Formation: la présidente de l'OIIQ prise pour cible sur les réseaux sociaux

«L'Ordre ou le désordre», «Vous êtes la honte de la santé», «Ça doit être ce qui arrive, quand tu travailles dans un bureau et que tu ne connais plus la réalité du ''plancher"»...Quelle onde de choc sur les réseaux sociaux, le week-end dernier! Plusieurs infirmières ont en effet vivement réagi aux propos de la PDG de l'OIIQ, publiés dans le journal Le Quotidien, au sujet du rehaussement de la formation initiale pour la relève.D'abord, je dois mentionner que j'ai un énorme malaise devant le niveau de certaines réflexions. Pour être clair, disons que parfois le langage n'était pas digne de professionnelles de la santé. Collègues infirmières et infirmiers, nous ne sommes pas des bûcherons. Ayons le réflexe de nous exprimer justement et avec un argumentaire à la hauteur de la digne profession dans laquelle nous évoluons.Personnellement, je continue de penser que ce clivage, qui a toujours existé entre les techniciennes et les bachelières, est une raison en soi de modifier la situation et de faire en sorte que, dans 25 ans, les infirmières québécoises n'évoluent plus dans un contexte de compétition malsaine au niveau de la formation et des diplômes (pensons à l'héritage qu'on laisserait), mais soient plutôt centrées sur les besoins de la clientèle.Besoins qui seront de plus en plus complexes, dans un réseau de la santé qui aura beaucoup changé. Nous devons décider maintenant quelle sera la place de l'infirmière de demain: une exécutante parmi les autres professionnels (qui ont tous des formations de premier, deuxième, voire de troisième cycles universitaires) ou une professionnelle qui continue d'exercer un leadership fort pour le patient au sein du réseau de la santé et des services sociaux.Je pense également qu'il est temps de se solidariser autour de la pratique de demain et arrêter de se gratter le «bobo». Le projet de l'OIIQ contient une clause grand-père permettant à l'ensemble des infirmières détenant actuellement un permis de pratique de le conserver. Les infirmières techniciennes ne devraient donc pas se sentir menacées!Il ne resterait alors qu'aux syndicats de faire leur travail et négocier avec le gouvernement afin de majorer le salaire et les conditions de travail et de niveler le tout. D'autres provinces l'ont fait et les infirmières ont été fortement avantagées par cet exercice.Je pense également que cette question suscite une extrême sensibilité. Il est en effet difficilement envisageable de l'aborder sans risquer de froisser, voire de blesser les infirmières techniciennes.Par ailleurs, pour être moi-même retourné aux études, je puis assurer que nous apprenons beaucoup de choses sur les bancs d'école qui soutiennent le développement de notre pratique sur le terrain.Cela étant dit, je pense qu'il faut comprendre dans le message de la présidente de l'OIIQ une inquiétude pour les infirmières de l'avenir: celles qui commenceront à pratiquer dans 15 ou même 20 ans… Comprendre cet aspect est crucial pour la suite des choses.Et vous savez quoi? J'estime qu'il y aura également beaucoup de sensibilité lorsqu'il sera temps pour les syndicats de négocier salaires et conditions de travail. À ce moment-là, les infirmières cliniciennes seront tentées de prouver qu'actuellement elles contribuent autrement que les infirmières techniciennes, alors que dans les faits, plusieurs infirmières cliniciennes ne contribuent pas autrement qu'une technicienne.Voilà pourquoi il faut faire attention. Nous devons contrôler nos émotions et conserver une certaine rationalité, et je continue de penser que le meilleur moyen d'y arriver est de penser avant tout aux patients.Ne méritent-ils pas une profession d'infirmière unie pour valoriser la meilleure formation? Ce sont les patients (que nous serons tous un jour ou l'autre) qui profiteront de ces changements.

L'infirmier de garde

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STEEVE GAUTHIER