Des chercheurs du CHUM ont contribué à une étude internationale - Un traitement prometteur pour la maladie de Cushing

Pierrette (prénom fictif) a versé des larmes de bonheur lorsqu’elle a enfin réussi à se déplacer en courant... sur quelques mètres. Elle est atteinte de la maladie de Cushing, qui lui donne l’impression de ployer sous le fardeau de son propre corps, alourdi par un gain de poids considérable.Ce qui l’a sauvée : un traitement mis au point par des chercheurs du CHUM qui ont travaillé au sein d’une équipe internationale. Pierrette, qui a participé à l’étude, s’auto-injecte deux fois par jour un médicament qui cible les tumeurs responsables de la maladie.Les résultats de cette recherche pendant laquelle elle fut traitée (elle poursuit actuellement le traitement) ont été dévoilés le 21 mars dernier par le Dr André Lacroix, endocrinologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et professeur au département de médecine de l’Université de Montréal, lors d’une conférence de presse à l’Hôtel-Dieu du CHUM.Il compte parmi les 17 chercheurs de 18 pays qui ont testé et éprouvé le traitement par pasiréotide auprès de 162 patients atteints de cette maladie. Quatre d’entre eux sont des Québécoises et elles ont d’ailleurs partagé leur expérience lors de la présentation des résultats de la recherche publiés en mars, dans la revue The New England Journal of Medicine. Au Canada, l’étude fut également menée à Edmonton et à Halifax. Elle constitue jusqu’ici la plus importante recherche en phase 3 sur la maladie de Cushing.Pendant 12 mois, ces quatre patientes ont reçu une injection sous-cutanée de la médication, deux fois par jour. Leur état de santé s’est considérablement amélioré. Pierrette ainsi qu’une autre patiente poursuivent leur traitement, mais les deux autres se sont suffisamment rétablies pour cesser la médication.À la source et non chirurgicalRappelons que les responsables de la maladie de Cushing sont des tumeurs (la ou les causes de leur apparition demeurent inconnues) qui s’agglomèrent sur la glande hypophyse. Dans 50 % à 60 % des cas, elles ne sont pas visibles sur les radiographies. Elles sont à l’origine d’une surproduction de corticotrophine (hormone corticotrope) qui déclenche l’hypersécrétion de cortisol par les glandes surrénales, ce qui entraîne une série de symptômes dont le cumul finit par rendre la vie de la personne atteinte insupportable : obésité centrale, diabète, haute pression, maladies cardiaques, troubles de la mémoire et de la concentration, dépression, pilosité chez les femmes, ostéoporose.Le syndrome de Cushing touche plus particulièrement les femmes de 20 à 40 ans, et on dénombre en moyenne 40 à 80 cas sur un million. Les traitements auxquels on a actuellement recours sont la chirurgie hypophysaire – le retrait des tumeurs par les sinus – la radiothérapie et l’ablation des glandes surrénales. Or, même si le taux de rémission des patients qui ont subi une chirurgie hypophysaire se chiffre à entre 65 % et 90 %, on note une récidive cinq ans plus tard chez 5 % à 10 % d’entre eux; 10 % à 25 % des patients opérés voient la maladie réapparaître 10 ans après la chirurgie.Les deux autres traitements – la radiothérapie et le retrait des surrénales – ont également leur revers; ils accroissent notamment les risques d’AVC et d’hypopituitarisme.Quel type d’attaque le pasiréotide, mis au point par Novartis Pharma, lance-t-il pour porter un tel coup à la plupart de ces symptômes ? Et en quoi est-il plus puissant que les autres traitements ?« Nos recherches visaient la découverte d’une molécule qui bloquerait et s’attaquerait directement à la tumeur », relate le Dr Lacroix.C’est justement de cette façon qu’agit le pasiréotide, analogue de la somatostatine : il cible quatre des cinq récepteurs de la somatostatine situés dans l’hypothalamus, ce qui permet de normaliser la sécrétion d’ACTH (hormone corticotrope) et, incidemment, de ralentir la production de cortisol par les glandes surrénales. Il restaure ainsi la régulation normale du flux corticosurrénal, en plus d’inhiber la croissance de la tumeur hypophysaire.Diminution rapide du taux de cortisolChez les patients recrutés pour cette étude réalisée en double aveugle, le taux quotidien (période de 24 heures) de cortisol présent dans l’urine était au moins 1,5 fois plus élevé que la limite supérieure normale. Le syndrome de Cushing dont ils sont atteints est d’origine hypophysaire.Les 162 participants ont reçu au départ deux injections sous-cutanées quotidiennes contenant une dose de 0,6 mg de pasiréotide. Trois mois plus tard, la dose fut augmentée – 0,9 mg deux fois par jour – chez les patients dont le taux de cortisol dans l’urine excédait le double de la limite supérieure normale (80 participants), alors que les 82 autres continuaient à recevoir la même dose.Au sixième mois de traitement, 12 des patients du premier groupe et 21 participants du second groupe ont atteint l’objectif d’un taux de cortisol dans l’urine égal ou en deçà de la limite supérieure normale. En fait, le taux de cortisol moyen des patients de ces deux groupes avait déjà diminué de 50 % au deuxième mois. Par la suite, il est demeuré stable.Les chercheurs ont donc pu conclure que le traitement entraîne une diminution rapide et soutenue de la production de cortisol, de même qu’une diminution du volume de la tumeur. Les manifestations cliniques de la maladie ont commencé à disparaître dès le sixième mois.Les résultats ont été plus satisfaisants chez les participants atteints de la maladie à un niveau de gravité modéré, qui recevaient en plus la dose de médicament plus élevée. D’autres recherches confirment toutefois que l’association d’autres médicaments, comme la cabergoline, avec le pasiréotide pourrait améliorer son taux d’efficacité.Les chercheurs signalent par ailleurs que le traitement par le pasiréotide entraîne des effets secondaires chez certains patients, dont diarrhée, nausées, hyperglycémie, maux de tête et fatigue.

Des chercheurs du CHUM ont contribué à une étude internationale - Un traitement prometteur pour la maladie de Cushing

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