Voici venu un temps nouveau

La gestion des effectifs est un problème criant dans notre société. On tente de tourner cette épineuse question de tous bords tous côtés. Quand j’aborde le sujet autour de moi, on revient souvent à cette question «Mais où est donc passé tout le monde?». Et puis s’en suivent diverses analyses: immigration trop peu nombreuse, différences intergénérationnelles, place des femmes sur le marché du travail, départ à la retraite des Boomers, etc. Et pour chaque facette de cette problématique, des solutions souvent un peu naïves sont suggérées. Certaines de ces solutions aideront possiblement un peu, à court ou à long terme. L’immigration est une option intéressante, mais les défis d’intégration, notamment en matière de scolarisation, sont énormes. L’appât salarial pourra intéresser certains millénariaux à travailler quelques heures de plus ou retiendra quelques Boomers un à deux années supplémentaires avant une retraite bien méritée. D’autres propositions sont carrément loufoques. Le patron d’une petite entreprise (non reliée au domaine de la pharmacie) m’a carrément suggéré que les jeunes ne devraient pas avoir de congé de maternité ou paternité pour leurs cinq premières années sur le marché du travail! Tout le monde y va de son grain de sel. Mais prenons un instant la problématique sous l’autre angle : Il n’y a pas de manque de personnel, il y a un surplus de travail. Bien voilà, c’était simple comme ça. On se revoit le mois prochain pour régler la famine dans le monde… Blague à part, je pense que c’est la multiplication des attentes sociales qui est responsable de la moitié de l’équation. Notre niveau de consommation, autant pour les produits que les services, atteint des sommets. De plus, nos habitudes de consommation nous ont habitués à une variété et une instantanéité. Autrement dit, nous voulons plus de tomates, d’une plus grande variété, et ce, même le dimanche soir quand nous faisons une des centaines de recettes de Ricardo (bien entendu, la meilleure…). Comment cela se reflète-t-il dans notre mode particulier? Je pense que le paradigme relationnel avec le client a fondamentalement changé. Il n’y a encore pas si longtemps, le client était une ressource précieuse. Un transfert était perçu comme un affront. La peur de perdre un client motivait plusieurs décisions d’affaires. En ce moment, la majorité des pharmacies que je connais débordent de travail. Les équipes s’échinent à en faire toujours plus. Et si était venu un temps nouveau? Celui de se dire qu’on va encore soigner nos patients selon les meilleurs standards de pratique, mais qu’on va arrêter de vouloir les accumuler à tout prix. Ceci permettrait notamment de changer la dynamique entre les pharmaciens, mais aussi avec les autres professionnels et les patients eux-mêmes. Concrètement, il serait possible de penser aux options suivantes: Aviser les cliniques du coin que certaines prises en charge ne sont pas disponibles ou qu’une demande doit être faite et approuvée par la pharmacie avant d’être officialisée avec le patient. Comme dans d’autres pays, des journées de garde sont organisées pour permettre aux pharmacies d’un secteur d’être fermées en alternance. Demander 24 heures avant le ramassage d’un renouvellement Ne plus permettre l’attente d’une nouvelle prescription à la pharmacie (et supprimer 75% de la salle d’attente!) Uniformisation de la préparation des piluliers pour tous les patients (p. exemple, les piluliers débutent certains jours fixes et peuvent être ramassés au maximum 2 jours avant) Bien entendu, toutes les solutions (et j’aurais pu en lister encore plusieurs) ne sont pas universellement applicables. Mais peut-être est-il temps de réfléchir autrement pour s’adapter à la réalité sociale actuelle. L’heure est possiblement venue pour les tables locales de prendre encore plus de place dans l’organisation locale des soins pharmaceutiques. En s’y rencontrant, les propriétaires pourraient partager le travail et communiquer uniformément avec les autres professionnels non pas dans un but de collusion, mais bien pour maximiser le potentiel de nos équipes.

Stratégies et tactiques

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Derrière ce blogue:

Philip Morgan

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