Droit de propriété

Chère fée des étoiles, cher père Noël,Vous ne pensiez quand même pas que j’allais vous oublier cette année! Simplement, j’ai pensé qu’avec tout le brouhaha particulier de cette fin d’année, vous apprécieriez quelques instants de tranquillité avant de lire ma petite lettre annuelle.Quelle année, non mais quelle année!!! Une démission présidentielle, des élections provinciales, une élection pour l’intérim de la présidence de l’OPQ, une tournée des régions… et bam! V’là le projet de loi 28.Alors qu’on n’avait presque cessé d’espérer la loi 41, voilà que le PL28 vient en démolir l’esprit et assombrir toutes nos attentes. Il y a un méchant lutin qui s’amuse un peu trop avec ma profession. Mauvaise foi ou incompréhension, il fait preuve de peu de considération à notre égard… ainsi qu’à l'égard de bien d’autres professionnels de la santé.La colère gronde sur les réseaux sociaux. Ce qu’il y a de bien, c’est que ça a déclenché une prise de conscience et une réflexion sur ce que nous sommes et sur ce que nous devrions être. Et ça s’en va dans tous les sens. Il y a maintenant tellement de couches et de sous-couches de pouvoir dans nos pharmacies. L’ingérence de plusieurs groupes dilue notre réel pouvoir. Et cette situation finira peut-être par avoir raison de notre si belle solidarité.J’ai toujours cru qu’il fallait protéger moralement et légalement un de nos pouvoirs les plus ultimes, le droit de propriété en pharmacie. Nous avons toujours savouré ce droit de propriété qui nous distinguait si bien du reste du Canada, que dis-je, du reste de l’Amérique du Nord.Nous l’avons toujours tenu pour acquis et considéré comme inattaquable, comme le phare essentiel de la qualité des soins pharmaceutiques.Mais sournoisement, beaucoup d’entités se le sont approprié, profitant de l’insouciance, de la naïveté ou de la trop grande confiance des pharmaciens. Il est peut-être temps de retrouver notre essence à travers un droit de propriété fort.Il faut continuer à expliquer et à faire comprendre notre rôle, sur toutes les plates-formes possibles. Il faut que d’autres que nous nous trouvent bons et essentiels comme partenaires dans le réseau de la santé. Il nous faut penser autrement, travailler différemment et… être rémunérés différemment.Il aurait peut-être fallu amorcer cette réflexion il y a une dizaine d’années, mais bon voilà, nous sommes aujourd’hui et c’est maintenant qu’il faut agir. Convaincre de faire les choses différemment, ça commence par nous, avant même de pouvoir convaincre les autres. Ça prend une position forte, innovatrice et unanime de TOUS nos syndicats professionnels et institutions. Et ça ne doit pas être à la merci de votre prochaine demande de transfert de dossier.Chère fée des étoiles et cher père Noël, je pense que vous avez encore du pain sur la planche pour remplir la commande de nos bas de Noël. C’est vrai que traditionnellement et structurellement, vous ne vous mêlez pas de rémunération. Mais quand l’accessibilité et la qualité des soins seront en jeu, il vous faudra peut-être à votre tour aider à trouver de nouvelles avenues afin de permettre aux pharmaciens d’être… pharmaciens.HélèneP.S. Du fond de mon cœur, je vous offre mes vœux de santé, de joie et de bonheur. Je vous souhaite de pouvoir ralentir le temps, pour profiter de chaque regard et de chaque geste rempli d’amour et de tendresse autour de vous.P.P.S. J’attends toujours ma première journée sans conseils sur la constipation… (voir blogue de décembre 2012)

Droit de propriété

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HELENE BLANCHETTE