La pénurie de main-d'œuvre dans le système de santé, ça nous concerne

Depuis la pandémie, on voit de plus en plus d'articles dans les journaux et des affiches aux portes des commerces indiquant: «On embauche!» Dans le système de santé, la pénurie de personnel, en particulier celle qui touche les infirmières, fait la manchette de façon récurrente. Ce manque de ressources, couplé à la fatigue du personnel en place, rend difficiles et même problématiques la reprise des activités et plus encore le rattrapage du retard accumulé dans certains domaines. En pharmacie, nous entendons beaucoup plus rarement parler de la pénurie de pharmaciens, un peu plus de pénurie d’assistants techniques. Or, la première est bien présente, et ce, depuis de nombreuses années. Déjà, à la fin des années 1990, un comité ministériel sur la planification des ressources humaines avait fait état de la pénurie de pharmaciens et mis en place une stratégie, qui s'est avérée insuffisante, pour pallier la pénurie de pharmaciens principalement dans nos établissements de santé. Force est de constater qu'une pénurie de professionnels de la santé est beaucoup plus qu'un manque de ressources humaines pour combler des postes déjà existants. C'est la pénurie de services qui devrait primer au-delà de toute autre considération. Si l'on veut vraiment placer le patient au centre des préoccupations de notre système de santé et que ce dernier reçoive tous les services dont il a besoin, il faut bien sûr évaluer ce que sont ses besoins et par la suite déterminer le type et le nombre de professionnels requis pour combler ces besoins. Malheureusement, malgré les millions de dollars investis dans le médicament, et malgré les coûts liés à la non-atteinte des objectifs thérapeutiques et aux effets indésirables des médicaments, le gouvernement du Québec ne s'est jamais doté d'une politique claire en matière de soins pharmaceutiques. Il est donc impossible de déterminer combien de pharmaciens sont requis pour répondre à l'ensemble des besoins de la population. Cela est vrai aussi en pharmacie communautaire, où le nombre croissant de responsabilités et de pouvoirs donnés aux pharmaciens impose une réflexion non seulement sur la valeur des honoraires reliés à ces nouveaux actes, mais aussi sur le nombre de professionnels requis. Bien sûr, il s'agit là d'un travail effectué par les entreprises que sont les pharmacies, mais qui nécessitera une réflexion collective. Dans les établissements de santé, nous devons constater qu'il existe une très grande variabilité dans l'accessibilité aux soins pharmaceutiques pour les patients. L’écart entre le nombre de pharmaciens disponibles dans un établissement universitaire et celui dans un hôpital en région est éloquent et même choquant. Il me semble qu'il est plus que temps que notre Ordre et nos associations professionnelles se fassent entendre (ré-entendre) pour expliquer clairement les enjeux complexes reliés à l'utilisation des médicaments et à leur bonne utilisation dans nos établissements de santé et que l'on détermine, une fois pour toutes, les ressources requises pour répondre à ces besoins. La pénurie de pharmaciens, qui est timidement dénoncée, ne constitue que la pointe de l'iceberg. La crise qui touche actuellement la profession infirmière sera difficile à juguler. La mauvaise presse entourant cette profession et ses conditions de travail n’aide pas à attirer de nouveaux étudiants dans les programmes de formation collégiaux et universitaires. Heureusement, en pharmacie, nous avons encore bonne réputation et nos conditions de travail, incluant nos conditions salariales, présentent, je crois, un certain attrait. Il nous faut absolument profiter de la situation pour affirmer haut et fort le rôle que les pharmaciens peuvent et doivent jouer dans notre système de santé. Notre humilité légendaire nous fait passer sous le radar. J’étais heureux d’entendre à maintes reprises le ministre de la Santé, Christian Dubé, mentionner l’aide inestimable apportée par les pharmaciens du Québec pour améliorer l'accès aux soins de santé aux citoyens en période de pandémie. Il me semble que la table est mise. Il faut se lever et proclamer avec fierté que les citoyens du Québec doivent avoir accès à des soins pharmaceutiques complets et de qualité sur l'ensemble du territoire de la province.

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Derrière ce blogue:

Marc Parent

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