UP: une nouvelle ère pour les soins pédiatriques au Québec

Depuis son inauguration en 2019, la clinique pédiatrique UP, fondée par le Dr Sasha Dubrovsky, urgentologue-pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants, redéfinit les standards des soins d’urgence pédiatrique. Ce projet est né d’une volonté de combler les lacunes du système public, notamment en termes d’accessibilité, de gestion des urgences pédiatriques et de rétention de la main-d’œuvre spécialisée.Une vision basée sur l'expérience et la transformationLe Dr Dubrovsky a été l’un des premiers médecins certifiés en urgentologie pédiatrique au Québec en 2009. Il a rapidement compris que le système de santé public, bien qu'indispensable, manquait souvent d’efficacité et parfois d’humanité, dans le parcours de soins des enfants malades. Lorsqu’il s’est retrouvé de l’autre côté de la baie vitrée, avec un enfant malade, il a voulu changer le système. «Je suis un médecin du public. Je crois au système public. Les personnes qui travaillent dans le système sont humaines, mais le système est fait de plexiglass avec un petit trou pour parler», illustre-t-il. Après 15 ans d'efforts à changer le système de l'intérieur, il a finalement opté pour la création d’un modèle parallèle, en partenariat avec le réseau public. UP incarne cette vision: une clinique moderne où l'expertise médicale se conjugue avec une gestion inspirée de la méthode «lean six sigma» pour optimiser les processus et améliorer l'expérience des patients. «Chaque professionnel est centré sur les besoins de la famille», explique le Dr Dubrovsky. Cette réflexion a été à la base du concept de la clinique UP: une prise en charge rapide et efficace, dans un environnement qui dédramatise l'urgence pédiatrique.Un modèle innovant et accessibleCe qui distingue UP des autres cliniques, c’est avant tout son accessibilité. Les parents peuvent prendre rendez-vous en ligne en temps réel, ou se présenter directement à la clinique, tout en sachant que l'attente sera minimale. «On est capable de prédire l’imprévisible, cela permet de déterminer l’accès», explique le Dr Dubrovsky. En moyenne, un patient est vu par une infirmière en moins de 30 minutes et par un médecin en moins de 90 minutes. Le plateau technique de la clinique est également impressionnant. En plus de consultations médicales, UP offre des services de radiologie, de traitement et suivis des blessures (fractures, commotions cérébrales), de prélèvements et de traitements intraveineux sur place, de chirurgie, de cardiologie et de dermatologie. Grâce à ce modèle, UP a pu soulager les urgences des hôpitaux régionaux et offrir des soins de qualité à plus de 120 000 patients par an.Une organisation centrée sur les patients et les donnéesCe modèle de soins repose sur une gestion rigoureuse des données en temps réel. «On mesure tout, heure par heure, et on ajuste constamment pour s’améliorer», explique le Dr Dubrovsky. Les patients ont même accès à ces données en temps réel sur un immense panneau. «Nous avons basé notre structure sur une structure technologique, basée sur des principes, mais pas de règles. On est des enfants qui demandent constamment pourquoi!», ajoute-t-il, les yeux rieurs.À lire aussi: Réflexions depuis les urgences: l'histoire d'AleyshaQuand les patients entrent chez UP, il n’y a pas de secrétariat, ni de plexiglass avec un trou pour parler. Les agents d’expérience patients jouent un rôle clé, guidant les familles dès leur arrivée, et facilitant une prise en charge fluide et sereine. «Ces agents sont comme des contrôleurs aériens qui dirigent les patients au bon endroit.»Le pari de la clinique UP ne s'arrête pas là. Avec deux sites opérationnels (Brossard et Sainte-Eustache), l'objectif est d'étendre ce modèle à d'autres régions comme Vaudreuil, Gatineau et Québec, où les besoins en urgences pédiatriques sont criants. Toutefois, le Dr Dubrovsky insiste: cette expansion se fera prudemment, en collaboration avec le gouvernement, pour ne pas compromettre la qualité des soins.Une formation continue pour préparer l’avenirUP ne se contente pas de soigner; la clinique forme aussi les professionnels de demain. Avec un programme de mentorat incluant plus de 550 stagiaires (médecins, infirmières, infirmières praticiennes), elle vise à «contaminer le réseau de la santé» avec son modèle centré sur le patient. Ce programme de formation vise non seulement à former des experts en soins pédiatriques, mais aussi à créer des leaders capables de transformer le système de l'intérieur.Le Dr Dubrovsky admet que les professionnels de la santé se bousculent pour travailler chez UP : «On a une liste d’attente pour travailler chez-nous». Son secret? «On embauche pour 120% de nos besoins: 80% à leur boulot, 20% flexible et 20% en tenant compte des absences et des maladies. Notre personnel a du temps pour enseigner et participer à des projets d’amélioration continue, par exemple. Quand les gens demandent congé, on peut dire oui », affirme-t-il.À lire aussi: Sara Long-Gagné: L’agence de voyages des soins pédiatriques complexesLe focus est sur la rétention plutôt que le recrutement. «Si tu crées un système de 120%, ça finit par coûter beaucoup moins parce que la formation et le roulement est moindre», précise l’urgentologue. Selon lui, des employés souriants font moins d’erreurs, demandent moins de congé de maladie, ce qui occasionne moins de blessures au travail. «Et les gestionnaires ont moins l’impression d’éteindre des feux», ajoute-t-il.Une clinique qui inspire l’avenir de la santé publiqueEn seulement quelques années, UP est devenu un acteur incontournable du réseau de santé québécois, prouvant qu'un modèle de soins innovant, basé sur l'écoute, l'accessibilité et la gestion rigoureuse des ressources, peut transformer l'expérience des patients. Alors que les hôpitaux publics peinent à répondre à la demande, UP démontre que des solutions existent pour offrir des soins rapides et humains.Le succès d'UP illustre aussi une tendance de fond: la nécessité de revoir les modes de gestion des services de santé pour mieux répondre aux besoins de la population. Le Dr Dubrovsky y croit fermement: «Je sais qu’on peut changer le système. Ça prendra 10-20 ans, mais c’est possible.» Avec des initiatives comme UP, ce changement est déjà en cours.

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