade précoce.Les résultats se sont améliorés au cours des dernières décennies et les patients peuvent espérer vivre avec un cancer de la prostate métastatique pendant quatre ou cinq ans, mentionne le Dr Smith. «C'est un cancer qui se traite très bien, mais qui ne se guérit pas», précise-t-il.Quelles sont les options thérapeutiques?Le cancer de la prostate peut être traité avec des médicaments qui réduisent les niveaux d'hormones dans le corps ou qui empêchent celles-ci de pénétrer dans les cellules cancéreuses de la prostate. Ces traitements peuvent ainsi ralentir la croissance des cellules cancéreuses.«La plupart des hommes dans cette situation seraient traités avec des médicaments et il ne leur serait pas conseillé d'avoir recours à la chirurgie ou à la radiothérapie», observe le Dr Smith.Qu'est-ce que le score de Gleason?L'agressivité des cancers de la prostate est évaluée à l'aide du score de Gleason. L’échelle va de 6 à 10, les cancers de la prostate de niveau 8, 9 et 10 se comportant de manière plus agressive. Le cabinet de Joe Biden a précisé que le cancer de l’ex-président était de stade 9, ce qui laisse entendre qu’il s’agit de l'un des cancers parmi les plus agressifs.Les hommes plus âgés doivent-ils se faire dépister?Le dépistage par dosage sanguin de l’APS peut conduire à des traitements inutiles avec des effets secondaires qui affectent la qualité de vie. Les lignes directrices déconseillent le dépistage de l’APS aux hommes de 70 ans et plus.Ce test recherche des niveaux élevés d'une protéine qui peut être synonyme de cancer, mais qui peut également être causée par des problèmes de prostate moins graves ou même par un exercice physique vigoureux.Lire aussi: Le toucher rectal n’est pas assez fiable pour dépister le cancer de la prostatePour les hommes âgés de 55 à 69 ans, le groupe de travail américain sur les services préventifs (U.S. Preventive Services Task Force) affirme que le dépistage «offre un petit avantage potentiel en réduisant le risque de décès par cancer de la prostate chez certains hommes». Le groupe de travail ajoute que «de nombreux hommes subiront les inconvénients potentiels du dépistage, notamment des résultats faussement positifs qui nécessitent des tests supplémentaires et éventuellement une biopsie de la prostate, entraînant un surdiagnostic et un surtraitement, ainsi que des complications liées au traitement, telles que l'incontinence et les troubles de l'érection».Au Québec, le ministère de la Santé recommande que le dépistage du cancer de la prostate par dosage de l’APS soit offert aux hommes de 55 à 69 ans, qui ont une espérance de vie de plus de 10 ans «uniquement aux hommes qui en font la demande après une décision éclairée».Le diagnostic tardif est-il plus fréquent chez les hommes plus âgés?Oui. Parmi tous les hommes ayant reçu un diagnostic de cancer de la prostate entre 2017 et 2021 - et dont la stadification du cancer a été enregistrée -, les hommes de 75 ans et plus étaient plus susceptibles d'être diagnostiqués à un stade avancé de la maladie que ceux moins âgés.À consulter: La prévention plus efficace que les traitements pour réduire la mortalité due au cancerUn homme sur cinq de 75 ans et plus atteint d'un cancer de la prostate a été diagnostiqué avec un cancer métastasé, contre seulement 6,3% des hommes de moins de 75 ans, selon une analyse de l'AP des données fédérales du groupe de travail sur les statistiques du cancer aux États-Unis.Entre 2017 et 2021, 90 551 hommes américains ont été diagnostiqués avec un cancer de la prostate à un stade avancé, ce qui représente environ 8,8% des diagnostics de cancer de la prostate. Plus de 40% d'entre eux avaient 75 ans ou plus.Kasturi Pananjady, journaliste de données à l'AP, a contribué à ce rapport.Le département Santé et Sciences de l'Associated Press bénéficie du soutien du Howard Hughes Medical Institute's Science and Educational Media Group et de la Robert Wood Johnson Foundation. L'AP est seul responsable de l'ensemble du contenu.

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