1er congrès québécois sur la maladie d’Alzheimer: un vrai tournant diagnostique et thérapeutique

La communauté scientifique se trouve à un tournant majeur face à la maladie d’Alzheimer.«On peut désormais en définir plus clairement le processus pathologique». Et pour le Dr Guy Lacombe, gériatre à Sherbrooke, qui constate le fait avec espoir, cela ouvre deux perspectives nouvelles:la possibilité d’établir des diagnostics;celle de proposer un traitement sur la maladie comme telle, et non plus sur ses seuls symptômes.Le Dr Lacombe est membre du comité organisateur du premier congrès québécois sur la maladie d’Alzheimer. L’événement, qui s'est tenu du 15 au 17 novembre à Montréal, a regroupé quelque 360 professionnels de la santé.Le Dr Alain Robillard, neurologue à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, présidait la rencontre tenue à l’initiative du Réseau des cliniques de mémoire du Québec.Soins primairesLa bonne nouvelle, explique à ProfessionSanté.ca le Dr Lacombe, c’est qu’en matière de maladie d’Alzheimer, on aborde désormais les soins primaires.Ce premier congrès était d’ailleurs délibérément axé sur la pratique de première ligne. Et comme preuves du tournant concret qui s’opère, aux plans diagnostique et thérapeutique, le gériatre évoque la mise en place des cliniques de mémoire, le «Plan Alzheimer Québec» du Dr Howard Bergman, etc.L’épidémie actuelle de maladie d’Alzheimer, poursuit le Dr Lacombe, souligne la nécessité de réviser les critères de mesure des atteintes cognitives. Il s’agit aussi de revoir les thérapies, où tous les traitements, jusqu’ici, ne sont que symptomatiques.«Une chose est sûre: si les problèmes cognitifs interfèrent avec les activités de la vie quotidienne, la personne doit consulter, explique le médecin. On peut agir sur les causes traitables, sur les pathologies réversibles. Il existe des interventions possibles.»Cette possibilité d’intervention explique d’ailleurs, selon lui, le regain d’intérêt des professionnels de la santé pour la maladie d’Alzheimer.«Lors de la première conférence à laquelle j’ai assisté sur le sujet, en 1986, on en comptait moins d’une dizaine dans la salle. Aujourd’hui, toutes les professions s’activent face à cette pathologie : médecins, infirmières, neuropsychologues, ergothérapeutes, etc.», indique le Dr Lacombe.PréventionLe Dr Lacombe souligne par ailleurs l’importance de la contribution vasculaire et des facteurs de risques dans les manifestations cognitives.En clair, dit-il, il faut entraîner continuellement le cerveau pour retarder l’entrée en démence, rester alerte au plan cognitif et soigner le reste: alimentation, exercice, prévention du diabète, de l’hypertension, etc.«Prévention, prévention, prévention, résume-t-il. L’activité cognitive, c’est aussi la socialisation, la communication, et cela reste vrai à 20 ans comme à 92 ans.»Lors du congrès, on a rappelé que de nombreux cas de démence comptent plus d’une cause contributive.Une maladie d’Alzheimer est en effet souvent associée à une autre pathologie (maladie de Parkinson, troubles de l’humeur et du comportement, etc.).Les critères diagnostiques évoluent et il faut avancer avec prudence, dans les zones grises. Dans certains cas par exemple, viser la stabilisation du patient constitue déjà en soi une réponse acceptable.VigilanceOn a insisté sur l’importance de la vigilance clinique face aux personnes âgées, qu’elles vivent en communauté ou dans un CHSLD. Le maintien à domicile reste, et de loin, la meilleure alternative, affirme le Dr Lacombe, qui apporte toutefois une nuance.«Les soins de longue durée sont souvent perçus comme un échec social. Pourtant, n’est-ce pas plutôt le signe d’une société en bonne santé que d’avoir à cœur le soin de ses plus démunis? Pour certaines personnes âgées, le CHSLD, c’est aussi leur domicile», rappelle le médecin.Société vieillissante, le Québec se trouve en bonne position en matière de lutte à la maladie d’Alzheimer, déclare le gériatre.Il évoque notamment la valorisation de la prise en charge des personnes âgées et la présence de têtes d’affiches internationales en recherche neurocognitive, comme les Drs Serge Gauthier et Howard Chertkow, pour ne nommer qu’eux.Précisons que la Fédération des sciences neurologiques du Canada vient de publier, en annexe du Canadian Journal of Neurological Sciences, un supplément sur la quatrième conférence canadienne consensuelle sur le diagnostic et le traitement de la démence.On estime qu’environ 125 000 Québécois souffrent de la maladie d’Alzheimer. «Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on peut combattre ce fléau. On n’est plus condamné à la fatalité», conclut le Dr Lacombe.Le prochain congrès québécois sur la maladie d’Alzheimer aura lieu en 2014.

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