Une nouvelle ligne directrice pour l’ostéoporose

Les lignes directrices canadiennes pour le diagnostic et le traitement de l’ostéoporose, établies en 2010, recommandent qu’une ostéodensitométrie soit prescrite «à toutes les personnes de plus de 65 ans». Selon le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (GECSSP), le dépistage des fractures de fragilisation ne devrait en fait concerner que les femmes âgées de 65 ans et plus et, en outre, il devrait commencer par une évaluation des risques plutôt que par une mesure de la densité minérale osseuse (DMO). «Pour les femmes de plus de 65 ans, des données crédibles indiquent que le dépistage et le traitement préventif sont susceptibles de diminuer le risque de ces fractures. En revanche, nous n’avons trouvé aucune preuve directe que le dépistage présente un bénéfice chez les femmes de 40 à 64 ans et chez les hommes de tout âge ni que l’absence de dépistage peut entraîner des inconvénients pour ces populations-là», indique la Dre Guylène Thériault, présidente du groupe de travail sur les fractures de fragilisation du GECSSP, qui se définit comme un «groupe indépendant d’experts de la santé spécialisés dans les soins préventifs et la méthodologie associée aux lignes directrices». De plus, le Groupe d’étude recommande que le processus de dépistage ne débute pas par une ostéodensitométrie, mais par une estimation du risque de fracture à l’aide de l’outil d’évaluation FRAX. «C’est l’outil le mieux calibré, il est adapté à notre contexte canadien», signale la Dre Thériault en expliquant que celui-ci permet de mesurer la probabilité de fractures ostéoporotiques sur 10 ans à partir de divers facteurs de risques comme l’âge, le poids, la taille, les antécédents, le tabagisme ou la prise de cortisone pendant plus de trois mois. «Il sert d’abord à informer les femmes sur leur niveau de risque réel puis à engager la discussion sur les bienfaits et les méfaits possibles de la pharmacothérapie préventive.» Selon le niveau de risque calculé, et si la patiente souhaite recevoir un traitement préventif, le médecin doit alors prescrire un test DMO puis réévaluer le risque de fracture et affiner la médicamentation en conséquence, recommande la ligne directrice du GECSSP qui a été publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne (la version française sera disponible le 29 mai). «On pense que si on adopte cette approche commençant par l’estimation des risques, on réduira grandement le nombre d’ostéodensitométries inutiles au Canada, sans faire de tort à personne», affirme la Dre Thériault. «Ça profitera à la fois au système de santé, dans une logique d’optimisation des ressources, et aux patients, en limitant les méfaits du surdiagnostic.» Pour parvenir à ces recommandations, les experts du GECSSP ont effectué une revue systématique de la littérature scientifique. Parmi les cinq études robustes et récentes qu’ils ont retenues, trois montraient les bénéfices d’un dépistage de l’ostéoporose débutant par une estimation des risques chez les femmes de 65 ans et plus, une montrait qu’il n’y en avait pas chez les femmes de 64 ans et moins et une autre que le dépistage était inutile chez les hommes. Le groupe de travail sur les fractures de fragilisation a également consulté des patients et compulsé des données pour comprendre leurs valeurs et leurs préférences. Ils ont notamment constaté que les femmes de 50 ans et plus voulaient bien se faire dépister, mais qu’une bonne partie d’entre elles, après avoir été informées de leur niveau de risque personnel, déclaraient qu’elles ne souhaitaient pas prendre de médicaments. «Si on sait que la patiente ne prendra pas son traitement, à quoi bon lui faire passer une DMO? Ça ne va rien changer ensuite», insiste la Dre Thériault. Sollicité par ProfessionSanté.ca au sujet de ses lignes directrices actuelles et celle du GECSSP, Ostéoporose Canada n’a pas souhaité s’exprimer. «Lorsque (nos) lignes directrices seront publiées, nous pourrons fournir des commentaires», a indiqué par courriel la relationniste de l’organisme.

Une nouvelle ligne directrice pour l’ostéoporose

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