La trajectoire d’atterrissage menant à la retraite

Je ne sais pas exactement quand cela m'a frappé.Ma carrière de médecin s'est déroulée très rapidement – prenez-en note, vous les jeunes qui suivez derrière.L'idée de la retraite, si facilement écartée auparavant, devient de plus en plus prégnante avec l'âge.À combien de patients ai-je posé la question suivante: «Et vous, comment trouvez-vous votre retraite?» La plupart, sinon tous, répondent: «C'est génial, je ne sais pas comment j'ai fait pour trouver du temps pour travailler.» Je souris et je me dis: «Comment vais-je occuper mes journées, privé de contact avec les patients, de défi diagnostique, d'interaction collégiale, de succès thérapeutique? Ou bien, comme un vieux soldat, vais-je simplement disparaître, un "has been", un souvenir bientôt oublié?»Je pense que nous aspirons tous – du moins dans cette profession – à ces brefs moments d'émerveillement. Sauver une vie, alors que la mort tient le patient à la gorge. Lutter contre les démons qui menacent le parcours de vie d'un étranger. Prendre des décisions que d'autres ne peuvent pas prendre. Faire une différence dans la respiration d’une grand-mère. Contribuer au bien-être de votre communauté locale ou de la société en général. N'oubliez pas que nous n'avons peut-être qu'un seul patient devant nous, mais une famille élargie et des amis qui bénéficient aussi de ce que nous faisons.Rob avait 29 ans lorsque j'ai diagnostiqué son angine de poitrine (et non des brûlures d'estomac) et que je lui ai posé une endoprothèse. Il a par la suite ensuite construit des maisons et est devenu un entrepreneur prospère. Mark avait 53 ans lorsque son infarctus a été thrombolysé dans les urgences d'une petite ville: il a profité de ses enfants et de ses petits-enfants pendant 24 années supplémentaires. Le polytraumatisé de Bay One, intubé et choqué, qui s'en est sorti et a pu rouler à nouveau sur sa Harley. Gwen, 95 ans, résidant dans une maison de retraite hors de la ville, était accablée par une insuffisance cardiaque. Elle m'a envoyé une carte de remerciement peu après son rétablissement, me disant qu'elle se sentait capable de danser sur une table.Je ne pense pas avoir simplement ajouté un paragraphe à leurs histoires; j'ai contribué à réécrire leur épilogue. Quel privilège d'avoir fait partie de leur vie, avec l'aide de collègues remarquables.À lire aussi: Conseils de pros pour une retraite épanouieJ'ai cherché un moyen de décrire le processus qui m'attendait. J'ai cherché sur Google «comment faire atterrir un avion lorsque le pilote fait un arrêt cardiaque». J'ai appris un certain nombre de choses, dont certaines se traduisent bien dans un plan d’atterrissage menant à la retraite (j’assume que cet «avion n'a pas de copilote» ou tout «autre personne qualifiée»). Cela commence par «Asseyez-vous, respirez et ne paniquez pas». Bon début, me suis-je dit.«Trouvez un casque et réglez-le sur le canal 121.500RT.» D’accord.«Mayday, mayday, mayday, passager du vol AC906 à destination de YYY.» En effet!«Réglez le transpondeur sur 7700 Squak.» Là, je suis nerveux: c'est quoi cette histoire de squak?«Carburant 4,5 tonnes, altitude 3000.» Je m'accroche à la vie.Je devrais signaler mon cap, mettre les pieds sur les pédales du gouvernail et attacher ma ceinture de sécurité (hein?).Je manipule le panneau de communication, je mets le RT en communication et je règle «ILS 100.50 autoland». Oh, j'aime bien ce mot, «autoland».À partir de là, il s'agit surtout de perdre de la vitesse (volets) et d'en perdre encore plus (auto-frein), et de trouver les boutons d'approche/autopilote. Une fois que je suis sur la trajectoire de descente, il s'agit de contrôler la vitesse et l'altitude (et, oui, de ne pas oublier de sortir le train d'atterrissage). Lorsque les roues entrent en contact (à 140 km/h), je suis censé freiner et couper l'alimentation en carburant. Je ne pense pas être en mesure d'inverser la poussée. Je roule jusqu'à l'arrêt et j'espère trouver le bouton «OFF».Que s'est-il donc passé récemment pour contribuer au succès de cet atterrissage?À lire aussi: À chaque médecin sa retraiteLa COVID a été un processus. Des années ont passé (et une ablation du flutter auriculaire). Mon frère jumeau meurt d'une tumeur cérébrale à 65 ans. Les frais généraux du cabinet augmentent considérablement. Le travail à l'hôpital diminue et ma valeur en tant que membre d'une équipe s'amenuise. Ma femme mérite de vivre sa vie. Mes enfants ont quitté le nid.L'analogie d'une trajectoire de descente est peut-être appropriée à la retraite. Après tout, j'ai besoin de ralentir, de ne pas mettre en danger les passagers et de faire en sorte que les roues touchent le tarmac sans trop de heurts. Mon père a piloté des DC3 pendant la guerre et m'a raconté quelques histoires. Il a toujours atterri sans encombre, sans quoi je ne serais pas en train d'écrire ces lignes.Sans surprise, communiquer est la première chose à faire. Où allez-vous et quand y serez-vous? Vous devez vous assurer que ceux qui vous maintiennent en altitude connaissent vos projets et que vos passagers savent qu'il faut redresser les dossiers des chaises, ranger les tables et se préparer.La communication se fait avec votre comptable, votre banque, votre conseiller financier, votre chef de bureau, le Collège des médecins, votre réseau de référence et votre équipe de secrétariat. Perdre de l'altitude, du carburant et réduire la vitesse, c'est ralentir son rythme de travail, ou du moins son intensité, afin d'améliorer ses chances de réussite. Après tout, vous voulez repartir avec le sourire, de bons souvenirs et une réputation intacte.Alors, où en suis-je, 10 mois après le début de ma retraite? J'ai fait de la suppléance pendant quelques semaines. Je n'ai pas piloté de gros avions, mais des planeurs. Je cherche des courants ascendants. Il n'est pas facile de trouver du travail, même lorsque le public en a besoin. Il faut donc prévoir une autre carrière pour le moment où la première s'éteindra. L'écriture, la peinture, les voyages, le kayak... Une carrière que vous pourrez partager avec votre famille si vous êtes vos patients.Alors, où en suis-je, dix mois après le début de ma retraite ? J'ai fait de la suppléance pendant quelques semaines. Je n'ai peut-être pas piloté de grands oiseaux, mais des planeurs. Je cherche des thermiques. Il n'est pas facile de trouver du travail, même lorsque le public en a besoin. Il faut donc prévoir une autre carrière pour le moment où la première s'éteindra. L'écriture, la peinture, les voyages, le kayak... une carrière que vous pourrez partager avec votre famille si vous êtes comme vos patients.

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