Exercice illégal de la médecine: les signalements en forte hausse

La COVID-19 y est pour quelque chose, mais pas seulement. Si la tendance se maintient, plus de 400 signalements pour exercice illégal de la médecine seront enregistrés par le Collège d’ici la fin 2021. Un chiffre en forte hausse par rapport aux années précédentes, qui s’inscrit néanmoins dans l’évolution observée ces dernières années. Le nombre de plaintes a déjà doublé entre 2016 et 2020 (de 116 plaintes à 221) et il devrait ainsi de nouveau doubler entre l’an dernier et cette année. Il n’y a pas forcément plus de gens qui pratiquent illégalement la médecine, observe le CMQ, mais de plus en plus de personnes portent plainte contre des individus ou des entreprises suspectées de le faire. «Le Collège fait beaucoup de prévention à ce sujet et multiplie les sorties publiques pour inviter les patients à se méfier des traitements miracles. On a, semble-t-il, été écouté», observe le président du Collège, le Dr Mauril Gaudreault, qui signale qu’une quinzaine de dossiers finissent bon an, mal an devant les tribunaux, qui peuvent prononcer des amendes allant de 2550 à 62 500 $ par chef d’accusation. Dans l’optique de prévenir plutôt que sévir, l’enquêteur du CMQ dédié à l’exercice illégal a également organisé des séances d’information dans les écoles de naturopathie, d’ostéopathie ou encore de massothérapie afin de renseigner leurs élèves sur ce qu’ils peuvent faire ou non. «Il est fortement possible que des signalements découlent de cette initiative», signale le Dr Gaudreault. La COVID-19 a bien entendu apporté son lot de signalements, une cinquantaine environ depuis janvier dernier. La majorité concerne des individus qui utilisent les réseaux sociaux pour vendre toutes sortes de «produits thérapeutiques» censés guérir de l’infection, précise le président du CMQ qui, à chaque réunion du comité des requêtes organisée aux deux mois, «n’en revient pas de la très grande imagination de certaines personnes». À lire aussi: Projet de loi sur l'accès aux médecins de famille: Québec renonce à l'affrontement Les soins esthétiques toujours dans la mire Le principal pourvoyeur de signalements reste cependant le domaine des soins esthétiques, en progression constante ces dernières années depuis la démocratisation des injections d’agents de comblement aux lèvres, les fameuses injections de Botox. Cette pratique est réservée aux médecins et aux infirmières sous ordonnance médicale, mais des salons d’esthétique continuent de la proposer à leur clientèle. Face à cet afflux de signalements, la direction des enquêtes du Collège va avoir du pain sur la planche. «C’est notre responsabilité, en tant qu’ordre professionnel, de mener ces enquêtes-à, mais on discute avec le ministère de la Justice pour voir comment cette responsabilité pourrait être partagée», informe le Dr Gaudreault, qui souhaiterait que le montant des amendes soit revu à la hausse. «Quand on sait ce que ça peut rapporter, une amende de 8000 $ pour exercice illégal, ça ne dissuade pas forcément les coupables.»

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