Après les cours de yoga en oncologie, verra-t-on le yoga en soins palliatifs?

Des cours de yoga sont déjà offerts en oncologie, mais la Dre Andréanne Côté, une médecin qui travaille en soins palliatifs et qui est elle-même professeure de yoga, aspire à aller plus loin. Pourquoi ne pas étendre cette pratique à des soignants et ultimement, à des gens qui sont en fin de vie, comme le fait déjà la Maison Michel-Sarrasin à Québec?Le yoga n’est pas une religion. Il concerne la sphère spirituelle, même s’il est beaucoup identifié aux postures corporelles. La Dre Côté, qui en fait depuis 12 ans, s’y investit corps et âme.«C’est un outil que je trouve intéressant pour moi, que j’aime tellement et que j’ai envie de diffuser», commente-t-elle avec un mélange de douceur et de passion dans la voix.PélerinageSon existence a été chamboulée en 2009 à la suite d’un pèlerinage (c’est son terme) en Asie. Là-bas, elle a suivi une formation pour être professeur de yoga. Parallèlement, elle lisait beaucoup sur la mort et la philosophie qui l'entoure selon différentes traditions religieuses. Ce voyage et l’enseignement qu’elle en a tiré ont changé le cours de son existence.«Quand je suis revenue au Québec, il était clair pour moi que je devais changer de pratique, raconte-t-elle. C’est la raison pour laquelle je me suis dirigée vers les soins palliatifs.»Dans le cadre de sa résidence en 2010, elle devait mener un projet.«Pourquoi ne pas allier le yoga aux soins palliatifs?» s’est-elle demandé. Cette première recherche l’a menée à une autre, encore plus adaptée à ce milieu. C’est ce qui l’a conduit à réaliser une maîtrise en sciences des religions et à donner des cours de yoga à des patients en soins palliatifs.Le yoga fait partie des thérapies complémentaires et alternatives en oncologie depuis plusieurs années, mais la Dre Côté voulait l’amener plus loin, dans une autre dimension, à un autre stade, où les gens souffrent et meurent.Elle a alors enseigné des techniques à quatre personnes en fin de vie. Elle a livré le bilan de cette expérience, à la fois humaine et spirituelle, lors du récent congrès du Réseau de soins palliatifs dans un atelier extrêmement couru. La salle était remplie à pleine capacité de professionnels de la santé et de médecins intéressés et inspirés par cette approche.Des études Peu d’études ont été menées à ce jour sur l’intégration du yoga en soins palliatifs. Les sujets étudiés étaient peu nombreux, mais les bienfaits rapportés étaient concrets: relâchement des tensions et de l’anxiété, sentiment de bien-être, respiration profonde et calme, amélioration de la souplesse et du tonus, acceptation de sa situation et de soi. Des observations qui vont de pair avec les résultats de la propre expérience de la Dre Côté.«Le yoga intègre à la fois le corps, l’esprit, le mental et un corps spirituel. C’est intéressant comme approche car le yoga comporte une dimension spirituelle qui est très intégré aux soins palliatifs où nous sommes à l’affût de la sphère spirituelle de la personne. J’ai trouvé qu’il pouvait s’adapter ou se moduler aux besoins spirituels des gens au moment où je les rencontrais, a-t-elle résumé à Profession Santé. Les bénéfices ont varié d’une personne à l’autre. Si j’en avais eu 80 participants, j’aurais sans doute trouvé 80 bienfaits différents.»«C’est une demi-heure qui m’a permis de faire le vide un peu, parce qu’on fait toujours le plein tout le temps. Comme ne je connais pas grand-chose au yoga, ben, je peux tout simplement dire que cette demi-heure-là m’a aidé à relaxer, pas mal.» (Extrait d’un témoignage).Page 1/2Effets secondaires et souffrances La médecin reconnaît que la pratique du yoga chez des gens en soins palliatifs pourrait avoir des effets secondaires possibles. L’augmentation de la conscience de soi pourrait être angoissante pour certains et avoir un impact psychologique. Il y a aussi un risque théorique de blessures physiques, surtout avec les postures avancées. Toutefois, chez des individus en soins palliatifs, le yoga pourrait se limiter à des exercices de respiration.Même si le yoga se veut une voie de guérison de la douleur prise au sens large, il ne doit pas être vu non plus comme un remède miraculeux.«Ce n’est pas nécessairement le yoga qui va apaiser les grandes souffrances physiques, dit elle-même la Dre Côté. On n’a pas ces prétentions et on devrait se méfier des individus qui ont cette prétention. Ce que je crois toutefois, c’est que le yoga peut donner des outils différents des pilules pour faire face à certains malaises. Nous proposons des stratégies de l’intérieur que les gens pourront utiliser eux-mêmes. Je trouve cela important, mais sans parler de miracle. Des miracles, s’il y en avait, on les utiliserait déjà.»FormationsVerra-t-on dans un proche futur le yoga être étendu aux patients en fin de vie?«C’est grand comme objectif. J’y vais plus modestement que l’étendre aux soins palliatifs, répond la Dre Côté. Ce que j’aimerais faire, c’est davantage le diffuser auprès du personnel soignant afin qu’ils l’utilisent pour eux-mêmes et en espérant qu’ils en fassent quelques minutes avec des patients dans leur journée.»Pour l’instant, la formation de yoga en soins palliatifs n’existe pas encore. La Dre Côté souhaite que des professeurs de yoga en oncologie soient informés qu’une médecin s’intéresse à la chose, qu’ils communiquent avec elle afin d’obtenir une formation et aillent la répandre eux-mêmes dans leur milieu.Pour l’instant, elle offre des formations de deux à trois jours sous forme de retraite et aspire aussi à donner des ateliers de trois heures durant l’année à l’attention de professionnels et de bénévoles «pour voir où cela nous mènera».La Dre Andréanne Côté et Monique Vachon, professeure de yoga, offriront une formation Science et Conscience 11 sur le yoga en oncologie et en soins palliatifs les 10, 11 et 12 octobre au Mont-Saint-Hilaire. Cette formation est accréditée par la FMOQ et l’Ordre des psychologues. Pour info: www.viayoga.ca.À lire aussiSédation palliative: les médecins de soins palliatifs adoptent de nouvelles lignes directrices québécoisesPage 2/2

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