Une pharmacienne propriétaire coupable de 14 chefs d'accusation

Jessie Haggaï, qui possède une pharmacie à Montréal, a écopé de quatre mois de radiation et devra débourser un total de 40 000$ d’amendes pour des gestes survenus entre juin 2015 et avril 2018. À 29 reprises, durant cette période, la pharmacienne a fait défaut de «demander un prix juste et raisonnable pour ses services pharmaceutiques», juge le conseil de discipline de l’Ordre des pharmaciens du Québec. Par exemple, elle a réclamé une somme de 61,54$ à ses clients pour 30 comprimés de Synthroïd 0,05 mg, de 82,81$ pour un vaporisateur Avamys de 120 doses, de 53,97$ pour une boîte de 28 comprimés de Alesse-28 et de 154,88$ pour trois boîtes de 28 comprimés de Lolo-28. Le conseil de discipline estime que le prix facturé pour les services pharmaceutiques de la pharmacie était de deux fois à huit fois supérieur au prix moyen du Québec ou au prix moyen du secteur. Le conseil dit ne pas avoir retenu la situation financière difficile de la pharmacie ou l’absence de rentabilité des activités de celle-ci pour justifier sa facturation. La moitié des chefs d’accusation concerne la facturation trop élevée des services pharmaceutiques de la propriétaire. Factures modifiées Quatre autres accusations concernent une fausse inscription au dossier patient et des modifications de la facturation effectuées à l’insu des patients, après leur départ de la pharmacie. Entre autres, du 1er janvier 2016 au 28 février 2017, la pharmacienne a réclamé à six reprises le coût du médicament Viread, alors qu’en réalité le médicament Truvada a été remis au patient. Elle a également faussement inscrit au dossier du patient que 30 comprimés de Viread lui avaient été remis. À une autre occasion, elle a réclamé un montant de 35,10$ pour le médicament Ativan 1 mg, pour ensuite annuler cette réclamation et plutôt réclamer un montant de 65,10$ à l’insu du patient. Par ailleurs, Jessie Haggaï a également été reconnue coupable d’avoir fait preuve de négligence en écrivant au dossier du patient lui avoir remis 30 comprimés de Tylenol et codéine alors qu’elle n’en avait pas en inventaire. L’ordonnance du médecin prévoyait la prescription de Tylenol. Finalement, la pharmacienne propriétaire a été sanctionnée pour avoir fait entrave au travail du syndic de l’ordre professionnel. Elle lui a notamment transmis de fausses informations. 26 mois de radiation suggérée La pharmacienne a tenu à relativiser la gravité de ses gestes. Selon elle, les sommes visées par neuf des 14 chefs d’accusation s’élèvent à 1154$. Celle-ci suggérait au Conseil de lui imposer une amende totale de 35 000$, mais pas de radiation. La pharmacienne précisait que sa pharmacie était le seul moyen à sa disposition «pour gagner sa vie». Diamétralement opposée, la suggestion de la syndique adjointe de l’OPQ, Marie-Josée Loiselle, était de 26 mois de radiation. Cette suggestion a été jugée toutefois «indument punitive» par le conseil de discipline, qui note que l’intimée n’a pas d’antécédent judiciaire et a exprimé des regrets par l’entremise de son avocat lors de l’audience sur sanction. Par contre, le Conseil dit ne pas être rassuré par l’absence d’explications sur les mesures mises en place par la pharmacienne pour éviter la répétition des infractions commises. «Elle semble donc avoir peu appris du processus disciplinaire», mentionne-t-il. En outre, le Conseil estime que les gestes commis par Jessie Haggaï sont très sérieux et qu’ils portent ombrage à la profession de pharmacien, en plus de ne pas assurer la protection du public.

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