Des chercheurs se penchent sur le rôle possible de l’herpès zoster dans la démence

Le zona pourrait-il augmenter le risque de démence chez les patients? Et si le lien est établi, la vaccination contre le zona pourrait-elle protéger contre cette maladie? Ou s’agit-il d’un «biais de vacciné sain»? Et qu’en est-il du potentiel des vaccins pour adultes contre d’autres infections?Des chercheurs veulent répondre à ces questions, selon un article récent du Journal of the American Medicine Association (JAMA).Selon l’Agence de santé publique du Canada, près d’un Canadien sur trois développe un zona au cours de sa vie. On estime à 130 000 le nombre de nouveaux cas de zona au pays chaque année, dont 17 000 conduisent à une névralgie post-herpétique et 20 à un décès dû à des complications. Comme l'explique l'article du JAMA, les infections sont généralement considérées comme un facteur de risque de démence, notant qu'avant la pénicilline, la syphilis était l’une de ses principales causes. L’article précise également que cette prémisse — les infections (en particulier le zona) peuvent être à l’origine de la démence — suscite une attention nouvelle parce que les idées reçues sur l’étiologie de la maladie d’Alzheimer sont en train de perdre du terrain. L’hypothèse selon laquelle l’accumulation de la protéine amyloïde-B dans le cerveau est l’une des principales causes de la maladie d’Alzheimer n’a pas été confirmée par des études récentes.Des résultats mitigésL’article donne la parole à des experts qui soulignent que les études sur la relation entre les infections, les vaccins et le risque de démence étaient des études observationnelles, avec des résultats mitigés — certaines ne trouvant aucune association, d’autres suggérant que les infections augmentent le risque de démence et que les vaccins le réduisent.Les études observationnelles sur les vaccins sont difficiles à réaliser en raison des biais potentiels: les personnes qui choisissent de se faire vacciner sont souvent en meilleure santé que celles qui ne le font pas, ce qui rend difficile la prise en compte de facteurs tels que le tabagisme, la consommation d’alcool ou le poids, qui sont tous liés au risque de démence. Ce «biais du vacciné sain» est difficile à éliminer.Toutefois, une étude publiée dans la revue Nature Medicine en juillet (et rapportée par Profession Santé) était unique en son genre, car elle contournait le biais habituel des vaccinés sains en raison du passage rapide de l’ancien vaccin Zostavax (vaccin vivant contre le zona) au nouveau vaccin Shingrix (vaccin recombinant contre le zona) aux États-Unis.Cette étude a montré que, par rapport aux personnes ayant reçu l’ancien vaccin, le vaccin recombinant était lié à un risque significativement plus faible de démence dans les six années suivant la vaccination. Plus précisément, le vaccin a prolongé de 17% la période sans diagnostic de démence, ce qui équivaut à 164 jours supplémentaires sans diagnostic. «Il se pourrait bien que le vaccin retarde la démence plutôt que de la prévenir complètement», a indiqué l’auteur principal de cette étude, le Dr Maxime Taquet, psychiatre à l’Université d’Oxford.Lire aussi: Les antipsychotiques associés à un large éventail d'effets indésirables dans la démenceVaccins anti-pneumococciquesCertaines recherches suggèrent qu’une immunité compromise plutôt qu’un agent pathogène spécifique pourrait jouer un rôle dans la maladie d’Alzheimer. La Dre Svetlana Ukraintseva et ses collègues de l’Institut de recherche en sciences sociales de l’Université Duke ont mené des recherches dans ce sens et ont publié leurs résultats dans un article paru en juin 2024 dans la revue Experimental Gerontology.Ils ont constaté que le zona, la pneumonie et les infections fongiques diagnostiqués entre 65 et 75 ans étaient associés à un risque de 16% à 42% plus élevé de maladie d’Alzheimer ultérieurement. En revanche, les vaccins contre le zona et le pneumocoque administrés aux mêmes âges étaient associés à un risque réduit de 15 à 21%. Les vaccins peuvent rajeunir le système immunitaire vieillissant, notent les auteurs, bien que les vaccins vivants et non vivants puissent avoir des effets différents. Et si les infections peuvent accroître le risque de démence, elles pourraient également renforcer la capacité du système immunitaire à lutter contre le cancer. «Les contreparties sont partout», écrit la Dre Ukraintseva.Une autre étude publiée dans le Journal of Alzheimer's Disease a montré que la vaccination contre l’herpès zoster, le pneumocoque et le tétanos/diphtérie réduisait le risque de maladie d’Alzheimer d’environ 3% après huit ans. Les infections peuvent contribuer à l’inflammation du cerveau et à la neurodégénérescence, note le Dr Paul Schulz, auteur de l’étude, et les vaccins pourraient réduire ce risque en prévenant ou en atténuant la gravité des infections.Compte tenu du vieillissement de la population et de l’augmentation de la fréquence de la démence (et du zona) avec l’âge, il s’agit d’un domaine d’étude urgent, indique l’article du JAMA.

Des chercheurs se penchent sur le rôle possible de l’herpès zoster dans la démence

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