Une pharmacienne dépendante aux opioïdes écope d'un an de radiation

Hospitalisée pendant trois semaines en janvier 2018 après une chirurgie, Rahma Selmi reçoit une injection d’hydromorphone toutes les quatre heures de façon quasi régulière. Elle constate alors que cette médication l’aide à contrôler son anxiété en lui procurant un sentiment de bien-être qui lui permet d’améliorer son sommeil. Quelques mois plus tard, la pharmacienne devient dépendante aux opioïdes. «Vers la mi-novembre 2019, l’intimée réalise l’ampleur de son problème, car, à la fin de sa journée de travail, elle est obsédée par l’idée d’en prendre à son retour à la maison», indique la décision du conseil de discipline de l’Ordre des pharmaciens du Québec, datée du 3 octobre dernier. À cette même période, elle photocopie la dernière prescription d’oxycodone 5mg/co de sa mère (qui en consomme en raison d'une fracture du bras) et en demande l’exécution dans deux pharmacies différentes. Elle prépare ensuite une première fausse ordonnance médicale datée du 14 décembre 2019 en vue d’obtenir 40 comprimés d’oxycodone. Pour ce faire, elle utilise le nom et le numéro de permis d’une amie médecin. Prenant conscience de son problème de dépendance, la pharmacienne entame une thérapie. Or, en mars 2020, la pandémie exacerbe son anxiété en plus de lui donner des problèmes de sommeil, au point où elle décide de rédiger une fausse ordonnance médicale d’oxycodone - toujours au nom de son amie médecin. Une rechute Quelques mois plus tard, elle commence un traitement de substitution (soit la consommation de Suboxone), mais elle rechute encore et fabrique une nouvelle fausse ordonnance médicale d’oxycodone. Une journée, la pharmacienne s’approprie une boîte contenant dix ampoules injectables d’hydromorphone dans l’inventaire de la pharmacie communautaire où elle travaille, et 17 autres ampoules dans un bac dédié au retour des narcotiques. La pharmacienne-chef se rend compte qu’il manque des ampoules et envoie des courriels aux employés travaillant à l’officine pour savoir qui a distribué les ampoules. Désirant éviter que ses collègues subissent injustement un interrogatoire au sujet de cette médication, elle avoue son geste à la pharmacienne propriétaire. Le 1er février 2021, la pharmacienne communique avec le Bureau du syndic de l’Ordre afin de déclarer sa conduite. Une recommandation conjointe Le syndic adjoint et la partie intimée ont effectué une recommandation conjointe d’un an de radiation et de 10 000$ d’amende. Ceux-ci ont tenu compte du fait que l’intimée n’a pas d’antécédents disciplinaires, qu’elle s’est dénoncée elle-même et qu’elle a plaidé coupable aux 15 chefs d’accusation, en plus d’avoir exprimé des remords sincères. Les partis sont toutefois d’accord que le nombre important de comprimés que l’intimée s’est approprié, le fait qu’il s’agit de narcotiques et le caractère répétitif sont des éléments qui justifient l’imposition de sanctions se situant dans le spectre élevé de celles normalement imposées. De son côté, le conseil de discipline a dit n’avoir aucun motif lui permettant d’écarter la recommandation conjointe présentée par les parties. «Le Conseil est d’avis que les sanctions recommandées par les parties respectent le critère de l’intérêt public préconisé par la Cour suprême», a-t-il tranché.

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