Des médecins de Québec s’impliquent activement dans la première Journée mondiale de la vasectomie

Deux médecins de Québec, les docteurs Michel Labrecque et Simon Plourde, se sont impliqués activement dans la première édition de la Journée mondiale de la vasectomie tenue le 18 octobre. Appuyés par trois infirmières, ils ont réalisé 40 vasectomies chez des hommes qui avaient accepté de payer 200$ afin de soutenir un fonds destiné à former des médecins de pays émergents où cette technique de contrôle des naissances est méconnue ou peu répandue.Cette Journée mondiale a été lancée à l’initiative d’un médecin de Floride, l’urologue Doug Stein, et d’un cinéaste sur lequel il avait pratiqué cette intervention, Jonathan Stack. Ce dernier a d'ailleurs réalisé un documentaire consacré au Dr Stein, qui y est décrit comme un Don Quichotte obsédé par l’idée «de sauver la planète» de la surpopulation grâce à la vasectomie. Son film «The Vasectomist» a été projeté en première mondiale en Australie lors du lancement de la Journée mondiale de la vasectomie.L’objectif de cette journée, à laquelle ont participé 184 médecins à travers le monde, était de réaliser 1 000 vasectomies dans 25 pays.Importance de la démarcheEn soi, cette cible était plutôt symbolique. Ce n’est pas en vasectomisant 1 000 hommes par jour sur cinq continents que serait ralentie la croissance du genre humain. Selon le site Statistiques mondiales, entre 2000 et 2005, la population mondiale s’est accrue de 1,7 millions d’individus par semaine. Elle atteint désormais plus de 7 milliards.Pour le Dr Labrecque, la démarche et le message véhiculés par cette Journée comptent davantage que le chiffre de 1 000 interventions. L’important à ses yeux est de montrer ou de rappeler que le contrôle des naissances n’est pas l’apanage des femmes dans une société et que les hommes peuvent y contribuer par la vasectomie.Le Québec et la FranceAu Québec, ce message passe depuis longtemps. Avec 500 000 hommes vasectomisés sur une population de huit millions de personnes, cette option est solidement ancrée dans les mœurs. A l’opposé, la France accuserait beaucoup de retard par rapport à d’autres pays comme l’Angleterre, où la vasectomie serait aussi répandue qu’au Québec.En vertu d’une vieille loi de Napoléon, il était interdit en France jusqu’en 2001 de se faire mutiler le corps, explique le Dr Labrecque. Cet interdit a été levé, mais en 2013, il doit encore s’écouler quatre mois entre le moment où un patient consulte un médecin pour une vasectomie et le moment où il pourra l’obtenir.Ce long délai dissuaderait beaucoup de volontaires et amènerait un grand nombre de Français à se rendre dans des pays voisins pour subir cette petite opération. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Dr Labrecque aspire à ouvrir un jour une clinique de vasectomie à Paris.Pays émergentsDans des pays émergents, la situation diffère. En Inde, la vasectomie a déjà été pratiquée de façon quasi forcée. Cependant, à la suite d’interventions douteuses qui ont entraîné des complications, elle a eu mauvaise presse et elle a reculé.Dans d’autres pays, il arrive que la vasectomie soit peu ou pas connue du tout, soit par manque de connaissances scientifiques, soit pour des raisons culturelles. L’homme n’y joue pas de rôle dans la planification des naissances. Cette responsabilité est laissée aux femmes par le recours à la ligature des trompes ou au stérilet.Le Dr Labrecque ne se berce pas d’illusions. La vasectomie ne sauvera pas la planète. Néanmoins, il estime que l’homme doit faire sa part pour limiter la forte croissance de la population mondiale et la vasectomie constitue une bonne façon d’y contribuer parce que ses effets sont permanents.FormationLe Dr Michel Labrecque a pratiqué à lui seul 22 000 vasectomies, dont 20 000 via une technique sans bistouri simple et efficace, inspirée d’un procédé développé en Chine dans les années 70. Cette technique lui prend à peine cinq minutes à réaliser et les complications sont inférieures à 1% des cas.Comme le Dr Doug Stein aux Etats-Unis, le Dr Labrecque veut étendre cette pratique à travers le monde. À ce jour, il a formé une quarantaine de médecins du Canada, des États-Unis, du Rwanda, du Cambodge, du Népal, de la Thaïlande, du Bangladesh, de l’Inde et de la Jordanie, mais il souhaite aller plus loin.Ses patients et celui de son collègue Simon Plourde, qui ont été vasectomisés vendredi dernier à la Clinique médicale Pierre-Bertrand, avaient accepté de verser 200$ au nouveau Fonds Michel Labrecque et Neil Pollock en santé reproductive masculine de la Fondation de l’Université Laval. Le Dr Labrecque a par ailleurs versé une somme égale pour chacun des hommes qu’il a opérés lors de la Journée mondiale.Les 16 000$ recueillis serviront à former des médecins à sa technique de vasectomie dans des pays d’Afrique et d’Asie aux prises avec des problèmes de croissance démographique. Le Dr Labrecque songe notamment au Rwanda, un pays où la vasectomie a été introduite en 2010. Depuis, 1 000 hommes par année subissent cette intervention.Le médecin québécois y voit un bel exemple de réussite et croit que le Rwanda pourrait devenir un Centre d’excellence pour faire connaître la vasectomie dans d’autres pays africains.

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