Épuisement professionnel: effectuer trop d’heures de travail peut altérer la structure cérébrale

Dans des métiers où la passion l’emporte souvent sur la raison et dont la mission numéro 1 est de prendre soin des patients, difficile de compter ses heures. Alors que de nombreux médecins et pharmaciens ont récemment confié à Profession Santé travailler plus de 50 à 60 heures par semaine [lire notre dossier sur la question], on sait que cette surcharge de travail est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires, de troubles métaboliques et de problèmes de santé mentale, y compris la dépression et l'anxiété1. Une nouvelle étude2 révèle qu'en plus, effectuer trop d’heures de travail présente des risques neurologiques en altérant la structure cérébrale. Publiée dans la revue Occupational and Environmental Medicine, cette recherche coréenne a comparé l'impact du surmenage sur des régions cérébrales spécifiques chez 110 professionnels de la santé effectuant régulièrement de longues heures de travail, définies comme 52 heures ou plus par semaine, et ayant passé des IRM. À lire aussi: Quand la passion devient poisonParmi tous les participants, 32 (28%) appartenaient au groupe surmené (effectuant des heures hebdomadaires excessives). Les différences de sexe, de latéralité et de type de travail selon le statut de surmenage n'étaient pas significatives. Les participants du groupe surmené étaient significativement plus jeunes, avaient une durée d'emploi plus courte et étaient plus instruits, par rapport à ceux du groupe non surmené, indique l’étude. Parmi les 68 régions cérébrales corticales et les 45 régions sous-corticales examinées, le gyrus frontal moyen caudal gauche – une zone du cerveau particulièrement importante pour l'attention, la mémoire de travail et le traitement du langage – était la seule région montrant une différence significative entre les groupes. Le groupe surmené présentait un volume 19% plus important dans cette région (6886±1012 mm³) par rapport au groupe non surmené (5793±798 mm³, p=0,006, corrigé FDR). D’après l'analyse de morphométrie basée sur les voxels (MBV), le groupe surmené a présenté un pic de MBV significativement plus élevé dans 17 régions par rapport au groupe non surmené, dont le gyrus frontal moyen gauche, le gyrus précentral gauche, l'opercule rolandique gauche, le gyrus frontal supérieur bilatéral (dorsolatéral), le gyrus temporal supérieur droit et le cortex insulaire gauche – ce dernier joue un rôle essentiel dans l'intégration des informations sensorielles, motrices et autonomes du corps, et est impliqué dans le traitement des émotions, la conscience de soi et la compréhension du contexte social. À lire aussi: S’arrêter pour mieux repartir: la pause, un levier essentiel en pharmacieDe plus, les chercheurs ont décelé des associations positives significatives entre les heures de travail hebdomadaires et les valeurs maximales de MBV dans ces six zones. «Ces résultats suggèrent une relation potentielle entre l'augmentation de la charge de travail et les changements volumétriques dans les régions cérébrales associées à la fonction exécutive et à la régulation émotionnelle», écrivent les auteurs. «Cette recherche souligne la nécessité de développer des interventions qui protègent le bien-être mental et physique des travailleurs face à des exigences professionnelles croissantes.»Selon eux, une autre explication de ces résultats pourrait être le stress professionnel et le manque de sommeil induits par de longues heures de travail. D’autres recherches sont toutefois nécessaires pour étudier les mécanismes sous-jacents des conclusions de cette étude pilote exploratoire. Références: Ervasti J, Pentti J, Nyberg ST et coll. Horaires de travail prolongés et risque de 50 problèmes de santé et de mortalité: une étude multicohorte menée dans quatre pays européens. Lancet Reg Health Eur. 2021;11:100212. doi: 10.1016 /j.lanepe.2021.100212Jang W, Kim S, Kim Y, et coll. Overwork and changes in brain structure: a pilot study. Occup and Env Med. 2025;82:105-111.

Épuisement professionnel: effectuer trop d’heures de travail peut altérer la structure cérébrale

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes