Urgences: peu de répit durant les vacances

La saison estivale est souvent synonyme de vacances, et cela vaut aussi pour les professionnels de la santé. Les vacanciers se déplacent loin de chez eux et peuvent avoir besoin d’accéder à une urgence lors de leur séjour. Ces deux facteurs, parmi plusieurs autres, peuvent agir sur les capacités déjà limitées des urgences à fournir des soins dans un délai adéquat.Certaines régions touristiques, telles que les Laurentides, la Mauricie et Joliette, accueillent beaucoup de vacanciers. La demande dans les centres d’urgences de leurs hôpitaux est en augmentation, explique le président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec (ASMUQ), le Dr Gilbert Boucher. Après tout, l’urgence est le seul service ouvert 24/7.Malgré cela, il indique que c’est quand même 11 000 patients qui se présentent chaque lundi aux urgences, une moyenne qui se maintient même durant l'été. Il ajoute que même en ayant conscience de l’attente à laquelle ils devront faire face, près d’un patient sur quatre quitte l’urgence sans avoir été vu par un médecin.«C’est sûr que ça pose des soucis pour les équipes locales», renchérit la présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec (AMUQ), la Dre Judy Morris. «On suit la situation de près.»À lire aussi: C.-B.: une étude révèle un lien entre les décès dus à la chaleur et la pauvretéLa tension est aussi palpable dans certaines régions plus densément peuplées, comme celles de Montréal et de la Montérégie. Les niveaux d’occupation de ces régions sont souvent critiques, allant parfois au-delà de 180%. La Dre Morris dénonce les conditions de travail particulièrement ardues pour le personnel sur le terrain.Ceux qui travaillent en urgence donnent leur 100%, note le Dr Boucher. «Quand quelqu’un est en vacances, le seul moyen de combler le poste est que quelqu’un d’autre travaille plus. On n’a pas plus de travailleurs, donc tout le monde en fait plus.»Les vagues d’infections d’influenza, de COVID-19 et de coqueluche «ajoutent au fardeau clinique» auquel le personnel doit faire face sur le terrain, précise la Dre Morris. Lorsque ces infections touchent des patients vulnérables, il se peut que cela entraîne une hausse des hospitalisations.«Ça fait partie de notre nouvelle réalité», admet la Dre Morris. Malgré tout, la présidente de l’AMUQ garde espoir. À lire aussi: Étude IEDM: hausse des patients qui quittent les urgences sans une prise en charge«La mise en place d'équipes volantes est une bonne nouvelle pour pallier le recours aux agences privées», ce qui réduit la charge aux urgences», selon elle. Dans d’autres régions au pays, des équipes ambulatoires «vont sur place et évaluent les patients» à domicile. Ces équipes peuvent prendre rendez-vous dans une clinique pour le patient, compte tenu de la précarité de son état de santé.«On commence à peine à explorer [ces solutions] au Québec, mais c’est beaucoup plus déployé dans certaines provinces canadiennes», convient la Dre Morris. Ces équipes permettraient de «potentiellement éviter les transferts aux urgences.»Ces mesures ne représentent qu'une partie de la solution, prévient cependant la Dre Morris. «Il faut vraiment continuer à mettre de la pression sur l’ensemble du réseau pour s’assurer que les gens qui viennent à l’urgence puissent être traités de façon adéquate et dans des temps raisonnables, pour assurer la qualité des soins à la population québécoise», juge-t-elle.

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