Des chercheurs canadiens découvrent des signes de conscience chez un patient dans le coma

Karnig Kazazian, chercheur associé au Lawson Health Research Institute et au London Health Sciences Centre, explique qu'une technique de neuro-imagerie a été utilisée pour éclairer le cerveau de trois patients et y déceler une activité en réponse à différentes commandes.Les patients avaient déjà été jugés cliniquement non réceptifs, c'est-à-dire qu'ils n'avaient pas réagi lorsqu'on leur avait demandé de lever le pouce, de remuer les orteils ou d'ouvrir et de fermer les yeux. Mais le professeur Kazazian explique que l'un des patients a montré une activité neurologique significative dans la bonne partie du cerveau lorsqu'on lui a demandé d'imaginer qu'il jouait au tennis.Selon lui, cette découverte, publiée récemment dans la revue The Proceedings of the National Academy of Sciences, s'appuie sur des recherches antérieures qui suggèrent que 15% des patients comateux ont une certaine conscience cognitive même s'ils semblent ne pas réagir.Cette technologie devrait être mise à la disposition des unités de soins intensifs dans tout le pays, indique M. Kazazian, car elle pourrait aider les médecins et les membres de la famille à décider de poursuivre ou non des soins agressifs si le patient montre des signes de conscience. «En montrant que certains patients peuvent encore être toujours "présents" malgré l'absence de signes comportementaux, on peut imaginer que cela influencerait grandement la décision de rester ou non sous assistance respiratoire ou de passer à une mort paisible», souligne M. Kazazian, qui est le co-auteur principal de l'étude.À lire aussi: Stimuler le cerveau pour mieux le comprendreLes chercheurs ont également observé une activité dans la partie du cerveau du patient responsable du traitement des informations auditives lorsqu'ils jouaient des «histoires complexes».Mais l'exercice consistant à imaginer une partie de tennis – un test que les chercheurs ont répété cinq fois – a été le signe le plus révélateur de la prise de conscience, d’après M. Kazazian.Cet exercice a déclenché une activité dans le cortex prémoteur du patient, la partie du cerveau qui imagine les mouvements.«Des travaux antérieurs de notre groupe ont montré qu'il faut être conscient pour imaginer jouer au tennis, dévoile M. Kazazian. Il faut être "présent", car ce n'est pas quelque chose que l'on fait automatiquement sans en avoir conscience.»Selon l'étude, un autre patient non réceptif semble avoir la capacité de percevoir passivement la parole, ce qui constitue une réponse moins solide. Un troisième patient n'a réagi à aucune des commandes de la tâche. La technologie de la lumière, appelée spectroscopie infrarouge proche (SPIR) fonctionnelle, projette de la lumière dans le cerveau.«Plus l'absorption de lumière est importante, plus l'activité cérébrale est intense», déclare M. Kazazian. Avant d'utiliser la SPIR sur les trois patients comateux, les chercheurs l'ont testée sur plus de 100 participants en bonne santé afin de déterminer quelles tâches et commandes étaient les plus efficaces pour susciter l'activité cérébrale.D'autres recherches doivent être menées sur un plus grand nombre de patients pour déterminer si l'activité cérébrale détectée est associée ou non au pronostic du patient, estime M. Kazazian. Son groupe de recherche est en train de le faire avec des patients en soins intensifs dont les familles ont donné leur accord.L'équipe étudiera également si la technologie SPIR peut être utilisée pour communiquer avec les patients dans le coma.

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