Êtes-vous heureux au travail ou en proie au burn-out?

«Quand on se compare, on se console», dit le dicton. Cette propension naturelle à se mesurer aux autres peut produire un effet pernicieux chez les soignants quand il s’agit d’apprécier leur propre santé, notamment leur santé mentale. «C’est difficile de s’autoévaluer quand on prend soin de patients en détresse. On ne réalise pas toujours à quel point on n’est pas bien soi-même», convient la Dre Catherine Pound, directrice du département soutien et bien-être des médecins à l’Association canadienne de protection médicale (ACPM).Résultat: les cliniciens ont tendance à tirer sur la corde au détriment de leur bien-être, et parfois de la santé de leurs patients. «On sait que donner des soins dans le contexte actuel est difficile. On sait aussi que le bien-être des médecins influe sur leur pratique. Quand on va mal, c’est compliqué de prodiguer de bons soins», souligne la Dre Pound en ajoutant qu’un médecin en burn-out est plus à risque de commettre des erreurs.Pour éviter d’en arriver là, l’ACPM met à la disposition de ses membres l’Indice de bien-être des médecins (WBI, pour Well-Being Index). Développé par des chercheurs de la Clinique Mayo, aux États-Unis, cet outil d’évaluation en ligne a été éprouvé auprès de 20 000 professionnels de santé (étudiants et résidents en médecine, médecins en exercice, pharmaciens, infirmières, etc.). À l’aide de neuf questions simples et directes, il permet d’évaluer en moins de deux minutes le niveau de fatigue, de dépression, d’épuisement professionnel, de stress ainsi que la qualité de vie mentale et physique des soignants.Outre l’évaluation de leur bien-être, qu’ils sont invités à effectuer une fois par mois à des fins de suivi, les médecins peuvent comparer leur score à ceux de leurs consœurs et confrères, histoire de se regarder dans un miroir plus fidèle. Selon leur niveau de détresse ou d’épanouissement professionnel, des ressources diverses et variées leur sont également proposées en fonction de leur langue et de leur lieu de pratique. Soit pour qu’ils puissent chercher du soutien (auprès du Programme d’aide aux médecins du Québec, par exemple) soit pour qu’ils maintiennent leur santé mentale.Lire aussi: Quand les soignants deviennent patientsAu niveau collectif, «l’index va nous permettre de mesurer le bien-être des médecins à travers le Canada», signale la Dre Pound, en mentionnant qu’il y a peu de statistiques disponibles à ce sujet. Les dernières données remontent au sondage sur la santé des médecins, mené fin 2021 auprès de 4000 cliniciens par l’Association médicale canadienne. Plus de la moitié des répondants (53%) avaient signalé des symptômes d’épuisement professionnel, y compris d’épuisement émotionnel.«Depuis, d’autres difficultés sont apparues (dans les systèmes de santé publics)», observe la directrice à l’APCM, suggérant ainsi une amplification du mal-être des médecins que semble confirmer l’indice WBI, accessible depuis la fin du mois de février pour les membres de l’association. «On a des données très préliminaires qui montrent un très haut niveau de détresse chez les médecins», rapporte-t-elle succinctement.Pour accéder à l’outil, il faut se créer un compte WBI (ici). Aucun renseignement personnel n’est transmis à l’APCM. «Les données que nous recevons sont anonymisées à 100% et nous sont transmises sous forme agrégée seulement», précise la Dre Pound. Elle ajoute que celles-ci «vont nous permettre de mieux comprendre les enjeux de nos membres et d’aiguiller nos programmes d’aide pour répondre plus efficacement à leurs besoins».

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