Adolescents: les régimes font plus de tort que de bien, prévient la SCP

La Société canadienne de pédiatrie (SCP) publie un nouveau document de principes sur les conséquences physiques et psychologiques négatives associées à la pratique des régimes amaigrissants à l’adolescence. Cette déclaration met à jour un énoncé publié en 2004 et présente de nouvelles recommandations destinées aux professionnels de la santé.Les auteurs invitent les cliniciens à adopter une approche fondée sur la «santé à tout poids» dans chacune de leurs interventions auprès des adolescents et de leurs parents ou proches aidants. Il s’agit notamment de promouvoir des comportements de vie sains, sécuritaires et durables, plutôt que de mettre l’accent sur le poids. La SCP encourage également les professionnels à réfléchir à leurs propres préjugés liés au poids, susceptibles d’influencer leurs soins auprès des jeunes patients.À consulter: L'anorexie associée à des altérations majeures du cerveauSur le plan physique, les conséquences des comportements alimentaires désordonnés ou restrictifs à l’adolescence comprennent des menstruations irrégulières (y compris l’aménorrhée), le développement d’une ostéoporose et l’apparition d’une obésité plus tard dans la vie. Sur le plan psychologique, on observe une faible estime de soi, un état dépressif et d’autres facteurs encore mal compris. Le déclenchement de troubles du comportement alimentaire, comme l’anorexie mentale ou la boulimie, suit souvent la mise en place d’un régime. Les restrictions caloriques ont aussi des effets cognitifs, particulièrement sur le cerveau en développement.Les principales recommandations de la SCPEncourager une alimentation équilibrée à intervalles réguliers tout au long de la journée. Éviter d’étiqueter les aliments comme «bons» ou «mauvais» lors de l’accompagnement nutritionnel, et insister plutôt sur la variété. Le Guide alimentaire canadien constitue à cet égard une ressource utile.Être attentif aux comportements alimentaires restrictifs chez les adolescents, quel que soit leur poids. Cela inclut tout régime qui limite la quantité, la variété, le type ou la fréquence des aliments consommés. Une telle restriction peut entraîner des carences en micronutriments, macronutriments ou énergie. Il est important de rappeler aux adolescents que leurs besoins nutritionnels et énergétiques diffèrent de ceux des adultes.Tenir compte des attitudes présentes à la maison. Selon la SCP, la façon dont les parents parlent du poids et des régimes est liée à l’obésité et aux troubles alimentaires chez les enfants et les adolescents. Les professionnels doivent s’assurer que les parents, les proches ou d’autres membres de la famille n’abordent pas leur propre perte de poids ou leur régime avec les adolescents, et ne les incitent pas à en suivre un.Les adolescents, qui développent activement leur image corporelle, sont particulièrement sensibles à l’apparence physique. Ils peuvent intérioriser des messages de santé souvent contradictoires, ce qui influence leur perception d’un corps «normal» ou «sain».À lire aussi: Les interactions alarmantes de ChatGPT avec les adolescentsLa Dre Megan Harrison, spécialiste en médecine de l’adolescent à Ottawa et présidente du comité de santé des adolescents de la SCP, souligne dans un communiqué que ces recommandations visent à aider les professionnels à «prévenir la normalisation des comportements restrictifs et à soutenir une image corporelle positive chez les jeunes».Dépister, orienter, soutenirDépister les changements d’habitudes alimentaires, quel que soit le poids corporel. Si un adolescent suit un régime restrictif, offrir des conseils nutritionnels appropriés. Éviter de féliciter des comportements de contrôle du poids nuisibles, même s’ils entraînent une perte de poids.Orienter rapidement vers des soins spécialisés en cas de soupçon de trouble du comportement alimentaire.Soutenir les adolescents en surpoids ou obèses dans l’adoption de comportements sains et durables, plutôt que de viser la perte de poids. Cela peut inclure la pratique d’activités physiques sociales, une bonne hygiène du sommeil et une attention à la santé mentale.Plaider pour des programmes scolaires promouvant des messages fondés sur les données probantes et neutres par rapport au poids, en matière de saines habitudes de vie et d’alimentation.La SCP rappelle également qu’elle a publié en 2024 un document de principes sur la prise en charge communautaire des troubles du comportement alimentaire pédiatriques.Le document complet, intitulé Les dangers des diètes à l’adolescence, est disponible sur le site de la SCP.

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