Vers de nouvelles appellations pour le cancer de la prostate de bas grade?

Un diagnostic de cancer est effrayant... Voilà pourquoi certains médecins affirment qu'il est temps de renommer le cancer de la prostate de bas grade pour éliminer le mot si alarmant en «C». Des cellules cancéreuses se développent dans presque toutes les prostates à mesure que les hommes vieillissent. Même si la plupart des cancers de la prostate s'avèrent inoffensifs, environ 34 000 Américains en meurent chaque année, tandis que son traitement peut entraîner des dysfonctionnements sexuels et une incontinence. «Il s'agit de la forme la moins agressive et la plus bénigne du cancer de la prostate, qui est littéralement incapable de causer des symptômes ou de se propager à d'autres parties du corps», détaille le Dr Scott Eggener, de l'Université de médecine de Chicago, qui relance le débat sur la manière d'expliquer la menace aux patients inquiets. Les patients reçoivent les mots «Vous avez un cancer» de plein fouet, souligne le Dr Eggener dans le Journal of Clinical Oncology. Ses co-auteurs et lui affirment que la peur de cette maladie peut amener certains d'entre eux à réagir de manière excessive et à opter pour une chirurgie ou une radiothérapie, et qu'un changement de nom pourrait leur permettre d'éviter ces traitements inutiles. Plusieurs sont d'accord. «En réduisant l'anxiété, vous réduirez le surtraitement», soutient le Dr David Penson de l'Université Vanderbilt. «Le mot "cancer" ne leur laisse qu’une seule idée en tête: "Il faut que je me fasse traiter".» Le diagnostic commence parfois par un test de l'antigène prostatique spécifique (APS), qui recherche des niveaux élevés d'une protéine susceptibles d’être le signe d'un cancer, mais qui peuvent aussi être causés par des problèmes de prostate moins graves ou même par un exercice vigoureux. Lorsqu'un patient obtient un résultat suspect, le médecin peut recommander une biopsie, qui consiste à prélever des échantillons de tissu dans la prostate. Ensuite, un pathologiste examine les échantillons au microscope et évalue l'aspect anormal des cellules. Dans le cas des patients ayant obtenu le score le plus bas (Gleason 6), les médecins proposent souvent d'éviter la chirurgie et les radiations en leur soumettant une autre option: la surveillance active, qui implique un suivi étroit, mais pas de traitement immédiat. Aux États-Unis, environ 60% des patients à faible risque choisissent la surveillance active, mais leur inquiétude ne disparaît pas pour autant. «Je serais aux anges si les gens trouvaient un nouveau nom pour la maladie de Gleason 6, lance le Dr Penson. Cela permettra à beaucoup d'hommes de mieux dormir la nuit.» Toutefois, le Dr Joel Nelson, de la faculté de médecine de l'Université de Pittsburgh, a affirmé qu'en abandonnant le mot «cancer», on «désinforme les patients en leur disant que tout va bien. Il n'y a rien d'anormal aujourd'hui, mais cela ne signifie pas que nous ne devons pas garder trace de ce que nous avons découvert». Des changements de nom ont déjà eu lieu pour des cancers à faible risque de la vessie, du col de l'utérus et de la thyroïde. Dans le cas du cancer du sein, la suppression du mot «carcinome» dans le terme DCIS (carcinome canalaire in situ) fait actuellement l'objet d'un débat. Dans le cas du cancer de la prostate, le système de cotes de Gleason - datant des années 1960 - a évolué. C'est ainsi que «6» est devenu le score le plus bas. Les patients peuvent penser qu'il s'agit d'un score moyen sur une échelle de 1 à 10. En fait, c'est le score le plus bas sur une échelle de 6 à 10. Comment l’appeler au lieu de «cancer»? Parmi les propositions, citons IDLE pour indolent lesion of epithelial origin (lésion indolente d'origine épithéliale), ou INERRT pour indolent neoplasm rarely requiring treatment (néoplasme indolent nécessitant rarement un traitement). «Je me moque bien de savoir comment on l'appelle, tant qu'on ne l'appelle pas cancer», partage le Dr Eggener. Steve Rienks, ingénieur civil de 72 ans de Naperville, dans l'Illinois aux États-Unis, a reçu un diagnostic de cancer de la prostate de Gleason 6 en 2014. Il a opté pour la surveillance active, et des biopsies de suivi réalisées en 2017 et 2021 n'ont révélé aucune trace de cancer. Le fait d'appeler la condition autrement aiderait les patients à faire des choix éclairés, selon le Dr Rienks, mais cela ne suffit pas. Les patients doivent poser des questions jusqu'à ce qu'ils se sentent en confiance. «Il s'agit de comprendre le risque, poursuit-il. J'encourage mes camarades masculins à s'informer et à obtenir des avis médicaux supplémentaires.»

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