Une initiative fructueuse

Les quatre dernières années ont été les plus gratifiantes de ma carrière de 18 ans en pratique infirmière. Dans le cadre du projet ANCHOR (abréviation de A Novel Approach to Cardiovascular Health by Optimizing Risk management), j’ai eu l’occasion d’entretenir une collaboration fructueuse avec des médecins de premier recours, des pharmaciens, des diététiciens et d’autres professionnels de la santé. J’ai également pu constater l’efficacité de la technique d’entrevue motivationnelle, qui incite vraiment les patients à établir des objectifs d’amélioration de leur santé et à les atteindre.Mais le projet ANCHOR a surtout contribué à améliorer les résultats de santé des patients. En septembre 2010, les résultats préliminaires sur trois ans révélaient une réduction significative du risque d’accident coronarien, d’après l’échelle de Framingham. Parmi les personnes qui présentaient un risque élevé ou modéré au point de départ, une sur quatre avait évolué à un faible risque au terme du programme. Ce résultat ressortait clairement chez les hommes comme les femmes. Par ailleurs, on a constaté chez les deux sexes une importante réduction du syndrome métabolique. Ces résultats étaient attribuables davantage à un changement de mode de vie qu’à une intervention pharmaceutique accrue.Exactement 1 509 patients ont consenti à participer à la période d’intervention d’un an de cette initiative de recherche, qui s’étendait sur trois ans. Les professionnels de la santé qui y ont participé ont été formés aux techniques d’entrevue motivationnelle et d’intervention comportementale, afin d’aider les patients à améliorer leur santé cardiaque et à réduire leur cote de risque en apportant des changements à leur mode de vie et en adhérant à leur pharmacothérapie.L’étude s’est déroulée dans trois centres de soins de premier recours, dont deux sites d’intervention et un site de contrôle. Le programme commençait par une évaluation des risques de santé visant à établir, de concert avec les patients, des cotes de risque pour chacun d’eux. Les patients ont ensuite été répartis en trois catégories de risque – faible, modéré ou élevé – d’après l’échelle de Firmingham d’évaluation du risque d’accident coronarien sur 10 ans.Nous avons pratiqué des services cliniques et des interventions comportementales dans le cadre d’un modèle de prise en charge et de consultation individuelles. L’intensité de chaque intervention variait selon le degré de réceptivité des patients au changement, que nous avons déterminé à l’aide de l’échelle de Prochaska (pré-réflexion, réflexion, préparation, action, suivi/maintien). Les patients se sont fixé un objectif d’amélioration de leur santé cardiovasculaire, et nous avons rencontré la plupart d’entre eux cinq ou six fois au cours de l’année.En tant qu’infirmière spécialisée en soins cardiaques, il a été particulièrement gratifiant pour moi de travailler dans un milieu coopératif, d’évaluer l’ensemble des facteurs de risque cardiovasculaire et d’aider les patients à établir des objectifs réalistes et à modifier leurs comportements. C’est nettement différent de l’approche traditionnelle qu’on m’a enseignée pour informer les patients sur le risque d’accident CV et la prise en charge de la maladie. Nous avons plutôt autonomisé les patients en leur apprenant à définir leurs propres objectifs et en travaillant avec eux pour les aider à adopter des comportements et un mode de vie plus sains et à mieux observer leur traitement.Aujourd’hui, le projet ANCHOR a progressé à sa deuxième phase, intitulée « Minimal Intervention Study », au cours de laquelle on évaluera l’efficacité de différents niveaux d’intervention dans le but de maintenir ou d’accroître l’amélioration des résultats de santé réalisée au cours de la première phase du projet. Il est essentiel de déterminer le moyen le plus efficace d’entretenir l’amélioration des comportements en matière de santé en évaluant la « dose minimale » ou la fréquence optimale de contact entre patient et clinicien. Aux fins de cette deuxième phase, les participants qui ont réussi à modifier leur cote de risque ont été recrutés pour un suivi sur trois ans. Ultimement, il est souhaitable que le projet ANCHOR soit reproduit ailleurs au Canada et adapté à d’autres états pathologiques. Je suis fière de participer à un projet aussi passionnant, qui a déjà eu et continuera d’avoir des répercussions positives sur la santé cardiovasculaire des Néo-écossais.Lancé en octobre 2006, le projet ANCHOR est un partenariat entre le ministère de la Santé de la Nouvelle-Écosse, les autorités sanitaires du district de la capitale et du Cap-Breton, la QEII Foundation, la Fondation des maladies du cœur de la Nouvelle-Écosse et Pfizer Canada Inc., qui a contribué à hauteur de deux millions de dollars au financement de la recherche. L’étude a été mise sur pied en réaction au fait que les habitants du Canada atlantique affichent le plus haut taux de risque de décès lié aux maladies du cœur au pays, et se situent au-dessus de la moyenne nationale pour tous les autres principaux facteurs de risque.Krista Courtney-Cox est une infirmière en soins cardiaques au service de l’autorité sanitaire du district de la capitale. Elle participe au volet du projet ANCHOR situé au centre de santé Duffus à Halifax.

Une initiative fructueuse

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