VRS: un prélèvement nasal aiderait à prédire quels enfants développeront une forme grave

Un test utilisant une biopsie par écouvillonnage nasal pourrait aider à prédire quels enfants présentant un VRS sont susceptibles de développer une maladie grave. Le test utilise un marqueur génétique spécifique des lésions de la muqueuse nasale causées par le virus. Le modèle d'expression génétique a été identifié dans une étude récente menée par des chercheurs de l'Université Northwestern et publiée dans Frontiers in Immunology. «La capacité de déterminer quels nourrissons atteints du VRS placés en soins intensifs se rétabliront rapidement et quels patients nécessiteront un séjour plus long fournirait des informations précieuses aux parents et aux prestataires de soins médicaux», a affirmé la Dre Bria Coates, auteure principale. Elle est professeure adjointe de pédiatrie à l’école de médecine Feinberg de l'Université Northwestern. L'étude a examiné les réponses immunologiques dans la muqueuse nasale des nourrissons atteints de bronchiolite critique et a identifié les signatures génétiques associées aux résultats cliniques et à la durée du séjour. Selon les chercheurs, les lésions de la muqueuse nasale des enfants atteints du VRS pourraient être le marqueur d'une réponse déréglée au virus et permettre de prédire la durée de la maladie. La plupart des infections par le VRS sont bénignes, les symptômes restant confinés aux voies respiratoires supérieures. Toutefois, jusqu'à 2% des enfants de moins d'un an doivent être hospitalisés, et la maladie est responsable d'environ 25% des infections aiguës des voies respiratoires inférieures chez les enfants de moins de cinq ans, d’après l'étude. À l'heure actuelle, il n'existe aucun outil permettant de prédire quels nourrissons atteints de bronchiolite à VRS et admis à l'unité de soins intensifs pédiatriques (USIP) se rétabliront rapidement et lesquels auront besoin d'une assistance respiratoire prolongée. En général, la muqueuse nasale comporte trois types de cellules: les cellules ciliées (qui aident à éliminer le mucus), les cellules sécrétoires et les cellules basales (un type de cellule souche qui peut se différencier en d'autres cellules pour remplacer les cellules endommagées et aider à régénérer l'épithélium endommagé). Les cellules ciliées sont le principal type de cellules infectées par le VRS. Pour l'étude, les participants ont été recrutés de décembre 2017 à avril 2018, et de décembre 2019 à avril 2020. Ils ont tous été admis à l'USIP de l'hôpital pour enfants de Chicago, étaient âgés de moins de deux ans, ont été testés positifs à l'infection par le VRS et présentaient des symptômes de maladie du parenchyme pulmonaire. L'analyse a utilisé une cohorte de 33 participants. Des échantillons de muqueuse nasale ont été obtenus par biopsie de raclage de la muqueuse, et le séquençage et l'analyse de l'ARN ont été effectués sur ceux-ci. Quant à l'évolution clinique des nourrissons, 10 ont eu besoin d'une ventilation mécanique invasive (VMI), et 23 ont reçu une assistance respiratoire non invasive (VNI). Des échantillons nasaux ont été prélevés dans les trois jours suivant l'admission pour 28 des 33 participants (85%). Les nourrissons qui ont reçu la VMI étaient similaires en termes d'âge, d'âge gestationnel à la naissance, de race et d'origine ethnique à ceux qui ont reçu la VNI. Les participants qui ont reçu la VMI ont eu une durée de séjour et une assistance respiratoire plus longues que les participants qui ont reçu le VNI. Les chercheurs ont ensuite comparé les résultats de l'expression génétique entre les nourrissons qui ont eu besoin d'une VNI pendant une courte durée (jusqu'à trois jours) et ceux qui ont eu un séjour prolongé (plus de trois jours) - bien que les deux groupes n'aient pas été cliniquement différenciés au moment de l'échantillonnage. «Nous avons identifié une association entre l'expression des gènes nasaux et les résultats cliniques chez les nourrissons atteints de bronchiolite critique à VRS», indique l'étude. Les nourrissons dont les prélèvements ont montré une expression accrue des gènes des cellules basales ont eu des séjours plus courts, tandis que ceux qui nécessitent un séjour de plus de trois jours avaient une expression accrue des gènes des cellules ciliées. Selon la Dre Coates, cela est logique car le VRS infecte principalement les cellules ciliées. L'infection entraîne la destruction des cils - les fins poils qui aident à évacuer le mucus. De plus, les cellules ciliées infectées deviennent dysmorphiques et se détachent dans les voies respiratoires, ce qui aggrave les symptômes respiratoires. «Essentiellement, l'augmentation des lésions des muqueuses nasales des enfants atteints du VRS peut être un marqueur d'une réponse déréglée au virus et peut aider à prédire quels patients individuels auront une maladie plus prolongée», a-t-elle ajouté. Un test par écouvillonnage nasal qui recherche des marqueurs génétiques de l'activité des cellules ciliées est quelque chose que la plupart des hôpitaux pourraient faire un jour. Il faudrait que ce soit un test PCR pour l'ARN, et les tests PCR prennent généralement quelques heures, a-t-elle précisé. «La capacité de prédire la durée de la maladie chez les nourrissons atteints de bronchiolite critique à VRS à l'aide d'un échantillon nasal non invasif fournirait des informations pronostiques inestimables aux parents et aux prestataires de soins médicaux. En outre, l'identification des signatures génétiques associées à des endotypes spécifiques de patients pourrait contribuer à l'allocation de ressources et au développement de thérapies», conclut l'étude. Selon le Dr Alan Kaplan, chargé de cours clinique à l'Université de Toronto, le risque de progression virale est actuellement basé sur l'immunité et les comorbidités. «Pour l'infection par le VRS, nous considérons la prématurité et le développement pulmonaire comme des risques. Cette étude s'intéresse à des facteurs que nous ne prenons généralement pas en compte car ce ne sont pas des choses que nous pouvons actuellement mesurer. En examinant les gènes liés à la fonction ciliaire, les auteurs pourraient prédire les nourrissons qui auront besoin d'une hospitalisation de plus longue durée.» Il n'a pas participé à l'étude. L'idée de tester l'expression des gènes «pourrait avoir des avantages pour prédire les hospitalisations plus prolongées grâce à l'utilisation d'échantillons nasaux non invasifs. Peut-être qu'à l'avenir, elle pourrait également prédire quelles sont les personnes présentant un risque élevé de maladie plus grave et les cibler pour d'autres interventions telles que la vaccination ou les traitements par anticorps monoclonaux».

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