«Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves? C’est assez!»

Il me semble qu'il n'y a pas une semaine qui passe sans que l'un ou l'autre d'entre nous ne meure. Et pas n'importe qui… Juste cette semaine, j'ai appris la disparition de Jacques Frenette (1947-2022). Jacques était ce médecin de famille de Québec qui a rayonné dans toutes les sphères de sa vie: Professeur émérite de la Faculté de médecine de l’Université Laval, membre fondateur du Département de médecine familiale et de médecine d’urgence, et de l’UMF Laval, docteur Jacques Frenette a été reconnu sur la scène internationale pour son expertise en enseignement de la relation médecin-malade, en développement et en évaluation des programmes de formation. Attentif et accessible, il a transmis pendant plus de 35 ans sa passion pour la médecine de famille à de nombreux praticiens. Pendant des années, j’ai participé au Colloque sur la relation médecin-malade qu’il organisait dans les Alpes – une occasion de fraterniser avec nos «cousins» omnipraticiens français, belges et suisses. C’était fabuleux et mémorable. C’est de lui que je tiens l’importance du silence dans l’annonce d’une mauvaise nouvelle. Et puis, Louise Authier (1949-2022) qui a été directrice du programme de médecine familiale à l’UdeM. Elle qui s’occupait aussi à HMR des soins prolongés et faisait la garde en soins palliatifs. Louise était une fille de mon âge, de mon gang. Il faut lire l’hommage posthume qui lui est consacrée pour comprendre l’ampleur du personnage. « Je me souviendrai toujours de ma première rencontre avec Dre Authier au salon des externes. Elle était Directrice du programme et faisait une allocution sur la médecine de famille. Je me souviens avoir eu des frissons en l'écoutant et avoir senti ses mots vibrer en moi; j'avais décidé de devenir médecin de famille pour pouvoir pratiquer la médecine comme elle nous l'enseignait.» – Gilbert Sanche Et, comme si cela n'était pas suffisant, voilà que Jean Lapointe nous quitte (1935-2022). Jean Lapointe qui était un p'tit gars comme nous, un p'tit gars du bas-du-fleuve, tellement talentueux, un Duplessis plus vrai que nature, un troubadour qui pouvait me faire rire et pleurer à sa guise. Un gars avec ses propres bibittes, comme nous tous d'ailleurs. Vous n'êtes pas écœurés de mourir, bande de caves?1 Moi, pendant ce temps, je reste avec mes souvenirs de vous, comme de plusieurs autres, d'ailleurs, comme de tous les autres. La tête pleine de souvenirs qui resurgiront n'importe quand, n'importe où, à n'importe quel moment. Parfois, il suffira d'un regard, d'une odeur, d'une mélodie, d'une ambiance pour que vous renaissiez en moi. Comme avant. Pourquoi faites-vous cela? Pourquoi me faites-vous cela? Laissez-moi tranquille. Pourquoi faites-vous semblant d'être parti, alors que vous êtes encore là, en moi? Pourquoi n'emportez-vous pas avec vous les souvenirs que j'ai de vous? Il me semble que ce serait plus facile de cette manière. Après cela, on dira que je perds la mémoire? Ah! Oui !?... Peut-être celle du jour ou celle du «chemise, bleu, honnêteté». Mais certainement pas celle que j'ai de vous. Hélas! 1. https://ccquebec.cat/taull/vous-etes-pas-ecoeures-de-mourir-bande-de-caves-cest-assez/

Bâbord amures

«Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves? C’est assez!»

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Derrière ce blogue:

Roger Ladouceur

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