Une technologie d'avant-garde – Le CHUM présente Samuel et Ulysse, ses robots distributeurs de médicaments

Le département de pharmacie du CHUM n’aura pas attendu la décision finale entourant le futur Centre hospitalier universitaire pour se robotiser et passer au 21e siècle. Les hôpitaux Saint-Luc et Notre-Dame ont mis à peine plus d’un an pour se doter chacun d’un mode de distribution unidose automatisée des médicaments.Ce système avant-gardiste, qui a coûté 6,5 millions de dollars, touche toutes les étapes du circuit du médicament, de la validation de l’ordonnance par le pharmacien à l’emballage de chacune des doses, en passant par la distribution et l’administration au patient. Il est maintenant opérationnel pour toutes les unités de soins des deux établissements. Baptisés Samuel à Saint-Luc et Ulysse à Notre-Dame, ces robots représentent une avancée majeure au chapitre de la sécurité et de l’efficience, comme l’a expliqué en entrevue le directeur du département de pharmacie du CHUM, Denis Bois.Où se situe l’innovation par rapport au mode de distribution unidose traditionnel ?Notre système repose sur un grand nombre d’équipements automatisés. Des robots préparent les médicaments et, en complémentarité, nous utilisons des ensacheuses automatisées, des carrousels, des cabinets unidoses et des chariots décentralisés.Le CHUM est-il le premier hôpital au Canada à utiliser ce système ?Nous sommes le premier sinon l’un des premiers à posséder un parc technologique aussi colossal. Très souvent, on utilise un robot mais il n’y a pas d’appareil pour ensacher automatiquement les médicaments, de carrousels ou de cabinets décentralisés. Au CHUM, nous possédons l’ensemble des technologies disponibles pour la préparation et la livraison des médicaments aux patients. Le département de pharmacie du CHUM traite 5 millions de doses de médicaments par année.Quel est l’objectif principal d’un pareil système automatisé ?Améliorer le profil de sécurité pour les patients. Avec notre système, il ne peut pas se produire d’erreurs provenant de la pharmacie. Il sécurise l’ensemble des médicaments administrés aux patients. Il n’existe pas encore dans le monde un système qui garantit la sécurité à 100 %, mais avec le nôtre on parvient à un niveau de sécurité extrêmement élevé. La robotisation nous permet aussi de rendre le système unidose fonctionnel et cela, sans ajouts de ressources.Ce système fera-t-il gagner du temps au personnel infirmier et de la pharmacie ?Du côté infirmier, des données préliminaires laissent voir qu’il permet de sauver 30 à 40 minutes de temps infirmier par jour par infirmière. Ce temps épargné est redirigé vers les patients, ce qui contribue donc à augmenter la qualité des soins. Pour la pharmacie, le gros impact pour nous est qu’une fois la validation de l’ordonnance terminée, le pharmacien n’a plus à intervenir. Il peut donc se concentrer sur son travail de validation l’esprit en paix.L’utilisation de codes-barres pour chaque médicament représente un autre cran de sécurité. Toutes les erreurs médicamenteuses sont graves et certaines encore plus que d’autres. Avec le code-barre, on sert le bon médicament au bon patient. On ne peut pas se tromper de médication. Chaque concentration a un code-barre différent. Le code-barre accepte uniquement le bon médicament ou il ne l’accepte pas. En cas d’erreur, le code-barre nous alerte. Si quelqu’un outrepasse cette alerte, on va savoir qui l’a fait et comment la chose s’est produite. On veut atteindre une année complète de déploiement avant de mesurer les effets mais déjà, lors des essais pilotes, nous avons noté une décroissance majeure du nombre d’erreurs.Samuel et Ulysse sont-ils le remède au manque de pharmaciens au CHUM ?Chez nous, la robotisation n’a pas eu d’impact sur le plan des effectifs de pharmaciens parce que nous étions déjà en pénurie et que nous avions déjà délégué au maximum à des assistants techniques tout ce qui pouvait l’être. Au CHUM, nous aurions la capacité d’être 76,5 pharmaciens équivalent temps plein. Au moment où l’on se parle, nous sommes 58. Il y a maintenant très peu de pharmaciens impliqués dans les opérations de la pharmacie. L’impact de la robotisation s’est surtout fait sentir auprès des assistants techniques.Quelle est la réaction des médecins face à un tel système robotisé ?Souvent, les médecins n’ont pas conscience de tout ce qui se passe après une ordonnance. Notre projet a permis de les sensibiliser à toutes les étapes de sécurité. Pour un certain nombre, ce fut une révélation.Quelles sont les prochaines étapes après un système robotisé pareil ?Il reste deux choses à faire pour compléter la boucle. La première, sur laquelle on travaille actuellement, est un projet de système d’information clinique, le système OASIS. Le médecin va prescrire les médicaments directement dans un système informatique avec une aide à la décision clinique. Ce système sera en place d’ici trois à quatre ans. L’autre volet sera une lecture de codes-barres au chevet des patients où l’infirmière, le patient et le médicament seront identifiés par un code-barre. Si un lien se fait entre ces trois éléments, le médicament sera administré au patient. C’est une technologie qui en est encore à ses balbutiements et qui exige un système sans fil dans tout le bâtiment.

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