La taille et la forme du cœur changent avec l'exercice à haute intensité

Les cliniciens, les scientifiques et les responsables de la santé publique reconnaissent depuis longtemps que l'exercice physique est un moyen important de rester en bonne santé tout au long de la vie. Il améliore la condition physique générale, contribue à la formation de muscles et d'os solides, réduit le risque de maladies chroniques, améliore l'humeur et ralentit le déclin corporel.L'exercice physique peut également réduire de manière significative le risque de développer des conditions qui affectent négativement la santé cardiaque, telles que l'hypertension artérielle, l'hypercholestérolémie et l'obésité. Mais pratiqué en abondance tout au long de la vie, il peut également nuire au cœur, entraînant l'apparition d'une affection appelée «cœur d'athlète».En tant que directeur de la cardiologie sportive au Anschutz Medical Campus de l'Université du Colorado, on me demande souvent quel niveau et quel type d'exercice sont requis pour en retirer des bienfaits. De nombreuses personnes s'interrogent également sur les risques liés à l'exercice et sur ce qui se passe si l'on en fait trop.L'American Heart Association recommande généralement 150 minutes d'exercice d'intensité modérée, comme la marche rapide, ou 75 minutes d'exercice d'intensité élevée, comme la course à pied, chaque semaine. Elle conseille également de pratiquer des exercices de renforcement musculaire au moins deux fois par semaine.Lorsque les personnes dépassent ces recommandations, le cœur peut se modifier en réaction, c'est-à-dire qu'il commence à changer de taille et de forme. En conséquence, la fonction cardiaque peut également évoluer. Ces modifications de la structure et de la fonction cardiaques chez les personnes qui font beaucoup d'exercice sont dénommées le «cœur d'athlète». Ce cœur-là ne pose pas nécessairement de problèmes, mais chez certaines personnes, il peut augmenter le risque de divers problèmes cardiaques.Qu'est-ce que le cœur d'athlète?Pour comprendre comment l'exercice physique affecte le cœur, il est important de considérer le type d'exercice pratiqué.Les exercices sont généralement divisés en deux grandes catégories: les dynamiques et les statiques.Les exercices dynamiques - comme la course à pied, le ski de fond et le football - exigent du cœur qu'il pompe une quantité accrue de sang afin de soutenir l'activité, comparée à celle fournie à l'organisme au repos. En courant, la quantité de sang pompée par le cœur vers le corps peut, par exemple, être multipliée par trois ou cinq par rapport à celle au repos.Les exercices statiques - comme l'haltérophilie, la gymnastique ou l'escalade - exigent du corps qu'il utilise les muscles squelettiques pour pousser ou tirer de lourdes charges. Bien que le cœur pompe davantage de sang vers les muscles squelettiques qui travaillent pendant ces activités, ce genre d'exercices dépendent de la capacité d'un muscle à déplacer le poids. Par exemple, pour faire des flexions avec des haltères, les biceps doivent être suffisamment forts pour soulever le poids désiré.Certains exercices, comme l'aviron ou le cyclisme, sont à la fois très dynamiques et très statiques parce qu'ils demandent au cœur de pomper de grandes quantités de sang tout en exigeant une grande force musculaire pour soutenir l'effort.Il est important de faire la distinction entre les exercices dynamiques et statiques car le cœur s'adapte différemment au fil du temps. Les exercices dynamiques augmentent le volume de sang pompé par le cœur et peuvent à force entraîner sa dilatation. Les exercices statiques augmentent la pression exercée sur le cœur et peuvent également provoquer son élargissement avec le temps, mais avec des parois épaissies.Qui développe un cœur d'athlète?L'exercice qui excède les recommandations, par exemple plus d'une heure la plupart des jours de la semaine, peut entraîner le développement d'un cœur d'athlète. Il apparaît généralement chez les sportifs d'endurance, qui participent régulièrement à des activités telles que des marathons ou d'autres épreuves de longue durée. Nombre d'entre eux s'entraînent plusieurs heures par jour et plus de 12 à 15 heures par semaine.Chez les coureurs, le cœur se modifie en réponse à la nécessité de pomper un volume élevé de sang. En conséquence, les cavités cardiaques s'élargissent pour contenir et pomper plus de sang. Chez les haltérophiles, le cœur se remodèle en s'épaississant en réponse à l'augmentation de la pression exercée sur ses parois.Lire aussi: Santé cardiovasculaire: les progrès de 2023, selon l'AHAL'exercice est bon pour le corps, et un cœur athlétique est le résultat d'un engagement à vie dans une activité qui favorise la santé. Cependant, un cœur d'athlète peut poser certains problèmes.Tout d'abord, les sportifs dont le cœur est nettement hypertrophié risquent de développer une fibrillation auriculaire, c'est-à-dire un rythme cardiaque anormal qui survient généralement chez les personnes âgées, les personnes souffrant d'hypertension artérielle ou d'insuffisance cardiaque. Les anomalies du rythme cardiaque sont inquiétantes, car elles peuvent entraîner un accident vasculaire cérébral.La fibrillation auriculaire peut survenir chez les athlètes pour de nombreuses raisons. Une oreillette dilatée - la cavité supérieure du cœur - peut s'enflammer et développer du tissu cicatriciel, augmentant ainsi le risque de fibrillation auriculaire. Le stress et les facteurs environnementaux peuvent également contribuer à augmenter le risque d'arythmie.Échocardiographie d'un athlète de 30 ans souffrant d'une hypertrophie cardiaque (crédit Runandbike/Wikimedia Commons, CC BY-SA)La calcification des artères coronaires (CAC) est une autre préoccupation chez les sportifs de haut niveau. Ce phénomène, qui survient généralement chez les personnes âgées ou chez celles qui présentent des facteurs de risque de maladie coronarienne, augmente le risque de crise cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral. Ces dernières années, les médecins ont utilisé des tests d'imagerie pour surveiller l'accumulation de calcium dans les artères de leurs patients afin d'essayer de déterminer leur risque de crise cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral au fil du temps.Les raisons pour lesquelles les athlètes de haut niveau développent une calcification des artères coronaires ne sont pas tout à fait claires. Heureusement, il ne semble pas que ceux-ci présentent un risque accru de crise cardiaque, même lorsqu'ils présentent des niveaux très élevés de CAC. Par exemple, une vaste étude portant sur près de 22 000 participants a montré que même les athlètes qui faisaient beaucoup d'exercice et présentaient des taux élevés de CAC n'avaient pas un risque accru de décès par maladie cardiovasculaire au cours d'une décennie de suivi.Certains sportifs s'inquiètent à juste titre de l'accumulation de calcium dans leurs artères cardiaques et peuvent se demander s'ils devraient, ou non, prendre des médicaments tels l'aspirine ou les statines. Mais les risques varient d'une personne à l'autre, c'est pourquoi toute personne préoccupée par la CAC devrait en parler à son médecin.Lire aussi: Manger tôt le matin et le soir préserverait la santé cardiovasculaireRemettre l'exercice à sa placeBien que les athlètes de haut niveau puissent présenter un risque accru de développer une cardiopathie athlétique, l'exercice physique reste sans aucun doute l'une des meilleures méthodes, si ce n'est la meilleure, pour maintenir un mode de vie sain.Par exemple, si une personne ne fait pas régulièrement de l'exercice, son cœur deviendra rigide et ne pourra plus pomper le sang aussi bien qu'auparavant. L'exercice régulier - en particulier l'exercice dynamique comme la course à pied - maintient la souplesse du cœur et prévient son raidissement. Un cœur souple se dilate beaucoup plus lorsqu'il se remplit de sang et, à son tour, pompe plus de sang à chaque battement de cœur. Un cœur raide a du mal à se remplir de sang et à le pomper dans l'organisme.D'une manière générale, la pratique régulière d'exercices physiques à l'âge adulte permet au cœur de rester fort et souple, même à un âge avancé. Même si une personne ne commençait à faire régulièrement de l'exercice que dans la quarantaine ou la cinquantaine, il est possible d'inverser certains des effets du vieillissement sédentaire.Une étude réalisée en 2018 auprès de 53 personnes sédentaires, pour la plupart âgées d'une cinquantaine d'années, a ainsi révélé que les personnes ayant participé à un programme d'entraînement de deux ans combinant la course à pied, le cyclisme et le vélo elliptique avaient un cœur plus souple que celui des personnes n’ayant pas fait d'exercice.Il n'est jamais trop tard pour commencer à faire de l'exercice. Suivre régulièrement les recommandations en matière d'exercice physique peut contribuer à améliorer votre santé physique et mentale en aidant votre cœur à rester jeune tout au long de votre vie.

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