Wikimédica veut devenir l’encyclopédie des professionnels de la santé

Wikimédica a fait peu de bruit depuis son lancement. Aucune annonce ni publicité n’a été faite. Pourtant, le projet a le potentiel d’être un outil indispensable pour les professionnels de la santé dans les prochaines années. Avec «seulement» 800 pages, le site est encore considéré comme étant en «construction». Pour son fondateur, le Dr Michaël Saint-Gelais, il en faut pratiquement 9000 pour que les médecins commencent massivement à utiliser cette plateforme au quotidien. Les débuts sont néanmoins prometteurs: chaque mois environ 40 000 visiteurs uniques du Canada, de la France et d’autres pays francophones se rendent sur ce site pour s’informer. «Nous travaillons très fort sur les pages de maladies. Par exemple, pour la sinusite, les gens vont pouvoir savoir quelle est l’épidémiologie, quels sont les traitements, les examens qu’il faut réaliser pour en arriver à ce diagnostic», explique le Dr Saint-Gelais, médecin dépanneur avec une pratique exclusive à l’urgence. À lire aussi: Michaël St-Gelais, lauréat des Prix Profession Santé 2021 Depuis un an et demi, environ 200 étudiants et 25 médecins ont bénévolement créé ou modifié des pages sur la plateforme web. Selon le fondateur, il en faut plus pour propulser Wikimédica, affirme le médecin de famille. À l’heure actuelle, la grande majorité des collaborateurs sont des médecins. Or, le Dr Saint-Gelais souhaite attirer d’autres professionnels de la santé afin d’améliorer le contenu du site. «Par exemple, pour un mal de dos, les physiothérapeutes, les chiropraticiens, les orthopédistes, les médecins de famille et même les infirmières traitent ce problème. Il y a probablement des choses que les physiothérapeutes connaissent et qui m’aideraient à traiter ce problème à l’urgence», mentionne le récipiendaire d'un Prix Profession Santé dans la catégorie «Partage de connaissance». Un site fiable Alors que le site web reste encore peu connu dans le milieu médical, il est difficile de savoir qu’elle est la réception des médecins québécois à propos de ce nouvel outil. Mais une question se pose: le Dr Saint-Gelais a-t-il peur de voir Wikimédica être comparé à Wikipédia, un site qui n’a pas toujours eu la réputation d’être le plus fiable et le plus crédible? Non, dit-il, puisque si Wikipédia était peu fiable au début des années 2000, ce n’est plus le cas aujourd’hui. «C’est un mythe tenace. Des études ont pourtant révélé qu’il y a des erreurs d’omission sur Wikipédia, mais le contenu est, de manière générale, factuellement vrai. Et lorsqu’il y a des erreurs factuelles, elles sont aussi fréquentes que dans les encyclopédies traditionnelles», mentionne le Dr Michaël Saint-Gelais. Sur Wikimédica, chaque texte est relu par un comité de révision composé de médecins, ce qui fait que la qualité des articles est excellente, juge-t-il. Source de revenus Depuis la création du site, l’équipe de bénévoles de Wikimédica a dépensé tout au plus 2500$ pour les frais de serveurs, les frais de domaine et les déplacements pour aller rencontrer les partenaires. Le site ne génère pas de revenus, mais cette situation ne devrait pas durer. «Notre objectif est de vendre de la formation continue […] Par exemple, à la fin d’un texte, il pourrait y avoir des choix de réponses multiples et la personne qui a les bonnes réponses pourrait se voir reconnaître de la formation continue». À lire aussi: Gala des Prix Profession Santé 2021: «Innover, c'est oser» Par ailleurs, le Dr Saint-Gelais souhaite que son projet puisse permettre le développement de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la santé. En effet, sur Wikimédica, il existe deux versions de chaque page: une version textuelle et l’autre avec des données sémantiques qui sont rattachées à chaque mot du texte. Ces données sur les médicaments et les maladies pourraient être fournies à Données Québec, un organisme gouvernemental qui pourrait permettre le développement de l’IA. «On peut penser qu’un jour un médecin de famille va inscrire dans le dossier médical électronique les informations du patient et que cette technologie va lui suggérer des diagnostics en fonction des signes et des symptômes du patient. L’intelligence artificielle, c’est une question de temps».

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